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05/02/2021

Les vieux

 

Avant la fermeture des bistros

 

C’était jeudi, le jour où Alain, Gérard, Yves, Walter et Pierre avaient pris l’habitude de se retrouver pour prendre un café, parfois rejoints par Michel. 

 

Le confinement décrété par le Gouvernement avait interrompu cette habitude. Au dé-confinement, ils avaient repris leurs rendez-vous hebdomadaires, mais mollement. L’un d’entre eux, d’ailleurs, continuant à craindre la contagion, refusait de venir. L’atmosphère n’était plus aussi enjouée qu’auparavant, les humeurs étaient facilement maussades. 

 

Alain évitait de se demander s’il n’y allait pas par devoir. Ce jour-là, il était en avance. Il choisit une des tables libres et, allant s’y asseoir, prit en passant un des journaux mis à la disposition de la clientèle. Il n’eut pas besoin de préciser au garçon qu’il attendait des amis. Un article attirait son attention quand Gérard arriva, le souffle court. 

 

- Salut ! Alors, tu te refais à la vie normale ? » lui demanda Alain en levant les yeux de sa lecture.

L’autre haussa les épaules, manifestement grognon. 

- Tu parles d’une vie normale ! Et avec mes fichues articulations ! Rester enfermé quasiment deux mois me les a encore plus grippées. Et toi ?

- J’ai finalement recommencé le jogging dans les bois, un bonheur. Mais c’est l’atmosphère de la ville qui me pèse.

Avec un soupir, l’autre s’assit précautionneusement, se tourna pour appuyer sa canne au mur, derrière lui, puis lui refit face.

- C’est sûr ! Tu sais qui vient aujourd’hui ?

- Non, on verra bien.

Alain ne pouvait retenir ses yeux de revenir vers l’article qui avait capturé son attention. 

- Quelque chose d’intéressant dans le journal ? Est-ce possible ?

- Je te le dirai dans une minute. Tu te commandes quelque chose ? 

Gérard se tourna vers le bar et fit signe au garçon qui lui apporta aussitôt un café. 

Là-dessus, Walter fit son apparition, le teint enflammé. D’un geste rageur, il arracha son masque.

- Salut à vous, jeunes gens l

- Salut à toi, l’ancêtre !

C’était une de ces plaisanteries aussi usées qu’inusables: Walter était d’un an l’aîné du groupe. 

Tout en se laissant tomber sur une chaise, il éclata :

- Je viens de me prendre une prune de cent-vingt-cinq euros !

- Oh ! 

- Pour venir du parking jusqu’ici - 100 mètres - j’aurais dû mettre la muselière ! J’ai voulu discuter avec les poulets, je reconnais que je me suis un peu énervé, alors ils ne m’ont pas fait de cadeau !

- Tous les plaisirs se payent !

- C’est vrai que cela devient pénible. 

- J’ai l’impression que l’on n’en sortira jamais. 

Yves qui les rejoignait à l’instant, encore debout, avait entendu cette dernière phrase: 

- Je crains que tu n’aies raison. Nous n’en sortirons pas car, dans ce brouillard, personne n’a envie d’être responsable d’une catastrophe toujours possible. C’est le loto inversé: ne surtout pas jouer ! Au contraire, chacun y va de sa surenchère pour montrer combien il nous aime. 

- Il n’y a pas à dire, tu nous remontes bien le moral !

 - Le brouillard sera peut-être levé par un évènement qui dédouanera ceux qui décident.

- Comme ?

 - Comme l’arrivée d’un vaccin. 

- C’est ça! On passera se faire piquer chez le vétérinaire, ils pourront se laver les mains, et hop! arrivera ce qui arrivera.

Alain, songeur, replia posément le journal, se rencogna et, du regard, fit le tour de leur petite tablée. Il attendit que le garçon eût posé la dernière tasse de café sur la table.

- Je viens de lire une histoire surprenante. 

Cette déclaration alluma chez ses amis une lueur d’intérêt teintée de scepticisme. 

Alain poursuivit:

Imaginez: un gars de quatre-vingt dix ans, un retraité de chez nous, est parti en Afrique, dans une réserve où on lutte contre le braconnage de l’ivoire qui décime les éléphants. Il a fait un gros don à une association et, après avoir visité la réserve, il a été assez persuasif pour qu’une patrouille l’emmène en tournée…

- Et ?

