Vous n'êtes pas seul au monde !
17/01/2010
Le sentiment d'impuissance est aujourd'hui des plus répandus. Il se manifeste souvent par le complexe de la goutte d'eau dans l'océan. « De toute façon, je ne pèse rien, qu'est-ce que ça va changer que je fasse ceci ou cela ? » Qu'est-ce que cela va changer que j'éteigne la lumière en quittant une pièce alors que j'y reviens dans une minute ? Que je présente un visage avenant au milieu de la foule triste du petit matin ? Que, pour une fois, je laisse la voiture au garage et j'aille à la piscine à vélo ? Que je mette un commentaire sur un blog pour dire mon accord ? Que j'aille voter ? Que j'exprime, à l'occasion d'une réunion, une idée que j'ai eue ?
L'impuissance en fait n'existe pas. Le succès de la peur, de la paresse - ou de ceux qui veulent nous dominer - est de nous faire croire qu'elle existe. En fait, toujours, elle est choisie. Elle résulte d'une capitulation dont nous essayons d'esquiver la honte. Par rapport au complexe de la goutte d'eau dans l'océan, j'ai envie de dire que, si nous étions un peu moins rationnels, ce qui compterait, quels qu'en soient les résultats, ce serait de faire ce qui nous met en accord avec nous-mêmes. Nous y aurions déjà un gain énorme. Mais on nous a dit d'être rationnels et nous sommes imbus du concept d'efficacité, du « combien ça coûte, combien ça rapporte ? » dont nous avons contaminé tous les registres de notre existence. Alors, quand il s'agit d'un choix, d'un acte, d'un comportement dont les répercussions extérieures ne paraissent pas mesurables, qui échappent à notre vision, la motivation nous déserte. Mais soyons rationnels jusqu'au bout. Imaginons que beaucoup d'entre nous, guidés par la même retenue - et n'est-ce pas de l'ordre du vraisemblable ? - adopte exactement le même pli de ne rien faire, de ne rien essayer, de se taire. Nierez-vous que nous passons à côté de quelque chose ? Serions-nous des millions à penser la même chose que, si nous ne sortons pas de notre coquille, de notre impression de solitude sidérale, cela ne fera jamais que des millions de personnes qui, ensemble, ne changent pas ce qu'elles ont le pouvoir de changer.
Exemple. Si je renonce à être propriétaire d'une voiture - comme je l'ai fait le 27 décembre dernier et c'est la première fois depuis que j'ai le permis que je suis sans véhicule personnel - si je renonce à être propriétaire d'une voiture et cela sans pouvoir mesurer un impact significatif de cette mienne décision sur le monde, à quoi bon cette privation ? Arithmétiquement, je suis obligé de le reconnaître, une telle privation est injustifiable. Le premier Indien ou le premier Chinois qui achète sa première voiture annihile les effets de mon renoncement. Mais, si je parle de mon choix comme je suis en train de le faire, si j'en profite pour expliquer les solutions que je trouve et les avantages que j'y ai, peut-être vais-je susciter en vous l'idée que ce n'est pas aussi dingue que c'en a l'air. Et peut-être, un jour prochain, un des 5000 lecteurs de ce blog, me mettra-t-il un commentaire du genre : « Je suis en train d'essayer d'en faire autant ! »
Chassons notre sentiment d'impuissance et la rationalisation qui l'enrobe de guimauve. Certes, les morts ne se lèveront pas pour nous soutenir et les générations qui ne sont pas encore nées ne viendront pas nous acclamer. Et alors ? Je me souviens d'Hervé Juvin qui me disait : « Nos grands-parents ont investi, nos parents ont payé les dettes et nous ont transmis un patrimoine. Nous, nous avons consommé l'héritage, et ce que nous lèguerons à nos héritiers ce sera des dettes. » Vous croyez que nous pouvons nous autoriser à être impuissants ?
Post-scriptum: y a-t-il un hasard ? Après avoir posté cette chronique, j'ouvre mon courriel et je tombe sur cette interview de Sylvie Simon qui, avec ses propres termes, intervient dans le même registre:
http://www.liloumace.com/FR-2012-Le-rendez-vous,-de-la-cr...
2 commentaires
Et comme "Un voyage de mille lieues commence toujours par un premier pas" ... il me semble que c'est comme tu l'indiques : une question pour chacun de se mettre en route vers un accord avec soi-même. Et la combinaisons des routes individuelles authentiques, sincères, autonomes, etc ... pourrait alors nous mener collectivement vers cet ailleurs auquel nous aspirons ???
Que 2010 soit donc pour chacun l'année de (re)mise en route de ses rêves !
En route !
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