Discours d’accueil du père fondateur à la Vingtième promotion des Sauveurs
16/06/2022
Chers Amis qui avez l’honneur de vous retrouver aujourd’hui au sein de cette Vingtième Promotion des Sauveurs, laissez-moi vous dire, pour commencer, que vous êtes les véritables héros de l’Anthropocène !
Applaudissements.
Des oeuvres futiles proposent aux peuples des héros de fiction, de fantaisie, des caricatures qui les distraient. Vous, vous êtes des héros bien réels.
Qu’est-ce que l’Anthropocène ? C’est ce moment redoutable de l’histoire du monde où le poids de l’humanité sur l’écosystème terrestre devient déterminant pour celui-ci, et, en ce qui concerne le temps que nous vivons, devient mortel ! Oui, mortel !
C’est donc le moment où notre écosystème est près de sombrer, emportant l’humanité avec lui comme un navire sombre avec à son bord ceux qui l’on sabordé.
Mais, heureusement, vous êtes là et, vous aussi, allez monter à bord du navire et vous en emparer avant qu’il soit trop tard !
Une armée d’élite, intelligente et déterminée, à même de contrôler tous les noeuds de pouvoir, s'est donné les moyens de réorienter l’avenir du monde. Cette armée d’élite, vous êtes en train de la rejoindre! Vous allez jeter les sabordeurs par-dessus bord, colmater les brèches qui font couler notre navire - et lui redonner le cap qu’il n’aurait jamais dû abandonner !
Applaudissements.
Au long des années, depuis que nous avons lancé notre cursus des Sauveurs et qu’il a recruté les meilleurs éléments de la planète, nous avons discrètement tissé un filet qui a progressivement enveloppé le monde et relie dans ses mailles l’essentiel des institutions humaines: politiques, médicales, scientifiques, religieuses, militaires...
Plus encore qu’un filet, c’est aussi un orchestre - dont vous allez faire partie - qui sait, à point nommé, jouer partout en même temps, à l’unisson, les partitions nécessaires afin que les peuples ne se laissent aller ni au doute ni à la perplexité.
Au cours de ce cycle de trois années que vous entamez aujourd’hui, nous vous montrerons tous les ressorts de ce monde et ses leviers. Vous apprendrez comment être les joueurs de flûte que les peuples naïfs suivront comme des enfants, jusqu’à se jeter dans le gouffre que vous leur désignerez. Nous ferons tout ce qu’il faut pour que vous soyez intellectuellement armés et sachiez avec qui oeuvrer, sur qui compter, avec qui faire front.
Être armés intellectuellement et organisés sont deux des trois piliers de notre projet. Mais je voudrais insister aujourd’hui, alors que vous vous préparez à nous rejoindre, sur le troisième: le travail que vous aurez à faire sur vous-mêmes.
Je sais, pour les avoir moi-même choisis, les critères sur lesquels vous avez été sélectionnés et que vos particularités psychologiques ont été prioritaires sur toute autre considération. Vous incarnez donc, par vos caractères, les hommes et les femmes à même d’accoucher le monde nouveau.
Cependant, je ne crois pas inutile de vous rappeler quelques principes, car deux mille ans de morale chrétienne ont affaibli nos âmes et le dieu des losers peut rester à l’affût à l’intérieur de vous. A cause de cette religion qui prône les êtres et les vertus médiocres, nous mourons d’un sentimentalisme qui permet aux inutiles - à grands coûts pour la vraie civilisation qui s’en trouve entravée - de se multiplier et de vouloir toujours tirer davantage de la planète. Une planète qui n’en peut plus, et cela nous en avons été avertis il y a plus d’un demi-siècle !
Ce n’est pas faute d’avoir tenté de donner aux riens la conscience des enjeux en jouant de tous les instruments: la rationalité, l’émotion, des informations et des personnages susceptibles de capter leur sentimentalité. En pure perte: ils signent d'innombrables pétitions mais ne réforment pas leurs modes de vie. C'est ce que l'on appelle l'inconsistance. Cette inconsistance est criminelle !
Applaudissements.
Leur poids entraîne maintenant le navire par le fond. C’est pourquoi la mission que vous avez acceptée est infiniment exigeante. Le projet que vous avez rejoint et que vous vous êtes engagés à concrétiser ne supporte ni la mollesse ni l’hésitation. Il est temps de tourner la page de cette idéologie débilitante qui nous a menés à l’abîme et c’est vous qui allez la tourner.
Définitivement !
Applaudissements.
