C'est vrai, c'est joli les lopins. Pas très pratiques pour nourrir des milliards d'êtres humains, mais jolis. De même, le Nengoné, l'un des trente-six dialectes calédoniens : c'est très chantant. Pas très pratique pour communiquer avec l'autre, mais chantant. Ah, que l'on aime vos développements champêtres. Comme c'est bientôt le printemps, on entendrait presque le chant des oiseaux, ici. Presque plus clairement que, ce matin encore, depuis mon petit lopin de pelouse américain.
Cher Olivier, il paraît toujours insensé que l'avenir ne soit pas dans la continuité du présent, qu'une nouvelle théorie scientifique ne soit pas le prolongement de l'ancienne, que l'électricité ne soit pas issue du perfectionnement de la bougie. C'est pourquoi l'avenir se prépare dans les marges, marges qui en réalité n'existent pas, car elles ne sont qu'un effet de notre vision - notre tache aveugle. Il n'y a pas actuellement de plus grand ennemi de la vie que la réduction du nombre de ses cartes, c'est à dire ce que précisément nous sommes en train de faire. Ceci nous mène - c'est ma conviction et celle de bien d'autres - dans une impasse. L'espoir subsiste cependant de passer de la bougie - le modèle économique, industriel, social et anthropologique actuel - à l'électricité - qui est dans les limbes. La question est de savoir combien cela coûtera à nos enfants.
Réduire les cartes ou approfondir notre connaissance ? Nourrir la planète en refusant par principe les OGM ? Faire l'éloge du vivant en refusant l'apport des neurosciences à travers un bon eugénisme permettant d'éradiquer certains maux ? Vous voulez penser le changement d'échelle en dehors du mainstream - appelons cela votre théorie du lopin si vous en êtes d'accord - et cela donne à votre réflexion une incontestable portée poétique. Je refuse pour ma part le manichéisme qui sous-tend votre pensée et qui vous conduit à peu près systématiquement à rejeter "la mauvaise modernité". Je crois qu'une partie des "transhumains", comme dirait Attali, se trouve aujourd'hui chez les jeunes ingénieurs des grandes compagnies minières, parmi les brokers des salles de marché ou encore les scénaristes hollywoodiens.
Bonjour Olivier,
a vous lire j'ai pourtant l'impression que vous parlez de la mêmme chose Thierry et vous, que ce soient les bordure de routes, les fossés remplis d'orties ou de ces jeunes gens ingénieurs ou brokers : ne sont ils pas un peu pareils. A la fois au sein du monde et à la marge ?
Bonjour Anette, d'accord, mais cela veut dire que l'on ne peut sérieusement opposer les bons en dehors du système, en gros ceux qui auraient l'intelligence du changement à réaliser sans les moyens, aux mauvais à l'intérieur du système, qui détiendraient auraient quant à eux les leviers sans accéder à la conscience du changement à opérer. Depuis les Etats-Unis aujourd'hui, la façon la plus simple et la plus parlante de me faire comprendre à ce sujet est de renvoyer au modèle de changement incarné par Obama : pragmatique, transpartisan, guidé par la recherche d'un progrès possible mais sans a priori.
Je ne crois pas - sauf exception grandissime - qu'on puisse facilement classer les êtres humains en deux catégories: les bons et les méchants. Et, d'ailleurs, c'est une idée que je n'aime pas du tout.
Le Christ a dit qu'il ne fallait point juger et, bien au delà de l'injonction purement morale - souvent oubliée par l'Eglise - c'est un principe d'une grande profondeur. Qu'il suffise de penser à l'effet Pygmalion...
Ce que je vise, ce sont des processus qui nous habitent tous à des degrés divers et qui nous éloignent des forces de vie.
Ultimement, je pourrais dire - comme le héros de Sidney Lumet dans "Douze hommes en colère" - que je ne sais pas si l'accusé est innocent ou coupable mais qu'il est essentiel qu'on en parle.
Les vérités admises par la masse me font froid dans le dos, surtout quand elles sont entre les mains du plus fort.
Thierry, j'évoquais une forme de manichéisme qui, me semble-t-il, transparaît souvent à travers vos papiers : cela vient sans doute en partie, cela dit, d'un effet de style inévitable pour se faire comprendre et faire sentir les enjeux d'un changement à la fois intellectuel et comportemental. Mais la version, plus complexe, que vous donnez de votre recherche dans le commentaire ci-dessus, me va beaucoup mieux !
