Merci pour cette publication Thierry. Elle nous concerne tous. Le pire serait de croire que ce que tu dénonces ne se trouve que chez "les autres".... Il y a quelques années déjà, j'ai endossé "pour voir" un habit de chasseur, le fusil faisait parti de la panoplie, j'étais bien entendu "intégré" de cette façon dans le groupe ... j'ai du quitter immédiatement cette tenue, c'était effrayant ce sentiment de puissance... Peut-être qu'avec mes 50 ans d'aujourd'hui, je n'aurais pas la même impression, j'aime le penser. Ce à quoi ton article me fait réfléchir : Un système de valeurs explicite et efficient favorise l'autonomie dans ses choix quel que soit la pression de l'environnement. Il existe bel et bien une hygiène en matière de relation et de milieu tant que nous ne sommes pas certains d'incarner des valeurs humanistes. La bienveillance et la compassion accompagnées de la connaissance sont les seuls remparts à la barbarie. Bien entendu, j'ai pas inventé la poudre en disant cela, mais la répétition fait partie de la pédagogie :)
Bonnes vacances à tous.
Frédéric
Bonjour Thierry,
Je suis très touché de voir ce genre de réflexion apparaître dans notre soi-disant société "civilisée". En lisant votre article et le commentaire de Frédéric Le Bihan, je me rends compte que l'"effet Lucifer" est présent dans chaque recoin de notre société.
Prenons l'exemple de "Policiers" et autres gardiens de la "paix" que l'État essaie de recruter à un niveau d'étude au plus bas possible pour des raisons financières, et à qui l'on donne le pouvoir de "garder" la paix avec une arme.
J'aimerai avoir votre point de vue sur ce point qui pour moi est paradoxal. Et aussi savoir, si pour vous notre société a raison de vouloir se reposer sur la théorie de DARWIN?
Youssouf
Youssouf, votre commentaire me touche aussi, merci beaucoup de l'avoir exprimé. Je vous réponds brièvement, donc sans beaucoup de nuances, veuillez m'en excuser.
Bien sûr que non, notre société n'a pas raison d'avoir adopté une théorie pseudo-darwinienne qui en fait la détruit. Je dis pseudo-darwinienne, car la pensée de Darwin n'est pas à confondre avec ce qu'en ont fait les capitalistes de l'époque victorienne et leurs successeurs néolibéraux.
En attendant, ce concept simplificateur nous amène à ce que l'économiste Jacques Généreux appelle la "dissociété", qui arrange en définitive tous ceux qui, se pensant d'une essence supérieure, veulent assurer leur pouvoir sur les autres.
Je ne partage pas l'idée que le manque d'instruction explique la barbarie. Parmi les nazis, il y avait des gens hélas! très cultivés et les pervers ou les serial killers ne se recrutent pas principalement chez les analphabètes. Ce qui est sûr, c'est que la violence des "élites" est plus discrète, plus "propre". Elle s'extériorise souvent par le biais de ses valets.
Cela dit, ma conviction est qu'une société repose sur deux ressources aussi nécessaires l'une que l'autre: le lien et la loi comme l'a formulé Meyer Ifrah. Le dosage entre les deux est fonction des lieux et des circonstances, mais aucune des deux ne peut être écartée. Ce sont comme les deux brins d'un même cordage.
En conclusion provisoire, je reviens au sujet de ma chronique: les configurations sociales et symboliques qui font le lit de la violence en dévoyant des citoyens ordinaires, au départ sains de corps et d'esprit. Milgram et Zimbardo nous ont alertés là-dessus. Des personnes comme Dina, que je cite pour son intervention en milieu scolaire, nous montrent que le chemin inverse est possible. Maintenant, que faisons-nous de tout cela ? Je crois que faire connaître ces expériences - celles de Milgram et Zimbardo - mais aussi encourager celle de Dina - constitue une démarche possible.
Merci Thierry de rappeler ces expériences si riches d'enseignement en effet! Et, malheureusement très peu connues du grand public. Si elles l'étaient, nous pourrions peut-être agir différemment car nous saurions analyser la situation. On dit bien qu'un homme (ou une femme) averti en vaut 2... ;-)
J'ai svt posé la question de savoir pourquoi ces expériences passionnantes (auxquelle je m'intéresse depuis mon jeune âge depuis que j'ai vu le film "I comme Icare") ne sont pas enseignées dans les classes dès le lycée ?
Que l'on se reconnaisse comme appartenant à l'élite ou à la masse ne change pas grand chose au résultat des courses cela dit... On le voit dans ce cas d'école. Mais, au moins aurions-nous, pour le moins, conscience des jeux de rôles possibles et du choix qui s'offre à nous. Car, ne l'oublions pas, nous avons toujours le choix, même quand le choix semble impossible. C'est ce qu'ont prouvé les "Justes" pdt la 2nde guerre mondiale, parfois des gens très éduqués, parfois des petites gens, ou les résistants, issus de tout milieu social. Et le fait que certains soient capables, quelles que soient leurs origines sociales, de faire le bon choix en leur âme et conscience, devrait avoir valeur d'exemplarité, et nous redonner foi en l'humanité...