- La patrouille est tombée sur des braconniers, il y a eu un échange de coups de feu, notre nonagénaire a pris une balle et il est mort.

- Elle est vraiment gaie ton histoire !

- Mais qu’est-ce qu’il allait faire là-bas, ce vieux fou ? Pouvait pas rester tranquillement chez lui à regarder les éléphants à la télévision ? 

- Il était marié ?

- Oui. Sa femme n’avait pas voulu l’accompagner. Elle est partagée entre la colère et les pleurs.

- Je la comprends. Il fallait l’enfermer !

Walter, jusque là muet, intervint :

- Je ne suis pas d’accord avec vous! Pas d’accord du tout ! Qu’est-ce que cela vaut donc une vie qui se traîne entre les visites au toubib, les prises de sang, les boîtes de pilules, sans parler de la mémère maniaque et du chien probablement neurasthénique! Et tout cela dans le décor de rêve d’un pays où tu ne peux pas mettre le nez dehors sans ta muselière !

- Mais va-z-y, toi, en Afrique ! Tu sors à peine de chez toi depuis qu’il y a cette histoire de virus !

- Je sais, j’ai tort, j’en suis convaincu ! Mais où est le plaisir de sortir avec toutes ces restrictions, ces masques partout ? Ça me déprime plus que de rester chez moi !

Yves, en guise de commentaire :

- « Tu auras le choix entre une vie longue et ennuyeuse ou courte et passionnée ». 

- Le nonagénaire, paraît-il, avait une fascination quasiment amoureuse pour les éléphants mais n’en avait jamais approché. Il a eu une vie longue, peut-être ennuyeuse, mais il l’a finie passionnément.

- Et à quoi ressemblait-il ? Il devait quand même être fringant pour faire cela !

- Sur la photo, il a un peu l’allure de Clint Eastwood, un grand dégingandé. La veille de son départ, il aurait dit à la feuille de chou locale qui était venue l’interviewer : « J’ai rêvé de ce jour toute ma vie. J’ai été comptable parce que mon père l’était et voulait que je le sois. J’ai épousé une comptable. On a vécu très comptablement… C’est pour moi l’heure de la déraison! » 

- Le vieux monsieur indigne ! Mais s’il avait cette passion, pourquoi avoir attendu si longtemps ? 

- Le même âge que Clint, n’est-ce pas ? Il y en a qui tiennent bien la rampe !

- A côté, finalement, avec mes vingt ans de moins, j’ai l‘impression d’être vieux.

- Tu as vingt ans de moins mais vingt kilos de plus que lui !

- Clint n’est pas le seul. Dans un autre domaine, regardez Edgar Morin: il est presque centenaire.

- Et, lui, il a toute sa tête, ce n’est pas comme d’autres !

- Comment cela, « pas comme d’autres » ? Il y a une allusion là ?

- Cela me fait penser au pauvre Juju.

- Le malheureux ! Un homme qui n’avait bu que de l’eau toute sa vie, un cancer du foie!

Alain secoue la tête:

- C’était un buveur passif peut-être ?

- Arrête ! Tu n’es pas drôle ! C’était un bon copain, Juju. 

- Ce n’est pas le seul qu’on a laissé dernière nous, et la liste s’allonge. Vous avez su pour Grégoire ?

- Hélas! Tu te rappelles quand on avait fait ce séminaire au Tchad…

Gérard part dans une histoire que, dans ce même café, il a déjà contée cent fois. Sans doute est-ce un des meilleurs souvenirs professionnels de sa vie. 

Alain lui fait remarquer qu’il se répète. Avec humeur, Gérard répond:  

- Ben oui, quelle perspective ai-je de revivre des moments comme celui-là ? N’est-ce pas pareil pour nous tous ? On est tous en vie, mais à nous entendre, j’ai l’impression que l’on a déjà vécu tout ce que l’on peut vivre… 

- …et qu’il ne nous reste que la salle d’attente du dernier avion!

- Faut être réaliste: pour ce qui est des moyens physiques, on est quand même plus ou moins diminués ! Il y a des choses qu’on ne peut plus faire. 

- De toute façon, on n’a plus aucune utilité sociale. En dehors du boulot que nous n’avons plus… 

- Vous croyez que vraiment il n’y a pas des choses que l’on puisse encore faire ?

