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14/12/2009

Du risque d'être cachotier

Rien de tel que dissimuler une information pour lui faire prendre une signification qu'elle n'a peut-être pas. Dans maints films policiers, on a ce scénario : les enquêteurs découvrent qu'un des personnages a tu d'anciennes relations avec un des protagonistes de l'histoire. Ils se sont connus au Viet Nam ou ils ont été amants, peu importe. Du coup, notre gars devient suspect. On le questionne sans lui dire qu'on détient la vérité, et on le laisse s'enferrer. Jusqu'au moment où, face à face sous une ampoule jaunâtre, le détective lui révèle qu'il sait, qu'il a la preuve. Du coup, tout ce que l'autre a dit et même les explications qu'il va donner  devient sujet à caution et les soupçons du spectateur cristallisent sur lui. Ce phénomène est bien connu.

 

Alors, pourquoi le CV officiel d'un de nos ministres fait-il l'impasse sur dix années de sa vie professionnelle ? Pourquoi, plus précisément, les a-t-on retirées, ces années qu'on rend ainsi mystérieuses, alors qu'on peut les retrouver sur un ancien CV, du temps que, pas encore ministre, il était député européen ? Quel rapport délicat pourrait-il y avoir entre la charge d'aujourd'hui de ce personnage et cette expérience professionnelle ? Voilà le premier effet d'une cachoterie - œuvre si cela se trouve d'un conseiller en communication malhabile. On se pose des questions qu'on ne se serait - peut-être - pas posé. Et même si ce n'est que l'erreur d'appréciation d'un porte-plume, on va se demander qu'est-ce qui a induit celui-ci à la commettre.

Tandis qu'on cherche à comprendre, l'imagination prend les commandes. Vous le savez très bien, les spéculations, les rumeurs, la suspicion prolifèrent comme bactéries sur la rétention d'information et elles explosent comme une pandémie dès que la confiance est entamée. Si le service de presse du ministre que j'évoquais se montre réticent à répondre, donne l'impression d'être embarrassé voire de mentir, les jeux sont fait, rien ne va plus. Si, aiguillonnés par cette réticence, certains investigateurs découvrent que ces dix lointaines années d'activité professionnelle ont mis le futur ministre en contact avec un milieu qui a récemment bénéficié de belles commandes de l'Etat, vous pouvez entonner l'air de Basile.

Bien sûr, il y a des rapprochements qui posent problème. Mais il ne faut pas aller trop vite en besogne. Certains voient de la magouille et de la corruption partout. Ce n'est pas mon cas. Je pense que l'honnêteté se fait parfois surprendre par d'autres voies que l'argent. J'évoquais, dans une récente chronique, le phénomène des bulles cognitives. Lorsqu'on appartient à l'une de ces bulles, on fait facilement confiance aux gens qui la partagent avec nous. On a la même représentation du monde, des problèmes et de leurs solutions. C'est l'histoire du marteau : si vous n'avez que cet outil, pour vous et vos amis de la bulle tous les problèmes auront la forme d'un clou. Pour un militaire - je caricature - la solution ressemblera souvent à la guerre. Pour un chirurgien à une opération. Pour un laboratoire pharmaceutique, elle ressemblera à un vaccin ou à un médicament. Ils sont ainsi configurés, comme on le dit des ordinateurs. Le reproche qu'on peut faire, c'est que cela fait penser au proviseur du film Les Choristes : « Action, réaction ». Un peu sommaire...

 La complicité est plus souvent intellectuelle qu'issue de la prévarication. Le risque collatéral, c'est qu'on soit un peu naïf face à ceux de notre bulle qui le sont un peu moins que nous.

Je vous laisserai juge quant au cas auquel je pense :  http://www.fakirpresse.info/articles/319/le-vrai-cv-de-ro...

 

 

Commentaires

Il semble que ton propos finit un peu en queue de poisson. C'est bête, lorsqu'il s'agit d'une ministre dont le nom rime avec "cachalot-requin", non?

Écrit par : balout | 16/12/2009

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