UA-110886234-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

15/10/2007

Christian Mayeur

L'Art au service de l'intelligence stratégique...

Je reçois cette invitation de l'auteur de Le Manager à l'écoute de l'artiste et je me fais un plaisir de vous la faire partager :

"Bonjour / hello,

Je suis heureux de vous informer de l'ouverture de notre blog [A+M=I], le blog ouvert à l'énergie d'entreprendre et de transformer les organisations, leurs relations avec leur environnement et la société en croisant l'art et le leadership, le réel et le virtuel, le pragmatisme et la créativité. [A+M=I] est ouvert à vos idées, commentaires, remarques et fulgurances créatrices. La version anglaise de www.entrepart.com est également disponible.

English version of www.entrepart.com and our blog [A+M=I] are now available. [A+M=I] is dedicated to [Art+Leadership] transformative energy. Please feel free to visit us and to share your ideas, visions, suggestions, insights, enlightments. Let's create !

Bien sincèrement / Warm regards

Christian Mayeur."

J'ai des souvenirs mémorables d'un séminaire que j'ai organisé à l'automne 2006 avec Christian Mayeur autour de l'art contemporain.

Comme l'écrit Alain Berthoz dans La décision, notre cerveau est un émulateur d'univers probables. C'est grâce à cela que nous pouvons vivre, survivre et agir avec quelque efficacité. Grosso modo, nous nous construisons une représentation du monde à partir de notre expérience de ce qui marche. Ensuite, notre cerveau anticipe nos perceptions et, sur la base de quelques repères, identifie les objets et les êtres qui nous entourent, donne une interprétation aux situations que nous vivons. Quand nous croyons regarder la réalité, nous regardons en fait une image qui, à 85 %, est le produit de notre activité cérébrale.

Le problème, c'est que nous oublions à quel point cette représentation est relative et qu'elle nous voile le monde en même temps qu'elle nous le dévoile. D'où les décisions absurdes, les aveuglements, les stratégies que l'on répète parce qu'elles nous ont réussi, sans nous rendre compte que leur pertinence n'est plus fondée. Le mimétisme naturel de l'espèce, l'aspiration à la conformité achèvent de verrouiller le cercle vicieux d'une pensée automatisée.

Christian Mayeur nous propose un antidote que je trouve puissant. Il nous invite à voir le monde en empruntant un regard étrange, perturbant, celui des artistes contemporains. Ce faisant, il nous donne une chance de percevoir ce qui se situe en dehors de nos constructions mentales. Un exercice salutaire qui invite à l'indiscipline intellectuelle. Pour le plus grand bien de la lucidité.

10/10/2007

Marketing is dead

http://www.marketingisdead.net/

"Si vous êtes curieux, si vous êtes impertinents, et surtout si vous êtes à la fois curieux et impertinents, bienvenue sur Marketing is dead."

Voilà le genre d'invitation que j'aime bien. Aussi, je vais apporter à François Laurent mon témoignage de « consommateur » (les guillemets ont leur importance).

C'est peut-être la saturation des excès accumulés, mais j'en ai assez d'être le micheton racolé vingt-quatre heures par jour, partout, dans les rues, sur les quais du métro, devant l’écran de la télévision ou de l’ordinateur et jusque dans la poche où je mets mon portable.

Le ridicule des « messages » y cotoie le mauvais goût. Mais la faute de goût n'est pas le plus grave dans cette affaire. Le plus insupportable pour moi, c’est l’histoire qu’on me propose : celle d’une humanité réduite à des imbéciles qui se la jouent grave, comme disent mes ados, parce qu’ils vont pouvoir se payer le dernier truc à la mode, four à micro-ondes, 4x4 ou streetwear de chez Machin-Bidule.

J’en ai assez également que l’on usurpe des sentiments nobles. J’ai du respect pour le commerce. J’ai la conviction qu’il est utile et qu’il peut être un levier du progrès. Mais ne mélangeons pas les genres. Quand des marques vantent le "plus d'amour" qu'il y a dans leurs produits industriels, j'ose espérer qu'elles se ridiculisent et que pas une mère de famille ne tombe dans le panneau.

J’en ai assez qu’on me propose de consommer toujours plus, alors que déjà notre activité détruit la planète aussi sûrement que le néant gagne le monde d'Une histoire sans fin. Plutôt que remplacer ma vieille voiture, je préfère la faire durer et que les ours blancs aient un peu plus de place pour se promener avant de disparaître. Il faut être stupide ou criminel pour acheter le droit de frimer au prix qu’on le fait payer à la planète.