- Les pantoufles, les livres, c’est pas si mal que ça quand on a passé sa vie à bosser. D’autant que, bien qu’on ait cotisé toute notre vie, il faudrait encore justifier notre existence ! Bonjour la considération ! 

- Cela pose des questions quand même » dit Alain.

- Ah! oui ? Lesquelles ?

- J’ai l’impression que ces deux mois de confinement et les restrictions qui les prolongent ont accéléré notre vieillissement. Je ne veux vexer personne mais nos conversations sont devenues - comment dire ? - tristounettes ! 

- « Tristounettes » ? Que veux-tu nous dire là ?

- Ne vous vexez pas si je vous donne des exemples. Toi, la première chose et presque la seule dont tu parles maintenant, c’est du nombre de fois que tu t’es levé la nuit. Sinon, c’est toutes les horreurs que tu lis dans la presse. Et toi, si ce ne sont pas tes genoux, ce sont tes chevilles, tes lombaires, tes cervicales - ou ta femme…

Il n’a pas le temps d’aller plus loin: devant cette attaque inattendue de sa part, la consternation tombe sur les visages et Walter recommence à rougir:

 - Et alors ? Tu crois que c’est drôle ? De Gaulle lui-même disait que la vieillesse est un naufrage ! Et toi, tu te mets dans quelle catégorie ?

- Eh! bien, je dirais que tous ensemble, moi y inclus, on dirait que nous ne sommes plus que des… rétroviseurs ! 

- C’est bien, les souvenirs! A notre âge, n’est-ce pas ce qu’il y a de meilleur ?

- Je vous rappelle quand même d’où je viens. Il y a deux ans, vous vous en souvenez, on ne donnait pas cher de ma peau. Alors, cette vie que j’ai crue un moment perdue, j’ai envie de la respecter. 

- C’est vrai que tu as eu beaucoup de courage et que cela a dû compter dans ta rémission. Mais on n’est pas tous égaux devant la vieillesse et la maladie. Tu citais Clint: tout le monde n’a pas la chance d’avoir un patrimoine génétique exceptionnel ! 

- OK. Je vous propose de prendre la chose par un autre bout. Vous ne niez pas que la façon dont on se nourrit agit sur notre santé ?

- Mon toubib se charge de me le rappeler ! A cause du confinement, j’ai pris trois kilos et je ne sais plus combien de grammes de cholestérol dont je n’arrive pas à me débarrasser. 

- Donc, tu es d’accord là-dessus ? Vous autres aussi ? 

Ils maugréent un oui.

- Alors, ce dont on se nourrit psychologiquement doit avoir une influence aussi ?

- Qu’est-ce que tu entends par « se nourrir psychologiquement » ?

- Je veux parler, par exemple, des sujets que l’on rumine. 

- Mais, à ça, on n’y peut rien !

- Comment on n’y peut rien ? Tu ne peux pas choisir vers quoi tu orientes ton attention ? 

- Oulala ! On se calme ! Je n’ai pas envie de me prendre la tête ! 

Imperturbable, Alain poursuit:

- Vous savez, la fameuse lapalissade: « Un quart d’heure avant sa mort, il était encore en vie » ? Ce n’est pas ce que l’on croit. « Etre en vie », à l’époque, voulait dire davantage que n’être pas mort. On peut être vivant sans être en vie ! J’ai peur que ce soit ce qui nous guette.

- Où veux-tu en venir ?

- Vous ne pensez pas que, pour notre bien, nos rencontres du jeudi pourraient être plus… pétulantes ? 

En rentrant chez lui, Alain se dit ce jour-là que tout n’était pas perdu. Il fallait voir comment s’y prendre. Sinon… Eh! bien, sinon, ce café du jeudi ne serait plus un plaisir et du point de vue de son hygiène mentale, il vaudrait mieux qu’il cesse de fréquenter le groupe.  


