J'ai "éprouvé" cette noirceur comme jamais en janvier dernier dans le couloir de métro reliant la gare du nord au métro "La Chapelle" ... pendant les 5 minutes de marche, je n'ai croisé que des visages sinistres et des habits dont la diversité allait du noir clair au gris anthracite... même chez les personnes dites "de couleur" (ce qui est un comble pour des personnes noires) pourtant nombreuses ... pas de boubou coloré, pas même un foulard ou une cravate visible.
Tous ces gens portaient le deuil ... et cela m'a saisi cette fois là (et seulement cette fois là !) parce que je revenais de deux semaines d'Argentine ... où les couleurs existent [encore] dans la rue.
Et depuis, lorsque je passe dans ce couloir (assez souvent) cette même question que tu poses me taraude ... de quoi portons nous le deuil ? lorsque nous aurons nommé cette chose peut-être pourrons nous collectivement "en faire le deuil", et "retrouver des couleurs" après une période prolongée d'indisposition !
Et si c'était simplement "vivre ici et maintenant" cette maladie qui indispose, alors il suffirait de décréter la couleur pour changer nos regards ?!?! Voilà une proposition de loi avant-gardiste : au moins un jour par semaine il serait OBLIGATOIRE de s'habiller en couleurs ! Ou bien simplement lancer une nouvelle mode dans l'entreprise ; après le casual Friday le colored Monday pour bien commencer la semaine de travail ...
Est-ce que le noir est le deuil ? Est-ce que le noir est triste ?
Est-ce que je m'habille de ce que je suis ? de ce que je me voit ? de ce que je me représente ?
C'est plutôt là que je me pose la question.
Au Vietnam, c'est le blanc qui est la couleur du deuil et le rouge celle du mariage... Est-ce que je m'habille dans ce que je suis ou en face de ce que je vois ? C'est là aussi une bonne question, peut être ? Il est possible que l'on s'habille autant dans son regard que dans le regard de l'autre, ou peut être dans l'apparence où je me trouve une place confortable... Alors être "dans le noir" pourrait être une discrétion, un effacement, une position d'observation aussi...
Il me souvient cette histoire où, devant le café de Flore, dans les années soixante dix, un homme ouvrit la portière d'une voiture garée là, vida le chargeur de son revolvers sur le passager de la place arrière et repartit d'un pas lent... On demanda aux spectateurs comment était celui qui avait tiré. Unanimement, les spectateurs émus n'avaient rien retenu de la personne recherchée. Tous disaient qu'elle était vêtue de sombre... et rien d'autre... La discrétion du tueur ?
Le chic Ardisson fait modèle chez les bobos. Il n'est pas le seul à arborer ce chic discret. Un slogan disait depuis les années soixante « Black is beautiful ». Réaction constructive, comme l’ont été en leur temps Marianne pour les républicains ou la croix du saint esprit pour les parpaillots.
Tout ceci ne sont que quelques pistes et nous sommes loin d’épuiser le sujet…
Donc, on peut se reposer la question autrement : symboliquement, le noir est quoi ? ...représente quoi ? ...quand je le porte et quand je le voie ?
Et si le deuil n'était alors seulement qu'un cliché ?
A voir...
Pendant mon enfance j'avais comme devoir de passer une demi heure tous les dimanches chez ma vielle Maraine. Elle me parlait de l'époque de sa jeunesse. Il y avait le Geai (bijoux noirs) de deuil (mat) et je Geai d'apparat (brillant).
Le mauve quant à lui était la couleur de demi-deuil (après un certain temps à porter le deuil en noir).
Aujourd'hui dans l'oeil de l'autre, c'est sans doute la non couleur marque de neutralité, de respect.... Les autres couleurs prêtant à interprétation : vert (malheur, espérance), rouge (agressivité, sexualité, amour), jaune (étoile juive, soleil, lumière, spiritualité) violet (folie, excentricité), marron (terre, nature)
On exclut le bleu qui est depuis toujours positif et discret : noblesse, paix...
Les couleurs donnent le "ton", elles permettent à autrui de savoir si on est sur la defensive, si on à besoin de s'effacer (gris souris), si on souhaite séduire....
Noir et blanc : les couleurs privilégiées du monde professionnel ! Le nouveau "bleu" de travail !
Mettre des couleurs dans sa vie c'est dire/affirmer/assumer qui on est et dans quel état...
Quelle couleur avez vous choisie aujourd'hui ?
Moi, j'ai mis du gris... discretion et confort pour cette journée.
Bonne journée à tous
J'ai mis du bleu (le fameux blazer). Pour moi, le bleu, c'est le ciel, la mer, la nuit (mais non pas ténébreuse, au contraire riche des promesses stellaires), donc d'une certtaine manière l'infini, et c'est aussi l'esprit (une autre version de l'infini).
J'entend... je vois aussi... mais ça ne me dis pas si l'on s'habille, comme on le déclare, aussi directement dans l'expresssion de soi dans la relation à l'autre... Je n'en suis pas si sûr.
Le "pour soi", l' "en soi", le "dans le regard de l'autre" viennent aussi croiser, je crois, la place, le rôle, la fonction que je me prépare à jouer, à habiter... Pas si simple...
merci Jean-Marc, rien n'est simple, comment faire en sorte que l'autre perçoive du premier coup d'oeil qui je suis si ce n'est par l'habit qui pourtant ne fait pas le moine...;-)
amicalement
En tout cas, quand je croise une dame noire drapée comme un princesse dans les couleurs chatoyantes de son boubou, cela me fait du bien aux yeux et au coeur.
