03/11/2008
Pendant ce temps, il y en a qui agissent...
J’ai profité d’une semaine de vacances dans le Devon pour rencontrer un véritable acteur du changement de société*. Rob Hopkins est basé à Totnes, ville de 8000 habitants, première «Transition Town»** et aujourd’hui chef de file d’un nombre croissant de villes, de quartiers, d’îles, de communautés diverses qui, au Royaume-Uni et dans le monde, en découvrant ce qui s’y passait, lui ont emboîté le pas.
Pourtant, ce qu’on peut y observer n’a pour le moment rien de spectaculaire. Des gens de bonnes volontés se retrouvent, échangent, animent des réunions – à la fois avec enthousiasme et paisiblement. Le point de départ de ce processus : la conviction que l’ère du pétrole bon marché est révolue et que les conséquences, quand on les regarde de plus près, seront immenses. Que devient, en effet, la mondialisation avec une énergie de plus en plus coûteuse ? Que deviennent nos modes de production, nos façons de vivre et de consommer ? Oh ! bien sûr, on ne sent pas encore sur notre gorge le froid de la lame. Comme toutes les victimes d’une addiction, on espère que le sevrage n’est que pour demain, qu’on va pouvoir en profiter encore un peu. Et, à l’ultime instant, on fera même comme Marie Stuart qui, la tête sur le billot, mendiait: « Encore une petite minute, monsieur le bourreau… »
Outre le processus que j’évoquais, ouvert et sans violence, ce qui m’a frappé lors de mon entretien avec Rob Hopkins, c’est qu’il pose cette échéance énergétique non comme une sorte de punition, une épreuve à surmonter ou un régime draconien à subir, mais comme une heureuse opportunité offerte à nos aspirations. Une opportunité de remettre de l’harmonie entre notre espèce et l’écosystème dont elle dépend. Une opportunité de remettre aussi de l’harmonie entre les humains eux-mêmes que la généralisation d’un éthos de concurrence dresse les uns contre les autres. Une opportunité de reprendre possession de nous-mêmes dans un monde de racolage aussi permanent que futile. Au final, une opportunité de recréer du bonheur car, obsédés de consommations matérielles et de satisfactions narcissiques, nous nous sommes éloignés des sources de celui-ci.
C’est aussi la chance - rare à vrai dire dans le cours d’une vie – de participer à une grande aventure : celle de contribuer directement, là où l’on vit, à la construction d’une nouvelle civilisation. Le foisonnement d’initiatives engendré par les premiers pas de Rob Hopkins à Totnes montre l’aspiration du cœur humain à vivre autre chose que le monde que nous avons construit et qui maintenant nous échappe. Reste que, y compris à l’intérieur de nous, les représentations mentales ont la vie dure. Notamment celles qui ont fait de la mondialisation économique un étalon du progrès et qui affirment que « biggger and bigger is more and more beautiful ». Ne soyons pas surpris si les résistances se multiplient et se durcissent : aucun être, fût-il idéel, n’aime regarder sa mort en face. Mais pourquoi se soucier du terrain idéologique ? Nous sommes libres : agissons !
Si vous voulez en savoir plus : http://totnes.transitionnetwork.org/
PS : si la démarche vous intéresse, on peut imaginer d’en parler de vive voix. Faites-vous connaître et on organisera une soirée !
* Cf le livre des sociologues Paul H. Ray et Sherry Ruth Anderson : L’émergence des créatifs culturels, éditions Yves Michel.
** Littéralement : ville de transition.
14:22 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : société, écologie, économie, politique, développement personnel
27/10/2008
Quoi de neuf docteur ?
Je croyais que porter une fourrure relevait d'un folklore désuet principalement réservé à quelques prostituées de luxe. Il paraît que non. Gillian Anderson, qui jouait le rôle de Scully dans la série X-Files, donne sa voix à une vidéo contre la société Giorgio Armani qui commercialise une nouvelle ligne de fourrures, notamment des vestes pour les enfants et les bébés. Les animaux concernés, des lapins, seraient élevés et abattus dans des conditions particulièrement cruelles. Deux pays d'élevage sont cités: la Chine et la France. J'imagine les bambins, à Eurodisney, vêtus de ces douces dépouilles de souffrance. Avouez-le: il y a quelque chose qui cloche. Cf http://www.gilliananderson.ws/news/index.shtml#newsitemEkkFVyFyyyXxoHVGku
14:33 | Lien permanent | Commentaires (6)
26/10/2008
Vous en dites quoi ?
Voici quelques pincées d'information prises ici et là.
D'abord, en date du 22 octobre, sur le blog de Paul Jorion (qui est de ceux qui avaient annoncé la crise des subprimes) : "Mais les affaires reprennent : on apprend que les banques américaines qui ont chacune reçu 25 milliards de dollars du contribuable (enfin, indirectement) ont l’intention d’en passer une partie en dividendes, une autre partie à racheter leurs concurrentes moins chanceuses et qu’elles utilisent une portion de l’argent qu’elles ont reçu - attachez vos ceintures ! - à faire du lobbying visant à l’annulation des mesures gouvernementales de semi-nationalisation. Est-ce que ce n’était pas plutôt de l’argent qu’on leur avait insufflé pour qu’elles puissent le prêter à faire des choses utiles ?" Cf. http://www.pauljorion.com/blog/
Maintenant, sous la plume de Maria Chiara Rioli (Le Monde diplomatique du 24 octobre): "Depuis des semaines, les homélies sur la « moralisation » de l'économie se multiplient. Et le gouvernement de M. Berlusconi ne veut pas être en reste. Le parlement, qui discutait du décret pour le sauvetage de la compagnie aérienne Alitalia, a découvert un article jusqu'alors passé inaperçu, l'article 7 bis. Celui-ci explique que les délits liés aux krachs financiers d'une entreprise ne sont pas passibles de poursuite, à moins que ceux-ci ne se déclarent en faillite. Il modifie ainsi la loi «Marzano» sur les sauvetages des grandes entreprises et celle concernant le droit de la faillite de 1942. Si une société se contente de proclamer son insolvabilité ou si elle est confiée à des administrateurs judiciaires, les managers ne risquent rien. Ainsi, MM. Calisto Tanzi et Sergio Cragnotti, responsables des krachs Parmalat (2003) et Cirio (2002), auraient échappé aux poursuites si, à l'époque, cet article 7 bis avait été adopté." Cf. http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2008-10-24-Italie-l-impunite-des-managers
Enfin, pour finir avant que vous criiez grâce, voici une vidéo où Colin Powell annonce une attaque terroriste visant les États-unis le 21 ou le 22 janvier au lendemain de l'investiture du nouveau président. Je me suis souvenu des analyses d'Emmanuel Todd qui disait que le seul moyen aujourd'hui pour les États-unis de conserver le leadership mondial, c'était d'être le gendarme du monde. En regardant la vidéo, je n'ai pas pu m'empêcher d'avoir à l'esprit l'image du pompier pyromane... Cf. http://www.globalresearch.ca/index.php?context=va&aid=10655 . Et je m'étonne aussi qu'une assertion aussi spectaculaire n'ait pas été plus largement reprise dans les media. Il est vrai que, si on aime à se faire peur, on a déjà les conséquences du tsunami financier pour passer l'hiver.
10:42 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : politique, éthique, crise financière, banques, iran