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19/10/2007

Le paradoxe d'Abilene (suite)

9ca1fe8c3beb1abca538d58edad3f82d.jpgDeux questions à Roger Sue*

1. Quel est selon vous le "paradoxe d'Abilene" de notre société : où allons-nous tous ensemble sans en avoir envie mais en croyant qu'il faut y aller ?

La privatisation du social, la marchandisation de l'humain et la "colonisation de l'intime" (cf. Habermas).

2. Comment pouvons-nous éviter cet écueil ?

En dépassant le paradigme de l'économie mixte (Etat/marché) par la mise "en mouvements" de la société civile et des associations, en réactualisant la philosophie politique associationniste.


* Sociologue, professeur à Paris V - Sorbonne, auteur notamment de "La société civile face au pouvoir", "Renouer le lien social. Liberté, égalité, association", "La richesse des hommes. Vers l'économie quaternaire", "La Société contre elle-même".

17/10/2007

Le paradoxe d'Abilene

Ou comment se retrouver tous ensemble là où aucun d’entre nous n’avait nulle envie d’aller !

Imaginez le porche d’une maison texane, un dimanche matin. Il y a là, assises sur les marches, sirotant mollement une citronnade, les trois générations : les parents, les enfants, le père et la mère de Madame. C’est l’été et il fait déjà très chaud. Tout le monde semble s’ennuyer à mourir. Le beau-père lance alors une idée : et si on allait déjeuner à Abilene ? Abilene, c’est la « grande ville » qui se trouve à près de 100 km. Les membres de la famille se regardent et bientôt la décision est prise de suivre la suggestion de bon papa.

La voiture familiale est vieille, elle n’est pas climatisée et le voyage, à la rage du soleil, est pénible. Arrivé à Abilène, le petit groupe erre longuement dans les rues à la recherche d’un restaurant. Il finit par jeter son dévolu sur un établissement où la nourriture se révèle aussi chère que mauvaise. On rentre, toujours à la rage du soleil et, de retour à la maison, une dispute éclate. C’était vraiment une idée stupide d’aller déjeuner à Abilene !

Le beau-père se défend : lui-même n’avait pas le moindre désir de déjeuner à Abilene ! Simplement il avait l’impression que tout le monde s’ennuyait et il a lancé cette idée-là, croyant faire plaisir, comme il en aurait lancé une autre. Une fois que tout le monde s’est exprimé, une évidence s’impose : personne n’avait envie d’aller déjeuner à Abilene !

Cette histoire a été vécue par le sociologue américain Jerry B. Harvey, qui l’a théorisée sous l’intitulé de «paradoxe d’Abilene»*.

La vie des entreprises, celle de notre société en général, ne mériterait-elle pas qu’on fasse résolument la chasse au paradoxe d’Abilene ?

Vous voulez faire un exercice ? Listez ce qu’en 2020 vous n’aimeriez pas être, vivre, ou avoir dans votre environnement. Et maintenant, avec une rigoureuse sincérité, relevez toutes les petites et grandes décisions, individuelles et collectives, qui vous emmènent vers cet avenir dont vous ne voulez pas. Enfin, demandez-vous pourquoi les personnes concernées prennent ces décisions…

Et si vous avez des exemples à partager, n'hésitez pas, enregistrez un commentaire sur ce blog !

*The Abilene Paradox and Other Meditations on Management (San Francisco: Jossey-Bass, 1988).

16/10/2007

Gaston Berger

Philippe Durance signale la parution d'un recueil de textes de Gaston Berger, le pionnier et philosophe de la prospective française, aux éditions L'Harmattan. Ce recueil rassemble seize textes écrits entre 1955 et 1966.

Je dois à Armand Braun, le valeureux animateur de la Société Internationale des Conseillers de Synthèse, d'avoir découvert il y a bien longtemps la pensée de Gaston Berger. Ce que ce dernier dit de l'avenir est resté, comme un crédo, gravé dans ma mémoire.

L'avenir, dans sa vision, est le résultat de trois forces:

- les déterminismes, ce à quoi nous ne pouvons rien changer,
- le hasard,
- notre liberté.

Etayée par la créativité, notre liberté, si elle n'abdique pas, peut donc faire des miracles.

Son plus grand ennemi: le sentiment d'impuissance, toujours illusoire selon moi.