UA-110886234-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

25/10/2007

Harry Potter

Belle histoire que celle de J.K. Rowlings. On peut aujourd'hui expliquer pourquoi Harry Potter a rencontré un tel succès, il n'empêche que l'auteure elle-même n'aurait pas osé en faire la promesse à son éditeur. Le coup de génie aujourd'hui c'est de cristalliser une attente en suspension dans l'air du temps, présente un peu partout et cependant invisible. C'est un effet de rencontre et ce n'est pas valable que pour la littérature. On peut se prendre à rêver d'un phénomène identique dans d'autres domaines... Ce qui est sûr, c'est qu'on n'atteint pas ce genre de triomphe en scrutant les tableaux de bord et en se fiant aux business plans. Spéculer, modéliser, remplir des tableaux excel est hors de propos.

Pour en revenir aux raisons du succès, il ne tient pas à mon sens qu'à l'écriture. Je me souviens d'un entretien avec Marck Luycks, un ancien de la cellule de prospective de Jacques Delors à Bruxelles, qui y voyait le rejet croissant d'une société qui s'est emprisonnée elle-même dans ses procédures, ses égoïsmes, sa courte vue, son refus de rêver et de se vivre en humanité.

Oui, on peut se prendre à rêver d'un Harry Potter qui, avec sa baguette magique, viendrait à s'intéresser à nos institutions, à nos entreprises, à nos systèmes économiques et à nos façons de vivre et de faire société...

22/10/2007

Un bon produit

En commentaire à ma note "Marketing is dead", un honorable correspondant a évoqué "le bon produit".

Mais qu'est-ce qu'on "bon produit", en tout cas selon moi, aujourd'hui ?

Le définir par son rapport qualité / prix, sa capacité à me faire rêver ou à me mettre en scène, ne me suffit plus.

Ce qui est devenu pour moi important, c'est de tirer le meilleur parti de ressources assurément limitées. J'entends à la fois par ressources le temps et l'énergie dont je dispose et, bien évidemment, mes revenus. Conscient des limites de ceux-ci et de ceux-là, je suis à l'affut de tout ce qui peut me permettre d'en optimiser l'influence sur ce que je juge essentiel.

Dans l'essentiel, il n'y a pas que ma satisfaction de consommateur. J'y mets de plus en plus prioritairement certains enjeux: écologiques, sociaux, humains. Or, que je le veuille ou non, de par ma façon de vivre je nourris le système que par ailleurs je critique. En recherchant la satisfaction de mes besoins plus ou moins fondamentaux, j'apporte de l'eau à des moulins qui ne tournent pas dans le bon sens. En permettant à ceux qui les perpétuent de s'enrichir, j'encourage certaines pratiques qui me heurtent.

Quand on a pris conscience d'une telle contradiction, le risque est de capituler par sentiment d'impuissance. De se dire qu'après tout on n'est qu'un maillon de la chaîne. Que les gens les plus renommés démontrent l'infaillibilité pontificale du marché. Qu'il n'y a, au pire, de dégâts que collatéraux. Et que c 'est en vue d'un bien futur dont il ne faut pas retarder l'avènement. Bref, circulez, il n'y a rien à voir, contentez-vous du rapport qualité / prix, sacrifiez à la rationalité de l'égoïsme et remerciez-nous d'être à vos petits soins. Cela ne vous fait pas penser à une certaine "expérience de Milgram" ?

L'économie est une chaîne d'interactions. Chacun d'entre nous peut se contenter de voir midi à sa porte, et basta! Je revendique la liberté de n'être pas qu'un rouage docile. La promesse de la satisfaction personnelle, serait-elle enveloppée d'insignes satisfactions narcissiques, ne me suffit plus. Je refuse par exemple qu'on accroisse mon pouvoir d'achat au détriment des pauvres gens et de la biosphère. Je refuse qu'on m'encourage dans des comportements irresponsables juste pour que je puisse "me la jouer". Je veux que les flux financiers dont je suis un des points de passage soient source de mieux-être pour tous ceux qui contribuent à la qualité de ma vie.

Un bon produit c'est une pierre qui me propose, d'un seul coup, de faire le plus grand nombre de coups possible.

19/10/2007

Le paradoxe d'Abilene (suite)

9ca1fe8c3beb1abca538d58edad3f82d.jpgDeux questions à Roger Sue*

1. Quel est selon vous le "paradoxe d'Abilene" de notre société : où allons-nous tous ensemble sans en avoir envie mais en croyant qu'il faut y aller ?

La privatisation du social, la marchandisation de l'humain et la "colonisation de l'intime" (cf. Habermas).

2. Comment pouvons-nous éviter cet écueil ?

En dépassant le paradigme de l'économie mixte (Etat/marché) par la mise "en mouvements" de la société civile et des associations, en réactualisant la philosophie politique associationniste.


* Sociologue, professeur à Paris V - Sorbonne, auteur notamment de "La société civile face au pouvoir", "Renouer le lien social. Liberté, égalité, association", "La richesse des hommes. Vers l'économie quaternaire", "La Société contre elle-même".