07/10/2009
Dialogique
J’ai toujours du mal à me faire comprendre lorsque j’évoque la question de la responsabilité au sein de la société. En effet, je soutiens l’opinion paradoxale que le fauteur de violence est totalement responsable de ses actes en même temps que la société est totalement responsable de l’apparition de fauteurs de violence en son sein. Quand vous vous trouvez sur le mode binaire – 0 ou 1, noir ou blanc, etc. - difficile de comprendre un pareil point de vue. Cependant, il me semble assez clair que nier la liberté de l’autre, c’est lui enlever la possibilité - donc la responsabilité - de se structurer en accord avec les besoins d’une société pacifique. C’est une belle occasion pour lui de laisser impunément libre cours aux impulsions que nous avons tous - cf. la délinquance en costume trois pièces - mais devons impérativement dépasser. Mais, pari passu, considérer que la société n’est pas la matrice de ce qui se produit en elle-même, c’est une erreur d'analyse et c'est aussi offrir un terreau aux maux que partout et toujours la misère et l’humiliation, jointes à la culture de valeurs purement matérielles et narcissiques, ont engendrés. Il y a une responsabilité individuelle et une responsabilité collective et aucune des deux n’est réductible à l’autre. La sagesse des Nations, dit que le fondement de la société humaine est double : le lien et la loi.
14:16 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : société, violence, dialogique
28/07/2009
Le diable et le Bon Dieu
Cette note figure désormais dans le recueil
Les ombres de la caverne
Editions Hermann, juillet 2011
19:56 | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : société, manipulation, violence, bavure
13/07/2009
Science et vie
Je me souviens encore d'un article de Sciences et Vie - c'était il y a près de cinquante ans - le premier que j'aie lu sur les transferts névrotiques de l'être humain vers les animaux de compagnie. Vous avez sans doute souvent constaté comme moi combien certains chiens aboient et enragent pour un rien. La thèse de l'article était que ces animaux expriment l'inconscient des humains avec qui ils vivent. On y citait le cas d'un loulou de Poméranie qui devenait quasiment fou, au point de mordre sa maîtresse, dès que quelqu'un sonnait à la porte. En fait, c'était cette femme qui était angoissée lorsque retentissait la sonnette. Elle sursautait, bondissait de son sofa, se précipitait vers la porte, dégageait probablement des phéromones de peur, et communiquait ainsi son agitation au système nerveux de son chien. C'est amusant de voir un processus habituellement intrapsychique - la colère est souvent une métamorphose de la peur - rendu visible grâce à un détour par le psychisme d'un animal.
Plus tard, j'ai pu observer les mêmes phénomènes s'agissant des êtres humains entre eux: il suffit que le chef, fût-il lointain, fronce les sourcils pour que, de proche en proche, une vague d'avanies balaye l'organisation. L'actualité récente, qu'il s'agisse ou non de bavures, nous appelle à réfléchir sur la façon dont la violence se transmet au sein de nos sociétés. Je ne crois pas que les gardiens de l'ordre soient des êtres différents de nous et qu'ils aient une plus grande envie d'en "découdre" que le citoyen moyen. Ils font un métier plus difficile que la plupart d'entre nous. Ils sont souvent en danger, souvent soumis à des provocations, et ils doivent à la fois faire usage de la force et se méfier des sources psychiques de l'énergie dont ils ont besoin pour obéir aux ordres. En revanche, c'est un fait constant dans l'Histoire, l'éthos de la police est toujours en relation avec celui des dirigeants du pays. C'est ainsi que, dans certains cas, elle peut révéler le "magma" - comme écrit Claude Simon dans L'acacia - que feraient oublier les manières policées et les costumes bien coupés de nos souverains. Les ongles manucurés sont censés nous faire oublier - mais nous rappellent aussi - que les griffes du prédateur sont là.
Qu'est-ce qui, dans l'actualité, m'a entraîné dans ces réflexions ? Cette évacuation d'un squatt où Joachim Gatti, un cameraman, a perdu un oeil à la suite de l'impact d'un flashball. http://www.rue89.com/2009/07/12/a-montreuil-la-police-vis... . C'est quand même triste de voir monter ainsi la tension dans un pays où, comparativement à bien d'autres, on ne vit pas si mal que cela. Y en aurait-il qui ne le trouverait pas assez propre ? Faisons attention. Il vient un moment où la lessive se fait dans le sang...
08:33 | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : société, ordre, répression, police, violence