Le covid: pourquoi nous n’en sortirons pas
23/10/2020
Etrangement, le 28 avril, le Premier Ministre d’alors nous avait déclaré qu’il nous faudrait apprendre à vivre avec le covid. C’était comme l’annonce d’un mariage forcé, d’une union indissoluble, au contraire des épidémies les plus mortelles que l’histoire ait connues et qui se sont toutes un jour terminées. C’était à se demander si nos dirigeants avaient sur ce virus des informations qu’ils ne partageaient pas. Mais, comme l’hypothèse d’une chimère échappée du laboratoire de Wuhan provoqua des cris d’orfraie, il fallut bien faire comme s’il s’agissait d’une espèce de phénomène naturel qu’il nous appartenait d’apprivoiser. Avec mon mauvais esprit, entre le marché aux pangolins et aux chauves-souris, animaux qui sont consommés en Chine depuis des siècles, et non loin de là un laboratoire de haute sécurité inauguré en 2018, je n’aurais pas aussi vite tranché sur la chaîne des causes. Mais la communauté scientifique mondiale est puissante et l’hypothèse d’une oeuvre d'apprentis sorciers aurait engendré un encadrement règlementaire dont la passion de la recherche aurait pâti . Le milieu, à quelques rares exceptions près, a donc fait bloc contre l’exploration de cette possibilité, entraînant avec lui tous les tenants du progressisme scientiste.
« Vivre avec le covid», l’expression a été reprise récemment lors de la présentation, par le ministre des finances, du budget de l’Etat français pour 2021. De son côté, alors qu’on nous annonce des chiffres qui font délicieusement trembler les plateaux de télévision, le président du Conseil dit scientifique a récemment fait savoir que, selon lui, l’on en aurait jusqu’à l’été 2021, que le virus s’affaiblirait progressivement. Lirait-il dans le marc de café ou s’agit-il d’une annonce destinée à nous faire patienter ? Il est vrai qu’il a ajouté que, d’ici là, on aurait peut-être un vaccin. Sur la fonction du vaccin, j’y reviendrai plus loin car, en l’occurrence, elle n’est pas seulement sanitaire ou financière, elle est aussi politique. En attendant, pour tuer le temps, nous avons un film à rebondissements: confinement, déconfinement, distanciation, masques, couvre-feu, le tout sur fond d’une deuxième vague qui n’était pas initialement inscrite au programme. On dirait d’un feuilleton inspiré de Demain nous appartient, dont les auteurs écriraient les épisodes d’une semaine sur l’autre.
Ma conviction est que nous n’en sortirons pas et je vois à cela plusieurs raisons.
D’abord, le réseau des influenceurs sponsorisés par BigPharma a complètement brouillé les cartes. Un des symptômes de cette confusion est la publication par The Lancet, une revue sérieuse s’il en est, d’une étude complètement canularesque que, la honte au front, il lui a bien fallu retirer. Vous vous souvenez: ce travail de gâte-sauce prétendait démontrer que l’hydroxychloroquine tue. Ce médicament, délivré et pris contre la malaria par des millions de personnes sans qu’il ait soulevé la moindre suspicion de toxicité depuis soixante-dix ans qu’il existe, soudainement se mettait à provoquer des problèmes cardiaques. Cela fait penser à ces films où un bon petit père de famille se transforme soudain en un monstre qui hante les bas-fonds et dépèce les filles de petite vertu. Oui, bien sûr, l’hydroxychloroquine peut tuer. Dans la même mesure que vos oeufs au plat: à l’instar de toute substance, c’est affaire de quantité. Comment une pareille affabulation a-t-elle pu surprendre la vigilance de The Lancet ? Le mystère subsiste et il est inquiétant car il éveille un doute général sur l’impartialité et la qualité des affirmations scientifiques. Cependant, nos très réactifs politiques qui semblaient n’attendre que cela ont aussitôt retiré à nos médecins le droit de prescrire la substance diabolisée*. Du jamais vu, dont notre devise « Liberté, Egalité, Fraternité » ne s’est pas encore remise. En revanche, les mêmes continuent de préconiser le Remdesivir dont les tests ont montré à la fois l’inefficacité et le danger. « Cherche pas à comprendre » comme on disait jadis aux colonisés.
Certes, les scientifiques de toutes les époques se sont étripés avec constance quand ils ne partageaient pas les mêmes théories. On peut rappeler, par exemple, s’agissant de l’origine des maladies, la querelle qui opposa Louis Pasteur et Antoine Béchamp, celui-ci mettant en avant le terrain et sa détérioration, celui-là l’agent extérieur et son agressivité. Le choc des théories est quelque chose d’heureux, car une théorie n’est jamais qu’une carte inspirée d’une réalité difficile à appréhender directement dans sa complexité, une carte qui permet aux explorateurs de progresser, de préférence avec précaution. Mais l’on sait que la carte n’est pas le territoire: elle n’en est qu’une esquisse, s’enrichissant ou s’adultérant parfois, au delà de l’observation directe, de témoignages, de déductions, de supputations et d’hypothèses. Il fait donc partie du processus d’avancement de la connaissance que les cartes soient périodiquement en concurrence. Mais si, à cette opacité naturelle du réel que l’on essaye de dissiper, s’ajoutent des éléments perturbateurs qui n’ont rien à voir avec la controverse scientifique, comme l’ego et l’intérêt financier, la carte devient illisible et le voyageur qui croyait pouvoir s’y fier est perdu.
