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06/01/2008

Encore un poème!

Merci à Michel, mon copain des années d'enfance, retrouvé enfin, pour ce poème de Robert Desnos:

Je chante ce soir non ce que nous devons combattre
Mais ce que nous devons défendre.
Les plaisirs de la vie.
Le vin qu'on boit avec les camarades.
L'amour.
Le feu en hiver.
La rivière fraîche en été.
La viande et le pain de chaque repas.
Le refrain que l'on chante en marchant sur la route.
Le lit où l'on dort.
Le loisir.
Le sommeil, sans réveils en sursaut, sans angoisse du lendemain.
La liberté de changer de ciel.
Le sentiment de la dignité et beaucoup d'autres choses
Dont on refuse la possession aux hommes.

Moments in life

Je poursuis l'inventaire du courrier arrivé pendant ma déconnexion jurassienne... Cette fois-ci c'est un poème. Merci Dominique!

Moments in life.doc

05/01/2008

Effets de levier

(1) Mattel

C’est une de ces innombrables pacotilles que la mondialisation répand à la surface du globe et dont des centaines de milliers d’exemplaires se vendent à Noël. Prix de vente unitaire d’un de ces articles en magasin : 39,99 $. Rémunération de l’ouvrière par objet fabriqué : 0,19 cent. Chiffre d’affaires de l’entreprise Mattel (2006): 5,6 milliards $. Bénéfice (2006): 592,9 millions $.

Quel effet de levier pour 0,19 centimes de main d’œuvre !

(2) Marie-Claude Hessler

« Que voulez-vous qu’on y fasse ! » Quand je ne connais pas la personne qui fait cette réponse, je me demande s’il s’agit d’un aveu d’impuissance ou d’une dérobade. Le jour où Marie-Claude Hessler* découvre les conditions de travail épouvantables des ouvrières qui, en Chine ou au Mexique, fabriquent les joujoux éphémères destinés à nos chers petits, il n’est pas question d’esquive ou de résignation ! Voilà une des choses qui distinguent les êtres humains : l’aptitude ou non à se sentir concerné par les injustices dont on n’est pas soi-même la victime. Pour Marie-Claude Hessler, la vraie question a été tout de suite : « Comment agir ? » Voilà encore qui fait la différence: entre ceux qui, ayant constaté que quelque chose ne va pas, finissent par trouver des accommodements avec leur conscience, et les autres qui, faisant le même constat, entrent dans l’action.

La capacité à décider et à se mettre en marche étant là, faut-il encore être efficace. Comment agir quand le rapport de force est disproportionné ? Quand, face à un géant, on est tout petit, inconnu - epsilonesque ? Et comment - les bons sentiments n’étant pas toujours stratèges - ne pas glisser dans l’anecdotique? Ici, il faut se méfier des cages dans lesquelles notre esprit peut s’enfermer. Il est très facile de retomber dans le sentiment d’impuissance qui excuse tous les renoncements. Marie-Claude Hessler, elle, achète 50 actions de la société concernée: elle a en effet repéré que la détention d’une poignée de titres procure un droit de parole règlementaire de trois minutes à l’assemblée générale annuelle. Oui, vous avez bien compris : la petite dame, avec son portefeuille de trois francs six sous, va se « pointer » à l’assemblée générale annuelle du géant, à Los Angeles, et y prendre la parole ! Prise de conscience, décision, capacité à imaginer une stratégie… Tout cela n’est rien, en effet, si on n’y ajoute cet ingrédient indispensable: le courage.

Il faut un autre ingrédient encore : la persévérance. Cela fait dix ans que Marie-Claude Hessler se fait entendre ainsi à la grand messe capitaliste. Selon les années, elle rassemble de 4 à 12% des voix. Son influence s’affirme. Les moyens pour elle de se faire entendre se multiplient. Elle se retrouve invitée à prendre la parole dans la presse écrite et parlée. Certains grands actionnaires commencent à s’émouvoir de ce qu’elle les oblige à entendre.

Quel effet de levier pour 50 actions !

* Article sous la signature de Mustapha Kessous dans Le Monde du 29 décembre 2007.