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C'est vrai, c'est joli les lopins. Pas très pratiques pour nourrir des milliards d'êtres humains, mais jolis. De même, le Nengoné, l'un des trente-six dialectes calédoniens : c'est très chantant. Pas très pratique pour communiquer avec l'autre, mais chantant. Ah, que l'on aime vos développements champêtres. Comme c'est bientôt le printemps, on entendrait presque le chant des oiseaux, ici. Presque plus clairement que, ce matin encore, depuis mon petit lopin de pelouse américain.
Cher Olivier, il paraît toujours insensé que l'avenir ne soit pas dans la continuité du présent, qu'une nouvelle théorie scientifique ne soit pas le prolongement de l'ancienne, que l'électricité ne soit pas issue du perfectionnement de la bougie. C'est pourquoi l'avenir se prépare dans les marges, marges qui en réalité n'existent pas, car elles ne sont qu'un effet de notre vision - notre tache aveugle. Il n'y a pas actuellement de plus grand ennemi de la vie que la réduction du nombre de ses cartes, c'est à dire ce que précisément nous sommes en train de faire. Ceci nous mène - c'est ma conviction et celle de bien d'autres - dans une impasse. L'espoir subsiste cependant de passer de la bougie - le modèle économique, industriel, social et anthropologique actuel - à l'électricité - qui est dans les limbes. La question est de savoir combien cela coûtera à nos enfants.
Réduire les cartes ou approfondir notre connaissance ? Nourrir la planète en refusant par principe les OGM ? Faire l'éloge du vivant en refusant l'apport des neurosciences à travers un bon eugénisme permettant d'éradiquer certains maux ? Vous voulez penser le changement d'échelle en dehors du mainstream - appelons cela votre théorie du lopin si vous en êtes d'accord - et cela donne à votre réflexion une incontestable portée poétique. Je refuse pour ma part le manichéisme qui sous-tend votre pensée et qui vous conduit à peu près systématiquement à rejeter "la mauvaise modernité". Je crois qu'une partie des "transhumains", comme dirait Attali, se trouve aujourd'hui chez les jeunes ingénieurs des grandes compagnies minières, parmi les brokers des salles de marché ou encore les scénaristes hollywoodiens.
Bonjour Olivier,
a vous lire j'ai pourtant l'impression que vous parlez de la mêmme chose Thierry et vous, que ce soient les bordure de routes, les fossés remplis d'orties ou de ces jeunes gens ingénieurs ou brokers : ne sont ils pas un peu pareils. A la fois au sein du monde et à la marge ?
Bonjour Anette, d'accord, mais cela veut dire que l'on ne peut sérieusement opposer les bons en dehors du système, en gros ceux qui auraient l'intelligence du changement à réaliser sans les moyens, aux mauvais à l'intérieur du système, qui détiendraient auraient quant à eux les leviers sans accéder à la conscience du changement à opérer. Depuis les Etats-Unis aujourd'hui, la façon la plus simple et la plus parlante de me faire comprendre à ce sujet est de renvoyer au modèle de changement incarné par Obama : pragmatique, transpartisan, guidé par la recherche d'un progrès possible mais sans a priori.
Je ne crois pas - sauf exception grandissime - qu'on puisse facilement classer les êtres humains en deux catégories: les bons et les méchants. Et, d'ailleurs, c'est une idée que je n'aime pas du tout.
Le Christ a dit qu'il ne fallait point juger et, bien au delà de l'injonction purement morale - souvent oubliée par l'Eglise - c'est un principe d'une grande profondeur. Qu'il suffise de penser à l'effet Pygmalion...
Ce que je vise, ce sont des processus qui nous habitent tous à des degrés divers et qui nous éloignent des forces de vie.
Ultimement, je pourrais dire - comme le héros de Sidney Lumet dans "Douze hommes en colère" - que je ne sais pas si l'accusé est innocent ou coupable mais qu'il est essentiel qu'on en parle.
Les vérités admises par la masse me font froid dans le dos, surtout quand elles sont entre les mains du plus fort.
Thierry, j'évoquais une forme de manichéisme qui, me semble-t-il, transparaît souvent à travers vos papiers : cela vient sans doute en partie, cela dit, d'un effet de style inévitable pour se faire comprendre et faire sentir les enjeux d'un changement à la fois intellectuel et comportemental. Mais la version, plus complexe, que vous donnez de votre recherche dans le commentaire ci-dessus, me va beaucoup mieux !
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