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28/08/2010

Question stupide

 

C'est vraiment une question stupide et, cependant, je la pose.

Il y a, dans notre pays, des besoins de consommation insatisfaits, certains insolvables. Mais il y a aussi, par ailleurs, des intelligences et des bonnes volontés inemployées, au point d'être dans la désespérance.

Comment se fait-il qu'on ne puisse rapprocher ces besoins et ces potentialités et, au lieu d'entretenir misère et frustration des deux côtés, augmenter la solvabilité des uns par la production des autres ?

Subsidiairement: quelle est la crasse ignorance qui m'autorise à poser une question aussi stupide ?

09/04/2010

La recette du terrorisme

 

Globalement, il s'agit que les pauvres s'appauvrissent tout en menant une vie honnête, tandis que les riches s'enrichissent sans grand effort apparent et en pratiquant toutes les formes d'exaction. Condition essentielle : les deux populations doivent vivre au contact l'une de l'autre, comme deux silex prêts à se frotter. Je précise que la recette que je vous donne est à la portée d'un pays comme le nôtre mais n'est peut-être pas universelle.

 

D'abord, plafonnez les salaires et laissez monter les loyers. En même temps, supprimez les échappatoires en arrêtant d'investir dans le logement social. Laissez se développer l'exploitation des pauvres. Par exemple, laissez le champ libre aux marchands de sommeil. L'important est que, même en gagnant honnêtement sa vie, loger sa famille, la nourrir, la soigner, devienne une acrobatie finalement impossible qui vous livre aux cyniques de tout poil. Faites-en sorte aussi que, au moins aux yeux d'un enfant, l'honnêteté ne semble pas payer, bien au contraire.

 

Pour le moment, nous n'avons que le terrain du terrorisme : l'injustice ou, en tout cas, le sentiment d'injustice. Ce n'est que le baril de poudre. Il nous manque la mèche et l'étincelle. Mettez les familles pauvres dans des conditions de vie telles que les enfants, quand ils regardent au dehors, ressentent un profond désarroi. Faites-en sorte que la détresse des petits broient le cœur des aînés. A cela, pour faire bonne mesure, ajoutez la morgue de l'espèce dominante et les rejetons de celle-ci qui, dans les cours de récréation, conspuent ceux qui ne sont pas nés du bon côté de la rue. Ajoutez aussi, pour faire bonne mesure, les commerçants du quartier qui vous regardent d'un mauvais œil alors même que vous dépensez tout votre revenu chez eux.

 

Si cela ne suffit pas encore, soyez stratèges. Je vais vous donner un truc infaillible: arrangez-vous pour humilier publiquement, et en présence de ses enfants, le père ou la mère de famille. Faites-les arrêter, par exemple, à la sortie de l'école alors qu'ils attendent leurs gamins. Ou démontrez qu'ils sont incapables de protéger les leurs en expulsant la famille de son misérable logement. Les larmes d'un père ou d'une mère qu'on aime appellent le sang.

 

Ensuite, attendez tout simplement. Cela peut prendre du temps. Une bombe ne se construit pas comme cela. Il faut que les conditions de vie transforment la misère en humiliation d'une main et en délinquance de l'autre. Les deux pôles du détonnateur sont la violence économique et la répression policière. Alors, un jour ou l'autre, un gamin s'écriera, en voyant partir son père ou son frère dans le panier à salade : « Je te vengerai ! » Là, vous pourrez enfin sabler le champagne: le terrorisme vient de faire une recrue.

 

« Et la religion ! » allez-vous me dire. La religion ? Ce n'est que l'enveloppe identitaire des humiliés, un moyen de se relier, de se reconnaître, de se raccrocher à quelque chose de plus grand que soi, à quelque chose en tout cas que les prédateurs ne partagent pas. L'instigateur du terrorisme, ce n'est ni Allah, ni Jésus, ni Yahvé. C'est l'injustice que couronne l'humiliation. Autrement dit, c'est la société que nous acceptons.

 

27/02/2010

Noisettes et oignons

Lexpress_banques.jpgEn période de disette, l'écureuil qui a le plus gros tas de noisettes et qui sait les protéger a le plus de chance de survivre. Pourquoi croyez-vous que les riches veulent devenir de plus en plus riches ? Pourquoi, alors que la misère s'accroissant et que des pays roulant à la ruine, ces pratiques n'ont jamais été aussi impopulaires, pourquoi les banquiers continuent-ils à s'attribuer des bonus de plus en plus astronomiques et les P.-D. G. à empocher des salaires qui dépassent les plus gros gains du Loto ? La peur! Ils savent ce monde au bord de l'abîme, qui fonctionnait jusqu'ici à leur avantage. Ils sentent que la partie approche de sa fin et que la poule aux oeufs d'or est en train de mourir. Alors, ils se disent que, quel que soit le monde qui nous attend, plus ils en auront, mieux à même ils seront de s'en sortir et de protéger leur descendance. Avec cet argent, ils s'achètent des kilomètres de plage, des dizaines de milliers d'hectares de terre, ils établissent des camps retranchés, se font édifier des châteaux-forts et se paient des milices. De quoi dresser une digue contre la marée de misère et de violence qui s'enfle à l'horizon. Je ne suis pas en train de délirer: ces nouveaux fiefs se multiplient actuellement à la surface de la planète. Ceux qui sont beaucoup moins riches mais encore un peu et qui ressentent une inquiétude diffuse la conjurent en achetant l'impression de sécurité que procure un 4x4. Les plus sages, s'ils en ont les moyens, cultivent leur jardin. En tout cas, soyons vigilants: quand les oignons s'enrobent de peaux épaisses, c'est que l'hiver sera long et rude!