26/10/2014
Plug and play
Au bistrot. Cinq ou six copains qui prennent l'apéro derrière moi. Verbatim d'un grand moment de philosophie.
- Ce bidule, ça ne ressemble à rien!
- On reconnaît bien la forme d’un sapin de Noël quand même!
- Pas de Noël: il n’y a aucune décoration, pas de guirlandes, pas d’étoile, pas de boules.
- Les boules, elles ne sont pas loin…
- Mon petit-fils, il a trois ans et quand il dessine un sapin, c’est un sapin…
- En fait, vous avez tous vu à la télé que c’est un plug anal déguisé en sapin…
- Un quoi ?
- Un sextoy si tu préfères…
- Un gode quoi!
- Ah! non, un gode, ça n’a pas la même forme et on ne s’en sert pas de la même manière…
- Tu es bien renseigné dis donc!
- Oui, t’es tombé dans le piège: les âmes innocentes comme les nôtres ont vu un sapin, les pervers comme toi y ont vu un gode!
- C’est celui qui dit qui l’est!
- P… ! calmez-vous! Allez voir la fiche Wikipédia de l’artiste: sa spécialité c’est de faire des trucs où chacun voit ce qu’il veut, mais son arrière-pensée à lui c’est toujours ça: le c…, la merde…
- Donc, lui, il a à l’esprit un gode, il dessine un sapin qui peut faire penser à un gode et celui qui ne voit pas un sapin mais un gode, c’est le gros salaud de service ?
- Mes frères, voyez le mal qui est en vous! Plutôt que la paille dans l’oeil de votre voisin, voyez la poutre que vous avez dans le…
- Ce ne serait pas lui, plutôt, le gros salaud de service, à imaginer des trucs comme cela ?
- Et il s’est fait payer combien pour gonfler ce gode géant ?
- Ce n’est pas un gode! Un gode ça va, ça vient. Un plug anal, ça ne bouge pas!
- Mais ça sert à quoi alors ?
- Euh… à préparer la pénétration anale…
- Mais comment tu sais tout ça, toi ? Tu t’en sers ?
- Entre nous, en tant que sapin, c’est raté. Alors, il s’agit bien d’autre chose.
- Quand même! Il paraît que les commerçants pour bourges, ils étaient d’accord!
- Ce sont des innocents. Ils n’ont vu que le sapin!
- Tu sais, quand c’est rien que le fric qui t’intéresse, du moment que ça attire du monde devant ta vitrine…
- C’est une vraie mentalité de maquereau.
- Un copain m’a dit que, l’artiste, il veut juste nous faire réfléchir.
- C’est tout réfléchi: il y a longtemps qu’on se le fait mettre, et bien profond! Pas besoin de son sapin pour s’en rendre compte!
- Et lui qui joue les prophètes, ce n’est pas parce qu’il fait semblant de dénoncer qu’il ne fait pas partie de ceux qui nous empapaoutent !
- En attendant, vous avez vu tous ces jeunes qui rejoignent te terrorisme islamique ?
- Je ne vois pas le rapport…
- Il paraît qu’ils sont plusieurs milliers, et beaucoup d’Occidentaux convertis.
- Je ne dis pas qu’il y a un rapport, cela m’est juste passé par la tête.
- Moi, je crois que ce sont des mecs qui sont pleins de violence et qui cherchent un moyen officiel de l’assouvir.
- Remarque, être plein de violence, il y a parfois de quoi. Les gamins, aujourd’hui, pour trouver du boulot, même avec bac + 50…
- C’est vrai. Ma petite-fille, avec un double mastère, à trente ans elle est encore payée au SMIC. Si c’est pas une honte!
- Mon neveu, il en est à son troisième licenciement en deux ans. La mondialisation, qu’ils disent. « Pour survivre, qu’ils ont dit, nous sommes obligés de délocaliser »! Et nous, on survit comment ?
- Et l’autre qui dit que pour s’en sortir, il faut baisser les salaires!
- Et le froc!
- On ne comprend plus rien à rien. C'était vraiment important ce truc pour qu'on en fasse un tel raffut ?
- On comprend en tout cas que ce qui intéresse nos ministres en ce moment, c’est l’art! Ils se sont plus affolés pour le dégonflage du gode que pour l’augmentation du chômage!
- On a les soucis qu’on peut!
- Moi, la seule chose qui m’ennuie, ce sont les gars qui l’ont dégonflé. Je ne prendrais pas ma carte chez eux. Sinon, ça m’aurait bien plu d’affaler cette baudruche. J’irais pas faire le djihâd mais…
- Ah! bon ? Je te sentais bien chaud pourtant !
- Arrête tes c… ! J’irais pas faire le djihâd, mais exprimer qu’on préfèrerait une bonne politique sociale et économique plutôt qu’une politique artistique à la mords-moi-le-noeud, c’est une violence qui me ferait du bien!
- C’est vrai, ils se f… de notre gueule au fond.
- Ils font ce qu’il peuvent…
- Le problème, c’est qu’ils ne peuvent pas beaucoup.
- Des impuissants!
- Franchement, vous y croyez encore que ça pourrait aller mieux ?
- Tu nous prends pour des glands ? On n’a plus les moyens de rien, et, quand on les a, il paraît qu’on ruine la planète!
- C’est vrai ce qu’il dit. On est dans la nasse. On n’a plus qu’à crever!
- En tout cas, c’est vrai que si tout ce qu’on a à faire en matière artistique, c’est de planter des godes géants, ça fait regretter le temps des cathédrales…
- Ouais, à l’époque, c’est nous qui faisions les croisades!
- Tu plaisantes sans doute avec tes cathédrales ?
- A peine… Tu vois, dans mille ans, les générations futures devant nos plugs anaux dégonflés, seule trace de notre passage dans l’histoire ?
- Elles penseront que nous étions une civilisation de trouduc…
- Cela te fait rire ? Tu crois que c’est ce qui peut donner le moral à nos jeunes ?
- Mais tu t’attends à quoi ? Tu crois que ça va changer ? Vaut mieux en rire!
- Peut-être, mais quel triste rire…
23:59 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : place vendôme, plut anal, paul mccarthy