7 commentaires
J'ai "éprouvé" cette noirceur comme jamais en janvier dernier dans le couloir de métro reliant la gare du nord au métro "La Chapelle" ... pendant les 5 minutes de marche, je n'ai croisé que des visages sinistres et des habits dont la diversité allait du noir clair au gris anthracite... même chez les personnes dites "de couleur" (ce qui est un comble pour des personnes noires) pourtant nombreuses ... pas de boubou coloré, pas même un foulard ou une cravate visible.
Tous ces gens portaient le deuil ... et cela m'a saisi cette fois là (et seulement cette fois là !) parce que je revenais de deux semaines d'Argentine ... où les couleurs existent [encore] dans la rue.
Et depuis, lorsque je passe dans ce couloir (assez souvent) cette même question que tu poses me taraude ... de quoi portons nous le deuil ? lorsque nous aurons nommé cette chose peut-être pourrons nous collectivement "en faire le deuil", et "retrouver des couleurs" après une période prolongée d'indisposition !
Et si c'était simplement "vivre ici et maintenant" cette maladie qui indispose, alors il suffirait de décréter la couleur pour changer nos regards ?!?! Voilà une proposition de loi avant-gardiste : au moins un jour par semaine il serait OBLIGATOIRE de s'habiller en couleurs ! Ou bien simplement lancer une nouvelle mode dans l'entreprise ; après le casual Friday le colored Monday pour bien commencer la semaine de travail ...
Est-ce que le noir est le deuil ? Est-ce que le noir est triste ?
Est-ce que je m'habille de ce que je suis ? de ce que je me voit ? de ce que je me représente ?
C'est plutôt là que je me pose la question.
Au Vietnam, c'est le blanc qui est la couleur du deuil et le rouge celle du mariage... Est-ce que je m'habille dans ce que je suis ou en face de ce que je vois ? C'est là aussi une bonne question, peut être ? Il est possible que l'on s'habille autant dans son regard que dans le regard de l'autre, ou peut être dans l'apparence où je me trouve une place confortable... Alors être "dans le noir" pourrait être une discrétion, un effacement, une position d'observation aussi...
Il me souvient cette histoire où, devant le café de Flore, dans les années soixante dix, un homme ouvrit la portière d'une voiture garée là, vida le chargeur de son revolvers sur le passager de la place arrière et repartit d'un pas lent... On demanda aux spectateurs comment était celui qui avait tiré. Unanimement, les spectateurs émus n'avaient rien retenu de la personne recherchée. Tous disaient qu'elle était vêtue de sombre... et rien d'autre... La discrétion du tueur ?
Le chic Ardisson fait modèle chez les bobos. Il n'est pas le seul à arborer ce chic discret. Un slogan disait depuis les années soixante « Black is beautiful ». Réaction constructive, comme l’ont été en leur temps Marianne pour les républicains ou la croix du saint esprit pour les parpaillots.
Tout ceci ne sont que quelques pistes et nous sommes loin d’épuiser le sujet…
Donc, on peut se reposer la question autrement : symboliquement, le noir est quoi ? ...représente quoi ? ...quand je le porte et quand je le voie ?
Et si le deuil n'était alors seulement qu'un cliché ?
A voir...
Pendant mon enfance j'avais comme devoir de passer une demi heure tous les dimanches chez ma vielle Maraine. Elle me parlait de l'époque de sa jeunesse. Il y avait le Geai (bijoux noirs) de deuil (mat) et je Geai d'apparat (brillant).
Le mauve quant à lui était la couleur de demi-deuil (après un certain temps à porter le deuil en noir).
Aujourd'hui dans l'oeil de l'autre, c'est sans doute la non couleur marque de neutralité, de respect.... Les autres couleurs prêtant à interprétation : vert (malheur, espérance), rouge (agressivité, sexualité, amour), jaune (étoile juive, soleil, lumière, spiritualité) violet (folie, excentricité), marron (terre, nature)
On exclut le bleu qui est depuis toujours positif et discret : noblesse, paix...
Les couleurs donnent le "ton", elles permettent à autrui de savoir si on est sur la defensive, si on à besoin de s'effacer (gris souris), si on souhaite séduire....
Noir et blanc : les couleurs privilégiées du monde professionnel ! Le nouveau "bleu" de travail !
Mettre des couleurs dans sa vie c'est dire/affirmer/assumer qui on est et dans quel état...
Quelle couleur avez vous choisie aujourd'hui ?
Moi, j'ai mis du gris... discretion et confort pour cette journée.
Bonne journée à tous
J'ai mis du bleu (le fameux blazer). Pour moi, le bleu, c'est le ciel, la mer, la nuit (mais non pas ténébreuse, au contraire riche des promesses stellaires), donc d'une certtaine manière l'infini, et c'est aussi l'esprit (une autre version de l'infini).
J'entend... je vois aussi... mais ça ne me dis pas si l'on s'habille, comme on le déclare, aussi directement dans l'expresssion de soi dans la relation à l'autre... Je n'en suis pas si sûr.
Le "pour soi", l' "en soi", le "dans le regard de l'autre" viennent aussi croiser, je crois, la place, le rôle, la fonction que je me prépare à jouer, à habiter... Pas si simple...
merci Jean-Marc, rien n'est simple, comment faire en sorte que l'autre perçoive du premier coup d'oeil qui je suis si ce n'est par l'habit qui pourtant ne fait pas le moine...;-)
amicalement
En tout cas, quand je croise une dame noire drapée comme un princesse dans les couleurs chatoyantes de son boubou, cela me fait du bien aux yeux et au coeur.
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