Un soir, un train...
09/06/2010
Sur le blog de l'excellent Paul Jorion, un aveu qui me va droit au coeur, tant la question qu'il pose je me la pose moi-même à tout moment. Paul mange des tapas à la terrasse d'un restaurant parisien:
"Je regarde tous ces gens assis à des terrasses, toute cette foule bruyante, comme si de rien n'était, et je me dis : il y a deux possibilités, ou bien c'est nous qui rêvons avec nos longues dissertations sur la crise et la fin d'un monde, ou bien ce sont eux, ceux que l'on voit là, qui poursuivent un rêve : le rêve d'un monde qui en réalité a cessé d'exister."
Je vous invite à lire la suite:
http://www.pauljorion.com/blog/?p=12739
L'extrait du film qui donne le titre à cette chronique (que j'ai repris sans vergogne pour la mienne) est proprement hypnotique.
Paul Jorion est un des très rares à avoir annoncé la crise avant qu'elle se produise, alors qu'évoquer cette perspective n'était pour l'establishment économique et financier que billevesées de Cassandre en mal de notoriété. Aujourd'hui, à les entendre, tous les "experts" nous avaient mis en garde. La différence, c'est que Paul avait écrit un livre pour le dire.
2 commentaires
Cher Thierry, grâce à ton immense érudition, tu sais mieux que moi (et Paul Jorion itou) que les péiodes de décadence sont extrêmement vitalistes et qu'en ces périodes, l'hallucination collective est plus forte que jamais, ce qui provoque d'ailleurs des élans créateurs intéressants, , nos facebookeries et Ipads démontrant un goût pour les scintillements de la surface très exaltant, propre à ceux qui étourdirent les passagers du Titanic durant le naufrage. Les années 20 ne furent-elles pas une période extrêmement créative, exaltate, jouissive, par exemple ? Et la décadence de l'Empire romain, quelle effervescence !, la fin du Moyen-Age, quelle magnificence !, etc. Il y a plus de gens pour "jouir sans entrave", sentant la fin imminente que de gens raisonnables anticipant l'avenir. C'est une sensation étrange quand on sillonne la Californie. Initiatives "responsables" en tous genres, économie sd'énergie de bouts de chandelles mais autoroutes couvertes de 4x4 rutilants et climatisation générale à plein régime...
Le film tout entier était hypnotique ! J'ai du le voir plusieurs fois, à cette époque, et puis on n'en a plus entendu parler.
Ceci dit, les périodes comme celles-ci où le danger rôde, ou rien n'est certain, ou tout est fragilisé et sujet à retournement y compris les comportements, sont des périodes de grands paradoxes... Jusqu'au moment du clash... Ensuite, c'est une autre histoire !
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