29/10/2007
Jean-Jacques Salomon: une civilisation à hauts risques
Cette note figure désormais dans le recueil
Les ombres de la caverne
Editions Hermann, juillet 2011
08:16 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sciences, société, éthique, environnement
22/10/2007
Un bon produit
En commentaire à ma note "Marketing is dead", un honorable correspondant a évoqué "le bon produit".
Mais qu'est-ce qu'on "bon produit", en tout cas selon moi, aujourd'hui ?
Le définir par son rapport qualité / prix, sa capacité à me faire rêver ou à me mettre en scène, ne me suffit plus.
Ce qui est devenu pour moi important, c'est de tirer le meilleur parti de ressources assurément limitées. J'entends à la fois par ressources le temps et l'énergie dont je dispose et, bien évidemment, mes revenus. Conscient des limites de ceux-ci et de ceux-là, je suis à l'affut de tout ce qui peut me permettre d'en optimiser l'influence sur ce que je juge essentiel.
Dans l'essentiel, il n'y a pas que ma satisfaction de consommateur. J'y mets de plus en plus prioritairement certains enjeux: écologiques, sociaux, humains. Or, que je le veuille ou non, de par ma façon de vivre je nourris le système que par ailleurs je critique. En recherchant la satisfaction de mes besoins plus ou moins fondamentaux, j'apporte de l'eau à des moulins qui ne tournent pas dans le bon sens. En permettant à ceux qui les perpétuent de s'enrichir, j'encourage certaines pratiques qui me heurtent.
Quand on a pris conscience d'une telle contradiction, le risque est de capituler par sentiment d'impuissance. De se dire qu'après tout on n'est qu'un maillon de la chaîne. Que les gens les plus renommés démontrent l'infaillibilité pontificale du marché. Qu'il n'y a, au pire, de dégâts que collatéraux. Et que c 'est en vue d'un bien futur dont il ne faut pas retarder l'avènement. Bref, circulez, il n'y a rien à voir, contentez-vous du rapport qualité / prix, sacrifiez à la rationalité de l'égoïsme et remerciez-nous d'être à vos petits soins. Cela ne vous fait pas penser à une certaine "expérience de Milgram" ?
L'économie est une chaîne d'interactions. Chacun d'entre nous peut se contenter de voir midi à sa porte, et basta! Je revendique la liberté de n'être pas qu'un rouage docile. La promesse de la satisfaction personnelle, serait-elle enveloppée d'insignes satisfactions narcissiques, ne me suffit plus. Je refuse par exemple qu'on accroisse mon pouvoir d'achat au détriment des pauvres gens et de la biosphère. Je refuse qu'on m'encourage dans des comportements irresponsables juste pour que je puisse "me la jouer". Je veux que les flux financiers dont je suis un des points de passage soient source de mieux-être pour tous ceux qui contribuent à la qualité de ma vie.
Un bon produit c'est une pierre qui me propose, d'un seul coup, de faire le plus grand nombre de coups possible.
10:38 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : environnement, management, consommation, marketing