04/07/2009
Pour panser global, manger local
En termes économiques, le problème fondamental de notre époque est celui des « externalités », c’est-à-dire de ce qui n’est pas pris en compte par nos calculs de coût mais qui obère considérablement la viabilité de nos sociétés. Un exemple...
« La Californie a établi sur ses principales rivières 1200 retenues d’eau afin de devenir le cinquième producteur agricole mondial. Du fait du pompage, quelques cours d’eau californiens arrivent quasiment asséchés à leur embouchure – 85% de l’eau, dans l’Etat, est à destination agricole. Cette agression écologique d’envergure me permet [à Vancouver] d’acheter de la laitue de Californie tout au long de l’année. Je n’ai pas à payer les barrages, les espaces sauvages noyés par les retenues ou convertis en exploitations. Je n’ai pas à payer pour toutes les espèces végétales ou animales décimées par ces aménagements. Pas davantage ne suis-je concernée par le coût d’assainissement de l’eau que souillent les pesticides et les herbicides utilisés par l’agriculture industrielle. Ou par le coût qu’engendre la pollution de l’eau pour le système de santé. Ou par l’émission de gaz à effet de serre résultant de la fabrication d’engrais à base de nitrate qui, en outre, ont peut-être traversé la moitié du monde pour venir jusqu’ici. Ou par la consommation d’énergie fossile, cinq fois plus importante au kilomètre que celle d’un camion si le produit est transporté dans un jumbo jet réfrigéré, comme c’est de plus en plus souvent le cas. Et on peut continuer... Quand la salade arrive dans votre assiette, dans les coulisses c'est la désolation – ce que les économistes qui calculent les « externalités » appellent maintenant le « vrai coût » d’un produit. Cependant, sur les étals de votre supermarché et en dehors du monde de la théorie, la laitue reste bon marché. »
Extrait de The 100-mile diet (« Le régime des 160 km »), d’Alisa Smith et J.B. MacKinnon (Vintage, 2007, Canada). Les auteurs y racontent comment, ayant pris conscience du caractère destructeur du système, ils se sont mis au défi de ne consommer que des aliments produits dans un rayon de 100 miles (160 km) de leur habitation. Ils expliquent les difficultés qu’ils ont rencontrées, bien que vivant dans une région naturellement fertile, alors que les ingrédients d’un repas moyen aujourd’hui parcourent tout confondu environ 2500 miles.
Cf. http://www.leopold.iastate.edu/ et http://100milediet.org/
09:47 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : économie, localvores, mondialisation, modes de vie