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05/02/2008

Désintoxication: la semaine sans média

J'ai déjà évoqué "la semaine sans média", cet exercice selon moi remarquable que propose Isabel Fouchecour. Pour fleurir, la pensée, la créativité, la conscience ont besoin à la fois d'espace intérieur, de communication avec nos semblables et de connexion à notre environnement. Voici sur le blog d'Isabel quelques témoignages récents d'étudiants qui ont tenté l'aventure: http://creativite.typepad.com/isafouchecour/

J'en profite pour signaler l'ouvrage écrit par deux américaines, Ellen Schwartz et Suzanne Stoddard: Taking back our lives in the age of corporate dominance (Berrett-Koehler Publishers, San Francisco).

04/02/2008

Eloge de la conversation

Le thème de la « conversation » est en train d’émerger, comme on dit, et je ne serais pas surpris qu’il soit bientôt repris en France par des consultants à la mode. Théodore Zeldin, il y a déjà quelques années, a écrit un joli petit livre, et profond, sur le sujet. Plus récemment, Margaret Wheatley, consultante américaine renommée, a publié Turning to one another qui est une invitation à «remettre en conversation» les choses qui nous importent. Ces derniers mois est paru, sous la signature de Juanita Brown et David Isaacs, Shaping our futures through conversations that matter. Et voilà que mon ami Manfred Mack me signale qu’Humberto Maturana, biologiste, cybernéticien et philosophe, décrit les organisations comme des «réseaux de conversations». Un courant, manifestement, se dessine, que confirme sur le blog de Christian Mayeur, toujours à la pointe de la sensibilité contemporaine, un joli texte:

Au XXIème siècle, l'investissement le plus rentable et le moins polluant, c'est la conversation. Conversation pour apprendre, conversation pour s'amuser, conversation pour s'aimer, conversation pour résoudre des problèmes, conversation pour inventer des solutions aux défis inédits, conversations pour hybrider les imaginaires, conversations à l'échelle de la planète, conversations pour envelopper notre monde de signes et produire moins d'objets et de trajets inutiles. Un univers de relation créative qui sera l'empreinte culturelle de la société de l'immmatériel. Une économie légère, créatrice de richesse, écologique au sens premier.*

Je trouve pleine de pertinence la représentation que nous propose Maturana. Qu’il s’agisse du dialogue de Socrate avec Phèdre qui permet à ce dernier de progresser vers la vérité ; d’une confidence devant la machine à café qui viendra grossir le ruisseau d’une rumeur ; d’une information glissée entre deux portes ou d’une prise de parole plus formelle – tous ces registres, au surplus, s’enchevêtrant à chaque seconde - la parole est le continuum de l’humain. A tout moment, l’entrecroisement invisible des discours et des silences ouvre et ferme le cheminement des pensées et des actions. Ce «réseau de conversations», pour reprendre l’image de Maturana, est comme l’activité cérébrale du corps social. Ce n’est pas pour rien que les régimes qui se sentent menacés interdisent les réunions et censurent aujourd’hui l’Internet : ce n’est pas le fait que les gens se retrouvent qui les inquiète, c’est le fait qu’ils se parlent et que, par la parole et l’écoute, se tissent entre des humains de nouvelles façons de voir le monde et la vie. Dans sa banalité, la conversation est le foyer des révolutions. Comme le dit Peter Senge, « le changement commence dans les salles à manger ».

Cela dit, si converser c’est d’une certaine manière bavarder, bavarder pour autant n’est pas toujours converser. Dans nos sociétés, il y a aujourd’hui, pour les pouvoirs, des façons plus subtiles qu’une descente de police de s’assurer l’innocuité des «discussions de salle à manger». En fournissant, par exemple, le sujet des conversations. Pendant qu’on parle d’une chose, serait-ce pour la brocarder, les autres ne risquent pas de prendre vigueur dans les esprits. Décidément, la vigilance est à l’ordre du jour.

* http://www.entrepart.com/blog/index.php

01/02/2008

L'hommage de l'hypocrisie

L'Alliance pour la Planète dénonce l'abus de la référence écologique pour valoriser une marque, des produits ou des services qui restent contestables dans ce registre. Toutes les figures de rhétorique y passent. L'induction, par exemple, est largement utilisée: on mettra en scène un 4X4 dans un paysage naturel. La couture floue aussi: on utilisera des expressions comme "un immense parc d'éoliennes" qui ne permettent pas de mesurer vraiment l'effort de la société concernée. L'Ancien Régime connaissait la "savonnette à villain". Les réseaux mafieux ont inventé le blanchiment de l'argent. Voici donc le "blanchiment écologique"... à moins qu'il vaille mieux parler de "verdissage" ?

Eh! bien, ces abus me rassurent. La Rochefoucauld disait: "L'hypocrisie est un hommage que le vice rend à la vertu". Si tant de sociétés ont besoin de se parer des vertus de l'écologie, c'est qu'elles reconnaissent la montée de cette exigence chez les consommateurs et les citoyens. Mes amis, ce que leurs services de marketing, à travers leurs messages hypocrites, nous disent, c'est que nous sommes nombreux, de plus en plus nombreux et qu'on est obligé de nous prendre en compte!

Un avertissement: plus que jamais, méfions-nous des illusionnistes!

En savoir plus: http://www.lalliance.fr/xmedia/atelier_BVP/index.html