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03/01/2010

L'esprit de la démocratie

"Je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites, mais je me battrai pour que vous ayez le droit de le dire." Voltaire.

 

29/11/2009

Minarrêt

 

Cette note figure désormais dans le recueil

Les ombres de la caverne

Editions Hermann, juillet 2011

12/11/2009

Tyrannie des braves gens

Croyez-vous que le totalitarisme soit le fait d’un tyran et de ses vassaux ? Hélas, non. Ce serait trop simple. Le totalitarisme est le fait d’une multitude de braves gens qui, recherchant chacun dans leur coin quelque facette d’une sécurité ou d’une perfection plus ou moins illusoires, en arrivent inconsciemment à créer les diverses pièces de ce qui pourra devenir un piège. Le tyran souvent ne fera que s’improviser en voyant le parti qu’il peut tirer, en les  assemblant, de tous ces dispositifs épars. L’outil précède l’abus de pouvoir, l’inspire et le permet.

 

Regardons l’actualité de ces jours derniers. Il y a eu la décision de nous ficher afin d’avoir un tableau de bord de la campagne de vaccination contre le H1N1. Avoir un tableau de bord, pour un bon gestionnaire qui travaille avec sincérité au bien commun, quoi de plus légitime ? Je le dis sans ironie aucune. Aujourd’hui, à la une du Monde, autre sujet : l’extension de la vidéosurveillance dans toutes les villes de France. D’ici 2011, nous serons sous l’œil de soixante-mille caméras. Dites-moi que ce n’est pas pour une bonne raison: ne s’agit-il pas de protéger les biens et les personnes et de détecter plus facilement les fauteurs de trouble. Dans le registre de la technologie, savez-vous d’ailleurs qu’est d’ores et déjà commercialisé un mini-hélicoptère, de la grosseur d’un œuf, qui embarque une caméra de surveillance ?

 

Mais il y a plus et pire que les outils : il y a les comportements auxquels on accoutume les gens qui font aussi le lit du totalitarisme. Grâce à Dieu, le peuple français semble avoir conservé une bonne dose d’indiscipline. 10% de vaccinés contre le H1N1 au sein du personnel médical, qu’on peut penser mieux informé que quiconque des risques et des enjeux, c’est significatif d’une capacité au doute et à la résistance. J’ai découvert d’ailleurs que 20% seulement se font vacciner contre le virus saisonnier: on peut parler d’indiscipline comme certains, mais pourquoi ne pas parler tout simplement de liberté de penser ?  Cela dit, si avec la conviction réelle de protéger les populations la politique de santé devient coercitive, qui résistera à un dispositif plus musclé ?

 

Le problème est rarement contemporain des mesures qu’on prend : il apparaît lorsque ce que l’on a construit tombe en d’autres mains que celles qui étaient prévues. Réunissez tout ce qui se met en place du point de vue de la santé et de la sécurité, ajoutez-y les comportements d’un peuple qui aimerait naturellement la discipline ou qui se serait laissé endormir, un peuple pour qui mettre en doute quelque autorité que  ce soit serait déjà insupportablement subversif : vous avez là les ingrédients du totalitarisme.

 

Une autre chose m’inquiète. François Mauriac – un prix Nobel de littérature soit rappelé en passant – disait que nous avions en France « la droite la plus bête du monde ». Nous venons d’en avoir une illustration supplémentaire, s’il en était besoin, avec la prétendue affaire du prix Goncourt (et merci à Bernard Pivot d’avoir remis les choses en perspective et les pendules à l’heure). Le mauvais démon de la droite, c’est la dérive d’une valeur qui en elle-même n’est pas contestable : celle de l’ordre. On ne construit et ne conserve rien sans un certain ordre. Mais lorsque l’ordre devient une obsession, lorsqu’on ne supporte plus rien d’autre que lui, il se passe deux choses redoutables. La première, c’est que la créativité déserte. La seconde, c’est que derrière la créativité, la liberté à son tour se fait la malle.

 

Il reste le moment – est-il prévisible ? - où tout cela cristallise. Quand le pouvoir ne supporte plus l’impertinence, quand ceux qui exercent les plus hautes charges sont plus sensibles à la critique qu’à ce qui la motive, quand ils s’emparent d’un éclat de voix pour en faire une pendule, je commence à avoir des frissons. Si Brassens n'était pas mort, ils le mettraient à l'index. Au nom de la morale politique.