De la bourse comme superstition
12/11/2008
Ce même Alain dont j’ai donné hier un extrait considérait que l’art est un moyen de sublimer les passions par la résistance que la matière oppose au créateur, et il reprochait par exemple au béton d’être trop malléable pour remplir ce rôle. Qu’aurait-il dit des marchés financiers ! Et d’abord, aurait-il sans doute demandé, qui sont les « marchés financiers » ? Des hommes et des femmes qui, à New York, à Tokyo et ailleurs, soupèsent leur espoir de gagner et leur crainte de perdre. Or, immatériels, les marchés financiers donnent ce que l’on sait, ils ne sont qu’un démultiplicateur, dans le vide, de la peur et de l’espoir. Parce que sans matière, au lieu de purger nos passions, ils les exacerbent. Faire de l’argent avec de l’argent, c’est lacher la rêne à l’hybris. C’est entrer dans un monde de superstition où tout devient signe, où l'on croit voir les fantômes que l'on redoute et les anges que l'on espère. Mais jusques à quand nous contenterons-nous de pelleter des nuages ?
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