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04/03/2021

Eloge de l'exercice complotiste (4/7) Les vertus démocratiques de la manipulation

 

4. Les vertus démocratiques de la manipulation

 

A entendre les « gardiens de la vérité », la dérive principale du complotisme se situerait plus loin que la dénonciation plus ou moins avisée de mensonges. Ce serait de voir partout de la dissimulation, des manipulations et des manipulateurs. Une vision du monde pathologique à rendre  dépressive l’humanité toute entière. Il est vrai que l’on a aujourd’hui bien d’autres raisons de déprimer et que voir partout de la manipulation serait déraisonnable. Mais considérer que les manipulations n’existent pas ne l’est-il pas tout autant ? Dans Propaganda, Edward Bernays, l’inventeur des relations publiques, n’expliquait-il pas grosso modo que la démocratie est utopique parce que, réunis en masse, les êtres humains sont stupides et dangereux ? Il considérait que le pouvoir doit être entre les mains d’une minorité intelligente et qu’il convient donc, pour le bien-être de la société et afin d’éviter de recourir à la solution brutale de la dictature, de manipuler le peuple. Il écrivait cela en 1928. Depuis lors, les méthodes qu’il prônait ont fait d’immenses progrès. Mais, de son temps déjà, Bernays en avait montré le pouvoir: pour satisfaire ses clients industriels, grâce au génie de ses campagnes les femmes se mirent à fumer et le petit-déjeuner «  bacon and eggs » devint la norme des foyers américains. Vous devinez quels étaient en l’occurrence ses commanditaires. Parmi ses autres titres de gloire, Bernays contribua à rien de moins qu’au renversement d’un régime démocratique en Amérique latine. 

 

La main invisible

 

Une autre critique que l’on fait aux complotistes est que, pour eux, tout étant suspect, derrière les phénomènes auxquels ils s'intéressent ils ne veulent que voir l’œuvre d’une main invisible. Comme le personnage du film « Complots », ils recensent et relient des observations hétéroclites et élaborent le scénario qui démontre l’existence d’obscures machinations. Mais cet acte intellectuel, en soi, n’est-il pas l’expression même de l’intelligence - inter-ligere, relier - et de la compréhension - de cum « avec » et prehendere « prendre, saisir », prendre ensemble ? Rassembler des observations et déceler les relations invisibles, n’est-ce pas là même le processus du diagnostic ? C’est une des facultés intellectuelle dont Conan Doyle fera la singularité de Sherlock Holmes. Où Watson voit tout et ne comprend rien, Sherlock Holmes, parce qu’il perçoit les relations qui font système, fait la lumière dans les affaires les plus opaques. 

 

En ce qui me concerne, je suis persuadé que, pour un certain nombre d’événements, tout se passe en effet comme s’il y avait une main invisible alors qu’il n’y en a aucune. Des initiatives indépendantes les unes des autres peuvent faire système. De dynamiques hétérogènes qui se rencontrent peut se dégager une résultante donnant l’illusion d’une coalition volontaires de forces visant un objectif commun. Cela, c’est l’amont. En aval, de même, un évènement peut constituer un effet d’aubaine, une opportunité pour certains joueurs d’avancer leurs pions, sans être pour quelque chose dans son apparition. Quand, le 28 juillet 1914, le nationaliste serbe Gavrilo Princip assassine à Sarajevo l’archiduc François-Ferdinand et son épouse, il n’a peut-être pas l’objectif de plonger l’Europe dans un bain de sang de quatre ans. Mais son attentat a fourni l’opportunité dont avaient besoin d’autres acteurs du drame historique pour faire valoir leurs projets. Il arrive ainsi que l’on enfourche un cheval qui passait par là. On peut ajouter à cela la tendance humaine à l’imitation, qui peut transformer une vague en tsunami et une épidémie de croyances en pandémie. La montée des bellicismes ou la spéculation financière fournissent de cela des illustrations spectaculaires. 