Du sommet de l’Etat jusqu’au maire d’une petite commune, en passant par les préfets et tout l’enchevêtrement administratif dont nous avons, en France, le secret, prendre une décision pertinente au milieu de l’embrouillamini créé autour du covid est devenu ainsi de plus en plus difficile. Au surplus, de nos jours, dans certains domaines, pour un rien on se fait lyncher - médiatiquement en tout cas - et, pour les politiciens, même ceux qui adoptent des postures de bravache, c’est pire qu’attraper une chaude-pisse dans une ruelle. La peur des reproches d'un peuple frileux tétanise les pusillanimes qui vivent de séduire. En ce qui me concerne, je suis prêt à les dédouaner de mon sort. Je l’ai déjà écrit ici: à soixante-douze ans, je refuse d’être un prétexte à empêcher de respirer les jeunes, les commerces, les entreprises et le pays. Qu’on les laisse vivre que diable ! J’en paierai sans discuter le prix éventuel sur ma personne et je suis sûr que beaucoup de gens de ma génération pensent comme moi. Après tout, nous avons eu notre content de chance: nous avons échappé à plusieurs guerres! Mais, et c’est une autre des raisons pour lesquelles je crois que nous n’en sortirons pas, aucun décideur politique n’osera, sur ce terrain-là, prendre un risque, fût-il microscopique. C’est qu'il y a désormais une disproportion fantasmatique entre la décision et ses conséquences possibles, et surtout - l’Histoire le montre - c’est que, si les peuples sont prêts à partager les plus grands risques et à ne pas en tenir rigueur à leurs dirigeants, c’est sous la condition d'avoir confiance dans les valeurs qui les animent. Condition qui est loin d’être assurée aujourd’hui.
Nous en sommes au point que nos décideurs, pour sortir de ce cercle vicieux, ont besoin d’un évènement. Un évènement qui vienne les dédouaner si, par exemple, pour des raisons économiques, ils se jugent contraints de lever les restrictions qu’ils ont imposées à notre liberté relationnelle. Le seul évènement que j’imagine de nature suffisante à les faire descendre de leur manège, sera la mise à disposition d’un vaccin. On enverra le troupeau chez le vétérinaire, on sanctionnera ceux qui traîneraient les sabots, on interdira aux médecins de faire des certificats d’exemption pour raison de santé, et vogue la galère! Enfin, Ponce Pilate pourra se laver les mains et on ne pourra rien reprocher aux élites. Vous remarquerez d’ailleurs, dans leur discours, cet entêtement à se blanchir en nous renvoyant le reproche: si l’épidémie progresse, c’est que nous, les Gaulois réfractaires, nous sommes indisciplinés. Au vrai, nous ne le sommes que parce que nous voulons vivre, que vivre a toujours comporté un risque et que, nous, nous l’assumons. Cela dit, il y a une décision de l’Etat qui, si elle est suffisamment connue du public, ne va pas arranger les affaires: les fabricants de vaccins auraient obtenu d’être exemptés de toute responsabilité, civile ou pénale, pour les dégâts que leurs produits pourraient causer. Cela donne une mesure de la fiabilité des substances qui vont se retrouver sur le marché avant d’être injectées dans nos veines.
Une autre raison pour laquelle je crois que nous n’en sortirons pas, c’est l’impossibilité pour nos dirigeants de reconnaître qu’ils ont commis une erreur. Il suffit d’avoir un peu de mémoire pour se rappeler comment, à quelques semaines de distance et à plusieurs reprises, ils ont affirmé une chose et son contraire, et cela sans que la moindre vergogne les ait fait rougir. Ç’aurait pu être du théâtre de boulevard si le sujet avait été moins grave. Jadis, un politique pris publiquement en flagrant délit de mensonge aurait démissionné sur le champ, par honneur ou sous la contrainte. Aujourd’hui, on est réaliste, on est au dessus de cette momie que l’on nomme la dignité. L’interdiction de l’hydroxychloroquine, le confinement, les masques, le couvre-feu: vous les imaginez faire amende honorable et déclarer qu’une seule de ces mesures n’était pas pertinente ? Cette impossibilité à reconnaître ses erreurs est un autre cercle vicieux dont ils ne peuvent sortir qu’à une condition: que la conviction qu’ils ont eu raison soit suffisamment ancrée dans l’esprit du peuple pour qu’elle ne soit pas remise en question quels que soient les événements. Le jour où ils n’auront plus à craindre un retour d'esprit critique, l’abandon des mesures sanitaires deviendra envisageable, quelle que soit la version alternative des faits - évidemment complotiste - qui tentera de se faire entendre. Le récit de la pandémie sera ainsi verrouillé.
