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14/11/2020

La prospective est un art: un exemple

 

 

Il y a longtemps que j’ai acquis la conviction que les écrivains et les artistes font les meilleurs prospectivistes. A cela je vois au moins deux raisons. La plus évidente est que le processus créatif de la fiction peut tout se permettre alors que la méthodologie de la prospective a dans ses coulisses le désir de rester rationnel. Or, le rationnel n’est qu’un critère mental, la réalité qui nous échappe dans sa majeure partie n’a que faire de s’y soumettre. La seconde raison est que l’artiste, consciemment ou inconsciemment, chevauche les mêmes fantasmes que ceux qui, souterrainement, orientent les choix et l'histoire de l'humanité. On s’étonne des anticipations de certains romans qui, par exemple, prédisaient que l'homme volerait, marcherait sur la Lune, communiquerait à distance, etc. Mais, portés par la foi en cette puissance naissante de la technique, ces écrivains ont simplement imaginé la concrétisation des rêves nichés au coeur de notre espèce. D’autres ont suivi des inspirations différentes, comme Herbert George Wells, et ont extrapolé les dérives possibles de l’avenir à partir des dérives humaines dont ils avaient l'intuition.

 

Mon amie Scully, qui n’est jamais à court de trouvailles étonnantes, m’a transmis un bel exemple de prospective que l'on pourrait dire spontanée. Marc Moulin, dont j’avoue que jusqu’à ce jour il m’était inconnu, a écrit en 2003 le texte qui suit.

 

« Je nous vois déjà dans 20 ans. Tous enfermés chez nous. Claquemurés (j’adore ce verbe, et ce n’est pas tous les jours qu’on peut le sortir pour lui faire faire un petit tour). Les épidémies se seront multipliées: pneumopathie atypique, peste aviaire, et toutes les nouvelles maladies. Et l’unique manière d’y échapper sera de rester chez soi. Et puis il y aura toujours plus de menaces extérieures: insécurité, vols, attaques, rapts et agressions (…). La vie de « nouveaux prisonniers » que nous mènerons alors sera non seulement préconisée, mais parfaitement possible, et même en grande partie très agréable. Grâce au télé-travail qui nous permettra de bosser à la maison tout en gardant les enfants (qui eux-mêmes suivront l’école en vidéo-conférence). Grâce à Internet qui nous épargnera bien des déplacements: on n’aura plus besoin ni de poster les lettres, ni d’acheter un journal «physique», ni d’aller faire la file dans les administrations. (…). Dans les rues, il ne restera plus que des chiens masqués qui font seuls leur petite promenade (pas de problème, sans voitures), et du personnel immigré sous-payé en combinaison étanche, qui s’occupera de l’entretien des sols et des arbres. D’autres s’occuperont de la livraison de notre caddy de commandes à domicile.


Alors nous aurons enfin accompli le dessein de Big Brother. Nous serons des citoyens disciplinés, inoffensifs, confinés, désocialisés. Nous serons chacun dans notre boîte. Un immense contingent de «je», consommateurs inertes. Finie l’agitation. Finie la rue.»

(Vers la civilisation du couvre-feu 2003)

 

Qui était Marc Moulin ? Un prospectiviste ? Non point. C’était un personnage aux multiples facettes: pianiste, compositeur, animateur et producteur de radio, humoriste, chroniqueur et touche-à-tout. Il paraît qu’il avait aussi imaginé la crise financière de 2007.

 

La « prédiction » que je viens de reprendre est le produit d’une synthèse, donc d’abord d’un certain nombre d’observations qui ont dû se combiner et mariner dans son esprit jusqu’à donner un récit tellement juste qu’il en était prémonitoire. A rendre follement jaloux les adeptes des méthodologies bien explicites !

 

On pourrait décortiquer les éléments de ce texte pour tenter de remonter aux sources de sa pertinence. Il en est deux qui sous-tendent principalement le récit et qui piquent ma curiosité: comment Marc Moulin a-t-il pu penser en 2003 que les pouvoirs publics seraient capables de décréter un confinement - alors qu’à ma connaissance il n’y avait pas de précédent d’une telle politique - et les citoyens de l’accepter ? J'ajouterai une question subsidiaire: comment son texte a-t-il été, à l'époque, accueilli ?

 

Ah! Voilà que cela me démange d’organiser à nouveau des séminaires de prospective !

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Marc_Moulin

 

27/06/2010

Willy Ronis, une poétique de l'engagement

Sur le blog de mon ami Gérard: http://voilacestdit.blog4ever.com/blog/lire-article-16697...

13/05/2010

Un peu de pub!

 

Transitions3couv.JPGUn peu de pub pour Transitions 3.

Placé sous le thème "Réaliser les potentialités", il est vraiment très riche. Il bénéficie des contributions - toutes aussi remarquables les unes que les autres - d'Hervé Juvin, Porus Munshi, Jacques Massacrier, Jill B. Taylor, Sylvain Nuccio, Paolo Lugari, Robert Du Bois, Armand Braun, Dina Scherrer, Michèle Drechsler, Anne Vermès, Jean-François Zobrist, Christian Mayeur et Manfred Mack. Il a été réalisé grâce à la collaboration d'Isabelle Raugel et de Laurent Marbacher pour les interviewes, et de Steve Moreau pour les illustrations.

Les titres:

- Rendez-vous à la frontière, Le message de la crise, La puissance des défis, La réalité libératrice de l'art, Fertiliser l'imaginaire, La médecine chinoise, Le pari des potentialités, Une histoire d'avenir pour collégiens en difficulté, L'art de cueillir la fleur du hasard, L'entreprise qui croit que l'homme est bon, Révéler les potentialités du monde contemporain, Ce qui pourrait être.

Voici quatre courtes vidéos réalisées par Les Films du Voilier, où vous retrouverez quatre des contributeurs:

Présentation générale du numéro 3 de Transitions: http://www.youtube.com/watch?v=g_dF5ngnwjo

Isabelle Raugel: http://www.youtube.com/watch?v=5dm5dHPeGyE

Dina Scherrer: http://www.youtube.com/watch?v=q8WnxKGkYHU

Christian Mayeur: http://www.youtube.com/watch?v=8-fNG_qq6s4

 

Transitions est adressé sur commande. Pour en savoir plus, merci de m'écrire: thygr@wanadoo.fr avec dans l'objet du message: Transitions.