 

Pour autant, il ne paraît pas non plus inconcevable que, dans certains cas, des « coïncidences » résultent d’une ingénierie de plus ou moins longue main et qu’on soit devant un spectacle de marionnettes. D’autant que le grand art, alors, est de faire disparaître les auteurs derrière l’apparente spontanéité d’un phénomène ou de détourner l’attention vers un leurre. Dans l’impossibilité technique d’atteindre sa cible, mais lui-même convaincu de l’avoir fait, Lee Harvey Oswald a constitué le leurre parfait. Il est alors vital de se demander qui a écrit le scénario, qui tire les ficelles, et à quelle fin. L’histoire que l’on découvrira peut-être risquera d’être plus compliquée que celle de « Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil ». C’est comme les djihadistes solitaires: ils peuvent agir seuls mais ils ont mûri dans un milieu. On peut choisir de fermer les yeux. J’ai évoqué dans une précédente chronique comment l’industrie pharmaceutique a déployé au fil des années un réseau d’influenceurs, tant au sein des laboratoires de recherche que parmi les journalistes, les hommes politiques, les fonctionnaires et les institutions de santé. Ceci est un fait - à l’origine aussi invisible aux yeux du citoyen que le facteur mortifère de Semmelweis. La fièvre du Covid l’a rendu un peu visible. Encore n’a-t-on aperçu que la pointe de l’iceberg. Heureusement la partie immergée a été explorée par les auteurs du livre « Les maîtres de la raison » auquel je vous renvoie. 

 

Le réseau d’influenceurs de BigPharma a, par exemple, permis de livrer, sur les cinq continents et auprès de tous ceux qui auraient pu les prescrire, une guerre impitoyable aux traitement précoces du Covid. Les moyens mis en oeuvre ont permis de produire et publier une énorme étude canularesque contre l’hydroxychloroquine. Le temps que la revue The Lancet, dont la bonne foi aurait été surprise, découvre la vérité et la retire, c’est-à-dire quelques jours, cette publication avait déjà donné le motif - ou le prétexte - à l’OMS et à divers gouvernements d’en interdire l’administration. Simultanément, la prise de parole apparemment spontanée de dizaines de « scientifiques », le dénigrement violent des voix discordantes et les fondements aberrants de la politique sanitaire - « il n’existe pas de traitement contre le covid » - sont passés aux yeux du grand nombre comme le consensus qui ne se discute pas*. 

 

Selon moi, il n’est ni irrationnel ni illégitime, il est même hygiénique, devant certains phénomènes, évènements ou agissements difficiles à interpréter, de se poser la question d’une possible main invisible. On a beaucoup parlé de BigPharma, mais d’autres secteurs industriels n’ont pas manqué de développer leurs réseaux d’influences pour se prémunir tant des prises de conscience et des résistances des consommateurs que des accès de lucidité et de vergogne du législateur. Je vous les laisse trouver. 

 

* Arte vient d'apporter de l'eau à mon moulin avec son reportage "La Fabrique de l'ignorance": https://www.arte.tv/fr/videos/091148-000-A/la-fabrique-de... 

 

(Prochain épisode: Les défenseurs de la vérité)

 

18/02/2010

Personne n’a envie de mourir

 

Cette note figure désormais dans le recueil

Les ombres de la caverne

Editions Hermann, juillet 2011

15/12/2009

De Sylvie Simon sur l'OMS

OMS: Organisation Mondiale de la Santé.

"Je tiens à vous signaler que mon dernier envoi sur la corruption de l'OMS est écrit par moi-même, et les références sont incluses, à part l'interview de Jefferson par Der Spiegel, qui date du 21 juillet 2009 et que j'ai omis de dater. Ce texte sera publiée dans Nexus, puis dans mon prochain livre sur la santé. Vous pouvez tout de même le diffuser sans attendre, car il FAUT que les gens qui se réfèrent à l'OMS sachent ce qu'il en est vraiment. Merci d'avance. Sylvie Simon."

Voici le texte auquel Sylvie Simon fait référence: Sylvie Simon_OMS.doc