C’est qu’il faut imaginer, à l’inverse, que des sournoiseries ou des incompétences, ou leur apparence, se retrouvent exposées au grand jour, ébranlant même les plus fanatiques des partisans du régime. Imaginez je ne sais quoi, mais quelque chose d’énorme: par exemple que le covid est arrivé sur notre territoire beaucoup plus tôt qu’on ne l’a dit; ou bien que la sensibilité excessivement amplifiée des tests a biaisé les statistiques en produisant des faux positifs en surnombre ; ou encore que le confinement a été sanitairement nuisible, que le port du masque était inutile ou le couvre-feu pure billevesée. Pire que tout, imaginez que l’on découvre - ou vienne à penser - que nous avons vécu un délire collectif en partie organisé, entretenu par une étonnante censure des opinions divergentes sur les grands médias et les réseaux sociaux, et imaginez que le peuple, dans sa grande majorité, adhère à cette révision de l’histoire officielle. Croyez-vous que ledit peuple acceptera de tourner la page sans autre forme de procès ? Tout au contraire: ce qu’il faudrait alors qualifier de forfaiture appellera une autre épidémie, analogue à celle des Gilets Jaunes, mais plus redoutable.**
Et cela m’amène à une autre raison pour laquelle je crois que nous n’en sortirons pas: la logique du pouvoir. Quand vous accumulez des réformes qui, justifiées ou non, sont impopulaires - et que vous en avez d’autres dans la manche - que redoutez-vous ? Un mouvement social incontrôlable qui vous balaierait avant que vous soyez au bout de votre feuille de route. Ce qu’ont failli être les Gilets Jaunes. Alors, quand vous avez l’aubaine d’une contrainte liée au salut public, qui vous permet d'étouffer un feu qui ne demande qu’à repartir, aurez-vous la légèreté d'y renoncer ? En outre, tous les hommes de pouvoir connaissent cette règle d’or: on ne renonce jamais à une parcelle de son pouvoir. Le pouvoir est comme la richesse, il ne connaît pas la stabilité : soit il s’accroit, soit il diminue. Dans un domaine comme dans l’autre, on n’est jamais à l’abri des fissures qui affaiblissent, et la dynamique de toute fissure est de s’agrandir. Je ne vois pas les hommes et les femmes actuellement aux commandes de l’Etat diminuer d’eux-mêmes, serait-ce d’une miette, le pouvoir qu’ils ont acquis. Tout au plus, en modifieront-ils l’expression et, de même que l’on passe du confinement au masque et au couvre-feu, on passera du couvre-feu à autre chose. Au vrai, nous sommes en plein apprentissage de l'obéissance.
Quand j’affirme que nous n’en sortirons pas, sauf au prix d’un vaccin dont Dieu seul sait le bien ou le mal qu’il fera, ou d’une anesthésie définitive de notre lucidité, j’oublie qu’un miracle est toujours possible. La veille des élections présidentielles peut en favoriser l’apparition. On y retrouverait le syndrome de Stockholm*** associé au Père Noël. Il est vrai qu’un autre scénario est également possible. Je vous le laisse concevoir. En attendant, prenez soin de vous: informez vous et cultivez une vigilance sans mollesse****.
* Avant de le leur redonner en catimini.
** Sur le sujet de la censure, cf. Anne-Sophie Chazaud, La liberté d’inexpression, mécanismes de la censure contemporaine.
*** Dès qu’un geôlier sévère diminue tant soit peu sa rigueur et justifie ses actes, il devient quelqu’un de bon dans l’esprit de son prisonnier. C’est le syndrome dit de Stockholm: https://fr.wikipedia.org/wiki/Syndrome_de_Stockholm C’est apparemment l’état durable que Mme Sophie Pétronin a contracté lors de sa séquestration par Daesh.
**** Parmi les médias qui méritent nos remerciements parce qu’ils défendent la pluralité de la parole, j’ai eu la surprise de découvrir France Soir: http://www.francesoir.fr/ . Méritent aussi d’être cités Sud radio https://www.sudradio.fr/ et, parmi les lanceurs d’alerte que YouTube et Facebook ont censuré sur la publication de documents officiels ou d’informations publiques, Silvano Trotta qui, comme d’autres, a dû migrer sur Odysee: https://odysee.com/@SilvanoTrotta:f?order=new
La reproduction du dessin qui illustre cet article est interdite sauf accord de son auteur.
1 commentaire
Je viens de voir une vidéo où Jacques Attali déclare: "Aucun gouvernement aujourd'hui n'osera revenir sur l'état d'urgence".
Les commentaires sont fermés.