Merci, Véronique, de rappeler qu'il y a toujours eu des Justes et que nous devons avoir foi en l'humanité. L'ombre ne doit pas nous faire oublier la lumière. L'immensité de la tâche ne doit pas nous décourager d'en prendre notre part.
Merci Thierry pour votre réponse très pédagogique et merci à toutes les personnes qui laissent ces commentaires de qualités.
Je suis rassuré de lire ce genre de propos. J'ai, en effet, l'impression de grandir à chaque fois que j'ai le temps de lire vos post-on.
Votre réponse suscite en moi une vague de questions, mais je ne veux pas vous importuner plus longtemps. Je vais les garder sous mon clavier, pour vos prochains post. :-)
A très bientôt.
Thierry vous écrivez :
"la violence est une prison qui enferme tous ceux qui en usent."
Une évidence pour certains... hélas une "ignorance" pour tant d'autres.
Il faudrait l'enseigner aux enfants... dès la maternelle !
C'est plus fort que "c'est pas gentil de taper sur ton copain" Tout le monde sait que c'est mal... et tout le monde continue...
L'homme est un animal mimétique. C'est ce qui le rend social. Le revers de la médaille, c'est qu'il fonctionne en miroir. D'ailleurs c'est le nom qu'on a donné à des neurones qui sont là pour remplir cette fonction mimétique: des neurones miroirs. S'il se sent de taille et qu'on le frappe, il frappe. S'il ne se sent pas de taille, il lui reste deux autres stratégies (cf. Laborit dans Mon oncle Benjamin): fuir ou s'immobiliser. Il manque une quatrième réponse, mais celle-là n'est pas instinctive: désamorcer la violence en soi pour la désamorcer en l'autre. Vous savez, l'invitation de Jésus qui est la moins accueillie c'est celle de "Tendre l'autre joue". Pourtant, c'est la stratégie la plus révolutionnaire qu'on ait jamais imaginée. On y voit de la faiblesse! Voyez l'histoire de Gandhi: était-ce un caractère faible ? Voyez le Dalaï Lama... Apporter la paix, c'est vraiment faire émerger dans le monde quelque chose de radicalement nouveau, c'est la possibilité proprement humaine parce qu'elle transcende la réaction instinctive. Cela dit, en ce qui me concerne, j'ai du chemin à faire!
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Merci pour cette publication Thierry. Elle nous concerne tous. Le pire serait de croire que ce que tu dénonces ne se trouve que chez "les autres".... Il y a quelques années déjà, j'ai endossé "pour voir" un habit de chasseur, le fusil faisait parti de la panoplie, j'étais bien entendu "intégré" de cette façon dans le groupe ... j'ai du quitter immédiatement cette tenue, c'était effrayant ce sentiment de puissance... Peut-être qu'avec mes 50 ans d'aujourd'hui, je n'aurais pas la même impression, j'aime le penser. Ce à quoi ton article me fait réfléchir : Un système de valeurs explicite et efficient favorise l'autonomie dans ses choix quel que soit la pression de l'environnement. Il existe bel et bien une hygiène en matière de relation et de milieu tant que nous ne sommes pas certains d'incarner des valeurs humanistes. La bienveillance et la compassion accompagnées de la connaissance sont les seuls remparts à la barbarie. Bien entendu, j'ai pas inventé la poudre en disant cela, mais la répétition fait partie de la pédagogie :)
Bonnes vacances à tous.
Frédéric
Bonjour Thierry,
Je suis très touché de voir ce genre de réflexion apparaître dans notre soi-disant société "civilisée". En lisant votre article et le commentaire de Frédéric Le Bihan, je me rends compte que l'"effet Lucifer" est présent dans chaque recoin de notre société.
Prenons l'exemple de "Policiers" et autres gardiens de la "paix" que l'État essaie de recruter à un niveau d'étude au plus bas possible pour des raisons financières, et à qui l'on donne le pouvoir de "garder" la paix avec une arme.
J'aimerai avoir votre point de vue sur ce point qui pour moi est paradoxal. Et aussi savoir, si pour vous notre société a raison de vouloir se reposer sur la théorie de DARWIN?
Youssouf
Youssouf, votre commentaire me touche aussi, merci beaucoup de l'avoir exprimé. Je vous réponds brièvement, donc sans beaucoup de nuances, veuillez m'en excuser.
Bien sûr que non, notre société n'a pas raison d'avoir adopté une théorie pseudo-darwinienne qui en fait la détruit. Je dis pseudo-darwinienne, car la pensée de Darwin n'est pas à confondre avec ce qu'en ont fait les capitalistes de l'époque victorienne et leurs successeurs néolibéraux.
En attendant, ce concept simplificateur nous amène à ce que l'économiste Jacques Généreux appelle la "dissociété", qui arrange en définitive tous ceux qui, se pensant d'une essence supérieure, veulent assurer leur pouvoir sur les autres.