J’en ai assez qu’on me propose de consommer toujours plus, moi qui suis déjà gavé, sans que cette croissance profite à ceux qui en ont le besoin le plus cruel. Il fut une époque où l’économie savait simultanément créer de la richesse et accroître le revenu des gens. Depuis que le marché s’est substitué au territoire, ce cercle vertueux a été rompu.

J’en ai assez que l’information soit choisie en fonction de l’audience qu’elle va mobiliser. Le problème de l’information, dans une démocratie, ce n’est pas celle qu’on nous montre : c’est celle qu’on ne voit pas et dont on n’a même pas l’idée. A vous faire regretter la télévision gaullienne !

J’en ai assez, au final, que mes semblables et moi on nous prenne pour des imbéciles.

Alain de Vulpian le montre clairement dans « A l’écoute des gens ordinaires » : en cinquante ans, nous avons beaucoup mûri. Nous avons acquis, entre autres choses, du recul. Nous savons que le véritable enjeu de l’économie aujourd’hui, ce n’est plus de remédier à la pénurie qu’ont connue nos parents. Aujourd’hui, il s’agit de capturer des flux financiers, les vôtres, les miens, les gros, les petits, les moyens, ceux d’ici et d’ailleurs, afin d’alimenter un système dans lequel nous sommes de moins en moins nombreux à nous reconnaître parce qu’il ne profite pas à l’humain.

C'est à vous donner une envie de décroissance !

Je suis d'accord avec François Laurent: le marketing est mort et s'il ne l'est pas, nous autres, qu’il prend encore pour des consommateurs, on finira par avoir sa peau.

07/10/2007

Gunter Pauli

6c79e3fb97b426868b048bc1995bcb21.jpgHier, conférence à Paris de mon ami Gunter Pauli à l’occasion de la sortie en France de son livre « Croissance sans limites » (Editions Quintessence).

Avec une partie de l’humanité qui manque cruellement d’eau, de nourriture, d’abri et de soins médicaux, avec des milliers d’espèces menacées ou qui, déjà, disparaissent, et avec la montée en puissance d’économies émergentes qui pèsent de plus en plus lourdement sur une biosphère fragilisée, nous marchons au bord du gouffre.

Pourtant, jamais le savoir et la puissance rassemblés par notre espèce n’ont été aussi grands et, si vous les interrogez, les gens vous diront massivement qu’ils ne veulent pas de ce monde-là…

Selon Gunter Pauli, il nous faut absolument renouveler la façon dont nous nous représentons la performance économique. Cette représentation nous enferme dans un monde sans avenir. Elle s’oppose à toute innovation fondamentale. Elle nous interdit même de rêver.

Gunter dénonce la « pensée linéaire ». Il le fait à bon droit. Jeune chef d’entreprise, dirigeant d’Ecover, il était très fier d’avoir créé une gamme de produits à base d’ingrédients « bio ». Il avait bonne conscience, ses clients aussi, et il se prenait pour un pionnier. Un jour il découvrit que, pour approvisionner son usine, on ravageait la forêt indonésienne ! Certains auraient trouvé des accommodements avec leur conscience. Lui, il ne l’a pas supporté.

Cette cruelle remise en question l’a amené à la création de ZERI : Zero Emission Research Initiative, une fondation hébergée par l’Université des Nations-Unies à Tokyo et dont il est depuis dix ans le dirigeant et le commis-voyageur infatigable. ZERI est un système de fertilisation croisée : un double réseau de scientifiques et d’entrepreneurs qui a engendré de spectaculaires réalisations en Afrique, aux Fidji, en Suède, en Colombie, au Japon, etc.

Selon Gunter, les processus naturels sont fondamentalement généreux. C’est notre façon de les utiliser qui, aujourd’hui, génère des pénuries artificielles. Par exemple, lorsqu’on a extrait le 0,20% de la biomasse du café qui se retrouvera dans votre tasse, on jette le reste : 99,80% ! Or, de ces 99,80%, en imitant les processus naturels, on peut tirer bien des richesses qui amélioreront l’ordinaire des petits fermiers.

Gunter plaide pour un renouvellement de l’éducation. Nous savons analyser mais nous ne savons pas faire de synthèses. Cela nous amène à cloisonner sans cesse: les disciplines, les activités, les compétences, les intérêts. Cette forme de pensée peut stimuler, à court terme, des performances spécifiques, mais elle tue la performance globale et durable dont nous avons besoin. Elle fabrique des déchets qui n’existent pas. Il est urgent d’apprendre dès le plus jeune âge les modes de pensée systémique.

Interrogé sur les leviers de changement, Gunter répond : les entrepreneurs. Eux savent penser ce qui n’existe pas encore.