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07/04/2008

Quelques bonnes questions pour commencer la semaine

Dans Le Monde daté du 3 avril, Philippe Vasseur, ancien ministre de l’agriculture, et président du Forum mondial de l’économie reponsable* s’interrroge.

« Je m’étonne que le développement des nanotechnologies – qui touchent à l’infiniment petit – ne semble guère préoccuper le grand public. Pourtant, des nanoparticules sont déjà présentes dans des centaines de produits à usage courant, y compris alimentaires, alors que des études scientifiques s’inquiètent de leur nocivité pour l’homme et de leur impact sur l’environnement.

« Je me demande aussi pourquoi les effets « génotoxiques » des ondes de radiofréquence, signalés par d’autres scientifiques, ne provoquent aucun mouvement de panique. Au contraire le marché du Wi-Fi et du téléphone mobile (qui pourrait accroître les risques de tumeurs) est particulièrement porteur. »

Et de poser les quatre questions-clés selon moi en ce qui concerne les OGM :

« Les OGM mettent-ils en danger la santé des personnes ? Constituent-ils une menace pour l’environnement et la biodiversité ? Peuvent-ils faire dépendre l’agriculture mondiale de quelques multinationales ? Sont-ils, au-delà d’intérêts particuliers, réellement utiles à l’espèce humaine ? »

Mes points de vue et mes interrogations passent parfois pour excessifs voire - m'a-t-on dit - manichéens. On ne peut faire pareilles critiques à Philippe Vasseur et pas davantage ne peut-on l’accuser d’être insuffisamment informé. Bravo et merci Monsieur le Ministre !

* http://www.worldforum-lille.org/

05/04/2008

Une semaine chez Ubu Roi

29 mars
Au Japon, 51 millions de cotisations de retraites non identifiées. La Sécurité sociale ne sait plus à qui verser les pensions correspondantes… Commentaire du professeur Matsubara Ryûchiro, de l’université de Tokyo : « Il n’existe aucune relation entre les individus et la société dans laquelle ils vivent ». Et il redoute que cela attise la tentation du nihilisme.

1er avril
"La Grande-Bretagne s'interroge sur la création d'embryons hybrides humains-animaux". Ce n'est pas un poisson. C'est le titre d'un article qui m'a été communiqué par Anette. Juste deux extraits pour vous en faire apprécier la discrète saveur:

"La publication dans le quotidien The Times, mercredi 10 janvier, d'un appel de quarante-cinq spécialistes, parmi lesquels figuraient trois Prix Nobel, a visiblement fait pencher la balance. L'influence de Lord Winston, l'un des signataires, ancien conseiller scientifique de Tony Blair, une personnalité très médiatisée, a également joué. Tout comme les pressions du lobby de la puissante industrie pharmaceutique, l'un des derniers fleurons industriels du Royaume-Uni, très en pointe dans la recherche sur les maladies neuro-dégénératives.

"Ce sont les équipes déjà impliquées dans les recherches sur les cellules souches qui souhaitent également pouvoir disposer de chimères. En pratique, ces dernières seraient créées en plaçant le noyau de cellules humaines (prélevées notamment chez des malades) au sein d'ovocytes animaux (lapins ou bovins, par exemple). De telles expériences ont déjà été menées, notamment en Chine et aux Etats-Unis."

Même si l'engagement corrélatif serait de supprimer les embryons bien avant leur maturité, autorisez au moins l'obscurantiste que je suis, incapable d'apprécier les perspectives insondables du progrès médical, insoucieux des maladies dégénératives qui l'attendent au tournant, à avoir la nausée! Puis, quelle tentation ce pourrait être de laisser quelques-unes de ces chimères atteindre leur terme, histoire de mieux comprendre ce qui se passe... Cette hypothèse vous paraît-elle aussi invraisemblable que cela ? Comme disait Oscar Wilde: "Je résiste à tout sauf à la tentation".

2 avril
Conférence d’Alain Parant, démographe et prospectiviste. Selon le chercheur, vers 2030 le déséquilibre français sera tellement grand entre les inactifs et les actifs que ceux-ci cesseront de payer. Ce qui remettra notamment en question le niveau de vie des retraités et le financement de l'accompagnement du grand âge. En aparté, cependant, un collègue me glisse : « Quid de l’incidence écologique dans ces projections ? » C’est vrai qu’une fois encore nous raisonnons « à univers constant ».

3 avril
Hu Jia, 34 ans, est condamné à trois ans et demi de prison par la première cour intermédiaire de Pékin. Hu Jia est une figure emblématique du mouvement chinois pour les droits de l’homme. Motif de la condamnation : « incitation à la subversion de l’autorité de l’état ». Avec les prochains JO, ce genre d’individu fait tache dans le paysage. La poussière, sous le tapis! Tout le monde pourra ainsi faire semblant de n'avoir rien vu. Enfin, comme disait Chamfort : «L’hypocrisie est un hommage que le vice rend à la vertu».

4 avril
Les « groupes de haine » se multiplient aux Etats-Unis. Depuis 2000, le nombre de groupes incitant à la haine raciale s’est accru de 48% (rapport du Southern Poverty Law Center, article sous la signature de Corine Lesnes, correspondante du Monde à Washington). Alors, le libre marché, dans le pays même qui s’en est fait le champion, n’est pas source de richesse et d’harmonie ? Oui, je suis d’accord : mon raccourci est un peu brutal !

5 avril
Les « émeutes de la faim », prophétisées en octobre 2007 par Jacques Diouf, le directeur de la Food and Agricultural Organization seraient-elles déjà là ? Une trentaine de pays connaissent des troubles politiques sociaux. Le coût moyen d’un repas y a augmenté de 40%. Au Mexique, le prix de la tortilla fait sortir les gens dans les rues. A Dakar, beaucoup de familles ne font plus qu’un repas par jour. En Thaïlande, premier des pays exportateurs de riz, les rizières sont désormais sous la surveillance de vigiles.

La Banque mondiale, dans son dernier rapport, fait amende honorable : on n’aurait pas dû tout miser sur les cultures d’exportation au détriment des cultures vivrières. La surdité est donc guérissable ? Et si on en profitait pour revoir nos modèles de développement ?

31/03/2008

"L'inversion de la rareté"

Cette expression, tirée du récent livre d'Hervé Juvin que j'ai commencé à lire*, me frappe. Citation:

"Cette inversion de la rareté transforme nos relations avec le monde, avec les autres, avec nous-mêmes: ce qui était rare, précieux, valorisé, comme savoir, comme technique, comme esprit, devient surabondant, banal, négociable, tandis que le gratuit, l'infini, l'inépuisable, comme l'eau, l'air, l'espace, devient cher, limité, compté."

*Produire le monde - Pour une croissance écologique, éditions Gallimard, 2008.