17/10/2007
Le paradoxe d'Abilene
Ou comment se retrouver tous ensemble là où aucun d’entre nous n’avait nulle envie d’aller !
Imaginez le porche d’une maison texane, un dimanche matin. Il y a là, assises sur les marches, sirotant mollement une citronnade, les trois générations : les parents, les enfants, le père et la mère de Madame. C’est l’été et il fait déjà très chaud. Tout le monde semble s’ennuyer à mourir. Le beau-père lance alors une idée : et si on allait déjeuner à Abilene ? Abilene, c’est la « grande ville » qui se trouve à près de 100 km. Les membres de la famille se regardent et bientôt la décision est prise de suivre la suggestion de bon papa.
La voiture familiale est vieille, elle n’est pas climatisée et le voyage, à la rage du soleil, est pénible. Arrivé à Abilène, le petit groupe erre longuement dans les rues à la recherche d’un restaurant. Il finit par jeter son dévolu sur un établissement où la nourriture se révèle aussi chère que mauvaise. On rentre, toujours à la rage du soleil et, de retour à la maison, une dispute éclate. C’était vraiment une idée stupide d’aller déjeuner à Abilene !
Le beau-père se défend : lui-même n’avait pas le moindre désir de déjeuner à Abilene ! Simplement il avait l’impression que tout le monde s’ennuyait et il a lancé cette idée-là, croyant faire plaisir, comme il en aurait lancé une autre. Une fois que tout le monde s’est exprimé, une évidence s’impose : personne n’avait envie d’aller déjeuner à Abilene !
Cette histoire a été vécue par le sociologue américain Jerry B. Harvey, qui l’a théorisée sous l’intitulé de «paradoxe d’Abilene»*.
La vie des entreprises, celle de notre société en général, ne mériterait-elle pas qu’on fasse résolument la chasse au paradoxe d’Abilene ?
Vous voulez faire un exercice ? Listez ce qu’en 2020 vous n’aimeriez pas être, vivre, ou avoir dans votre environnement. Et maintenant, avec une rigoureuse sincérité, relevez toutes les petites et grandes décisions, individuelles et collectives, qui vous emmènent vers cet avenir dont vous ne voulez pas. Enfin, demandez-vous pourquoi les personnes concernées prennent ces décisions…
Et si vous avez des exemples à partager, n'hésitez pas, enregistrez un commentaire sur ce blog !
*The Abilene Paradox and Other Meditations on Management (San Francisco: Jossey-Bass, 1988).
07:20 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : société, management, prospective
Commentaires
Je pense que ce paradoxe n'est pas inéluctable.
Il exige de la maîtrise personnelle et et surtout de l'intelligence suystémique: voir l'artice de Raïmo Hämäläinen et Esa Saarinen (en anglais) sous http://www.systemsintelligence.tkk.fi/systems-intelligence_reflections.pdf
.
Une technique simple pour entamer le voyage: l'échelle d'inférence, la colonne de gauche et le processus de compréhension.
Écrit par : Charles van der Haegen | 18/10/2007
Je pense que ce paradoxe n'est pas inéluctable. Il exige de la maîtrise personnelle et et surtout de l'intelligence suystémique: voir l'artice de Raïmo Hämäläinen et Esa Saarinen (en anglais) sous http://www.systemsintelligence.tkk.fi/systems-intelligence_reflections.pdf . Une technique simple pour entamer le voyage: l'échelle d'inférence, la colonne de gauche et le processus de compréhension.
Écrit par : Charles van der Haegen | 18/10/2007
Un de mes amis, ingénieur Arts & Métiers est arrivé chez moi il y a quelques jours et m'a exprimé son plaisir à avoir fait un travail de traduction.
Cette réflexion m'a enchantée car le plaisir et la joie de faire sont des énergies créatives qui contournent forcément ce paradoxe d'Abilène. Une pincée d'Ici et Maintenant en plus et le paradoxe est dissout.
A tous, je souhaite beaucoup de plaisir et de joie.
Écrit par : Claire | 18/10/2007
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