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01/11/2007

Etienne de la Boétie

Étienne de La Boétie naît à Sarlat le 1er novembre 1530, il y a donc 477 ans aujourd’hui. Je n’ai pas eu la patience d’attendre que cela fasse un compte rond pour vous parler de l’auteur de «La servitude volontaire».

On dirait aujourd’hui de lui qu’il est un enfant surdoué. Il fait des études de droit à Orléans et acquiert rapidement une telle réputation qu’il est admis en qualité de conseiller au Parlement de Bordeaux à l’âge de vingt-trois ans (alors que l’âge légal est de vingt-cinq). La même année, en 1553, il est élevé à l’office de «Conseiller en la cour».

Etienne épousera la veuve du frère de Montaigne et la relation qui le liera à l’auteur des Essais est devenue légendaire. Jusqu’à la chanson de Brassens Les copains d’abord qui y fait allusion. Montaigne aura à propos de leur amitié cette phrase célèbre : «Si on me pressait de dire pourquoi je l’aimais, je sens que cela ne se peut exprimer qu’en répondant : parce que c’était lui, parce que c’était moi».

C’est à dix-huit ans, en 1548, alors qu’il commence ses études universitaires, qu’Etienne de la Boétie écrit le fameux «Discours de la servitude volontaire». Avec une maturité extraordinaire, il y soulève une question qui n’a pas fini de hanter les chercheurs de plusieurs disciplines:

«Je voudrais comprendre comment il se peut que tant d’hommes, tant de bourgs, tant de villes, tant de nations supportent quelquefois un tyran seul qui n’a de puissance que celle qu’ils lui donnent, qui n’a pouvoir de leur nuire qu’autant qu’ils veulent bien l’endurer, et qui ne pourrait leur faire aucun mal s’ils n’aimaient mieux tout souffrir de lui que de le contredire.»

Il faut dire que l’année où Etienne de la Boétie écrit son discours, le connétable de Montmorency a réprimé à Bordeaux , de manière particulièrement horrible, un soulèvement contre la gabelle. Les hommes s’intéressent au mystère du pouvoir lorsque celui-ci dépasse les bornes de l’abus ordinaire. Au XXème siècle, les expériences de Milgram n’ont-elles pas été inspirées par le désir de comprendre les mécanismes qui, d’êtres normaux, ont fait des complices actifs du régime nazi ?

A la question « Pourquoi obéit-on ? » Etienne de la Boétie fait une triple réponse. Selon lui, nous obéissons (1) par accoutumance, (2) parce que les hommes de pouvoir cultivent notre pusillanimité en nous octroyant « du pain et des jeux » et (3) parce qu’ils savent s’attacher des épigones qui multiplient les yeux et les bras qu’ils n’ont pas.

Bien que le pouvoir ne soit pas nécessairement cruel, on pourrait se demander quels sont ses effets, en tant que principe organisateur du social, sur l’expression du potentiel humain. Les individus conditionnés au rôle de vassaux, courtisans ou exécutants révèlent-ils ou font-ils se révéler les richesses de l’humain ?