Jadis, la vertu principale des guerriers était d’affronter leur propre souffrance physique et la perspective de leur propre mort. Votre vertu, dirai-je, doit être à l’inverse de celle-ci: il s’agit que vous ne souffriez pas. Il s’agit d’accepter sans en être atteint les douleurs que vous allez devoir infliger pour la cause de la planète. Je vous le dis et vous le répèterai pendant votre cursus :
L’empathie est le saboteur ! La pitié est le vice! Le remords est le poison !
L’assistance scande :
L’empathie est le saboteur ! La pitié est le vice! Le remords est le poison !
Mes chers Amis, vous l’avez compris: vous devrez vous méfier et vous affranchir de ce qu’il pourrait vous rester de sensibilité et de générosité ! Le chirurgien dont la main tremble est un mauvais chirurgien.
Vous devrez aussi vous affranchir de la morale ordinaire qui susurre qu’il faut être franc, honnête, vrai, et qui voudra vous opposer cette sottise de l’honneur, l’honneur de la droiture, de la parole donnée, du sacrifice de soi et autres calembredaines. Vous devrez vous affranchir de cette croyance qu’il y a des choses pures et des choses impures, des choses autorisées et des choses interdites. Votre seule morale, votre seule loyauté, votre seul juge, votre unique transcendance est notre projet. Laissez Caïn et son oeil se morfondre dans leur tombe ! Ce qui établit les nouvelles règles morales, ce qui définit nos nouvelles vertus, c’est notre projet !
L’assistance reprend:
C’est notre projet !
Pareillement, n’ayez jamais aucun scrupule à mentir pour notre cause. Ment-on a un animal, à une pintade, à un poisson ? Si l’on vous dit, face à face, que deux et deux font quatre, répliquez les yeux dans les yeux, calmement et autant de fois qu’il le faut, que cela fait cinq. Si l’on vous montre des cadavres, affirmez que vous ne les voyez pas, avec dédain évoquez les complotistes. Vous en serez peut-être surpris, mais la masse croira toujours davantage vos paroles que ses propres yeux.
Vous deviendrez de plus en plus riches tandis que des gens mourront de faim sous vos yeux et même en raison de vos décisions ? Qu’importe, pourvu qu’ils restent inoffensifs ! Le destin des êtres dérisoires est d’être balayés, de cesser de peser sur la planète, sur la réalisation de nos projets salvateurs, du monde que nous avons choisi.
Ne vous sentez jamais mal à l’aise en raison de l’inégalité qui vous favorise, vous accordant la fortune, le luxe, la renommée, les avantages que d’autres ne manqueront pas de vous reprocher. Foin de « bienheureux les pauvres! » et autres fariboles évangéliques ! Il est normal que vous, vous qui allez sauver le monde contre la masse, bénéficiez d’un traitement de faveur et que ceux qui la coulent par la multiplication de leur engeance stupide et de leurs désirs inextinguibles paient leur indignité.
Il est normal que l’élite se traite elle-même en élite !
La vie est darwinienne : elle ne favorise que les gagnants et se moque des moyens de leur victoire. La vie ne demande pas des comptes aux individus et aux espèces qui réussissent !
Applaudissements.
" Heureux les forts car ils posséderont la terre !
Heureux ceux qui ont le cœur dur car ils riront des malheurs d’autrui et ne pleureront jamais !
Heureux les violents car ils seront respectés des timorés !
Heureux les injustes car ils auront leurs biens et ceux des autres !
Heureux les mauvais car ils se feront pardonner par la force !
Heureux ceux qui ont l’âme impure et malveillante car ils jouiront des turpitudes humaines !
Heureux ceux qui possèdent, car ils n’ont pas besoin de miséricorde !
Heureux les incrédules car ils ne seront pas trompés !
Amen !» *
L’assistance reprend « Amen ! » puis applaudit.
Cultivez votre indifférence aux jugements que la masse portera sur vous !
Moquez vous de ses efforts pour tenter de comprendre ce qui se passe réellement!
Soyez souples, froids et venimeux comme des serpents!
* Sermon sur la Montagne inversé par Sante Ferrini, alias Folgorite, anarchiste individualiste italien (1874-1939) pour reprocher à l’Eglise de s'être éloignée des valeurs qu’elle est censée défendre.
(Inspiré par tout ce que vous pouvez imaginer)
1 commentaire
C'est troublant car tellement plausible. Je suis bluffée par ce texte.
L'esprit est là. Eveilleur de conscience, contre esprit malin.
Restons droits et courageux dans notre chemin vers la paix, la vérité et la fraternité.
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