Je ne partage pas l'idée que le manque d'instruction explique la barbarie. Parmi les nazis, il y avait des gens hélas! très cultivés et les pervers ou les serial killers ne se recrutent pas principalement chez les analphabètes. Ce qui est sûr, c'est que la violence des "élites" est plus discrète, plus "propre". Elle s'extériorise souvent par le biais de ses valets.
Cela dit, ma conviction est qu'une société repose sur deux ressources aussi nécessaires l'une que l'autre: le lien et la loi comme l'a formulé Meyer Ifrah. Le dosage entre les deux est fonction des lieux et des circonstances, mais aucune des deux ne peut être écartée. Ce sont comme les deux brins d'un même cordage.
En conclusion provisoire, je reviens au sujet de ma chronique: les configurations sociales et symboliques qui font le lit de la violence en dévoyant des citoyens ordinaires, au départ sains de corps et d'esprit. Milgram et Zimbardo nous ont alertés là-dessus. Des personnes comme Dina, que je cite pour son intervention en milieu scolaire, nous montrent que le chemin inverse est possible. Maintenant, que faisons-nous de tout cela ? Je crois que faire connaître ces expériences - celles de Milgram et Zimbardo - mais aussi encourager celle de Dina - constitue une démarche possible.
Merci Thierry de rappeler ces expériences si riches d'enseignement en effet! Et, malheureusement très peu connues du grand public. Si elles l'étaient, nous pourrions peut-être agir différemment car nous saurions analyser la situation. On dit bien qu'un homme (ou une femme) averti en vaut 2... ;-)
J'ai svt posé la question de savoir pourquoi ces expériences passionnantes (auxquelle je m'intéresse depuis mon jeune âge depuis que j'ai vu le film "I comme Icare") ne sont pas enseignées dans les classes dès le lycée ?
Que l'on se reconnaisse comme appartenant à l'élite ou à la masse ne change pas grand chose au résultat des courses cela dit... On le voit dans ce cas d'école. Mais, au moins aurions-nous, pour le moins, conscience des jeux de rôles possibles et du choix qui s'offre à nous. Car, ne l'oublions pas, nous avons toujours le choix, même quand le choix semble impossible. C'est ce qu'ont prouvé les "Justes" pdt la 2nde guerre mondiale, parfois des gens très éduqués, parfois des petites gens, ou les résistants, issus de tout milieu social. Et le fait que certains soient capables, quelles que soient leurs origines sociales, de faire le bon choix en leur âme et conscience, devrait avoir valeur d'exemplarité, et nous redonner foi en l'humanité...
Merci, Véronique, de rappeler qu'il y a toujours eu des Justes et que nous devons avoir foi en l'humanité. L'ombre ne doit pas nous faire oublier la lumière. L'immensité de la tâche ne doit pas nous décourager d'en prendre notre part.
Merci Thierry pour votre réponse très pédagogique et merci à toutes les personnes qui laissent ces commentaires de qualités.
Je suis rassuré de lire ce genre de propos. J'ai, en effet, l'impression de grandir à chaque fois que j'ai le temps de lire vos post-on.
Votre réponse suscite en moi une vague de questions, mais je ne veux pas vous importuner plus longtemps. Je vais les garder sous mon clavier, pour vos prochains post. :-)
A très bientôt.
Thierry vous écrivez :
"la violence est une prison qui enferme tous ceux qui en usent."
Une évidence pour certains... hélas une "ignorance" pour tant d'autres.
Il faudrait l'enseigner aux enfants... dès la maternelle !
C'est plus fort que "c'est pas gentil de taper sur ton copain" Tout le monde sait que c'est mal... et tout le monde continue...
L'homme est un animal mimétique. C'est ce qui le rend social. Le revers de la médaille, c'est qu'il fonctionne en miroir. D'ailleurs c'est le nom qu'on a donné à des neurones qui sont là pour remplir cette fonction mimétique: des neurones miroirs. S'il se sent de taille et qu'on le frappe, il frappe. S'il ne se sent pas de taille, il lui reste deux autres stratégies (cf. Laborit dans Mon oncle Benjamin): fuir ou s'immobiliser. Il manque une quatrième réponse, mais celle-là n'est pas instinctive: désamorcer la violence en soi pour la désamorcer en l'autre. Vous savez, l'invitation de Jésus qui est la moins accueillie c'est celle de "Tendre l'autre joue". Pourtant, c'est la stratégie la plus révolutionnaire qu'on ait jamais imaginée. On y voit de la faiblesse! Voyez l'histoire de Gandhi: était-ce un caractère faible ? Voyez le Dalaï Lama... Apporter la paix, c'est vraiment faire émerger dans le monde quelque chose de radicalement nouveau, c'est la possibilité proprement humaine parce qu'elle transcende la réaction instinctive. Cela dit, en ce qui me concerne, j'ai du chemin à faire!
Je complète: désamorcer le violence ET LA PEUR.
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