(A suivre peut-être)

14/11/2020

La prospective est un art: un exemple

 

 

Il y a longtemps que j’ai acquis la conviction que les écrivains et les artistes font les meilleurs prospectivistes. A cela je vois au moins deux raisons. La plus évidente est que le processus créatif de la fiction peut tout se permettre alors que la méthodologie de la prospective a dans ses coulisses le désir de rester rationnel. Or, le rationnel n’est qu’un critère mental, la réalité qui nous échappe dans sa majeure partie n’a que faire de s’y soumettre. La seconde raison est que l’artiste, consciemment ou inconsciemment, chevauche les mêmes fantasmes que ceux qui, souterrainement, orientent les choix et l'histoire de l'humanité. On s’étonne des anticipations de certains romans qui, par exemple, prédisaient que l'homme volerait, marcherait sur la Lune, communiquerait à distance, etc. Mais, portés par la foi en cette puissance naissante de la technique, ces écrivains ont simplement imaginé la concrétisation des rêves nichés au coeur de notre espèce. D’autres ont suivi des inspirations différentes, comme Herbert George Wells, et ont extrapolé les dérives possibles de l’avenir à partir des dérives humaines dont ils avaient l'intuition.

 

Mon amie Scully, qui n’est jamais à court de trouvailles étonnantes, m’a transmis un bel exemple de prospective que l'on pourrait dire spontanée. Marc Moulin, dont j’avoue que jusqu’à ce jour il m’était inconnu, a écrit en 2003 le texte qui suit.

 

« Je nous vois déjà dans 20 ans. Tous enfermés chez nous. Claquemurés (j’adore ce verbe, et ce n’est pas tous les jours qu’on peut le sortir pour lui faire faire un petit tour). Les épidémies se seront multipliées: pneumopathie atypique, peste aviaire, et toutes les nouvelles maladies. Et l’unique manière d’y échapper sera de rester chez soi. Et puis il y aura toujours plus de menaces extérieures: insécurité, vols, attaques, rapts et agressions (…). La vie de « nouveaux prisonniers » que nous mènerons alors sera non seulement préconisée, mais parfaitement possible, et même en grande partie très agréable. Grâce au télé-travail qui nous permettra de bosser à la maison tout en gardant les enfants (qui eux-mêmes suivront l’école en vidéo-conférence). Grâce à Internet qui nous épargnera bien des déplacements: on n’aura plus besoin ni de poster les lettres, ni d’acheter un journal «physique», ni d’aller faire la file dans les administrations. (…). Dans les rues, il ne restera plus que des chiens masqués qui font seuls leur petite promenade (pas de problème, sans voitures), et du personnel immigré sous-payé en combinaison étanche, qui s’occupera de l’entretien des sols et des arbres. D’autres s’occuperont de la livraison de notre caddy de commandes à domicile.


Alors nous aurons enfin accompli le dessein de Big Brother. Nous serons des citoyens disciplinés, inoffensifs, confinés, désocialisés. Nous serons chacun dans notre boîte. Un immense contingent de «je», consommateurs inertes. Finie l’agitation. Finie la rue.»

(Vers la civilisation du couvre-feu 2003)

 

Qui était Marc Moulin ? Un prospectiviste ? Non point. C’était un personnage aux multiples facettes: pianiste, compositeur, animateur et producteur de radio, humoriste, chroniqueur et touche-à-tout. Il paraît qu’il avait aussi imaginé la crise financière de 2007.

 

La « prédiction » que je viens de reprendre est le produit d’une synthèse, donc d’abord d’un certain nombre d’observations qui ont dû se combiner et mariner dans son esprit jusqu’à donner un récit tellement juste qu’il en était prémonitoire. A rendre follement jaloux les adeptes des méthodologies bien explicites !

 

On pourrait décortiquer les éléments de ce texte pour tenter de remonter aux sources de sa pertinence. Il en est deux qui sous-tendent principalement le récit et qui piquent ma curiosité: comment Marc Moulin a-t-il pu penser en 2003 que les pouvoirs publics seraient capables de décréter un confinement - alors qu’à ma connaissance il n’y avait pas de précédent d’une telle politique - et les citoyens de l’accepter ? J'ajouterai une question subsidiaire: comment son texte a-t-il été, à l'époque, accueilli ?

 

Ah! Voilà que cela me démange d’organiser à nouveau des séminaires de prospective !

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Marc_Moulin

 

12/11/2020

Les voix discordantes

 

 


illustration lion masque4.jpgComment une minorité pourrait-elle avoir raison contre la majorité ? Ou bien: comment la majorité pourrait-elle se tromper ? Pour l’animal social porté au conformisme qu’est l’être humain, ces questions sont cruelles. Faire confiance à la majorité est rassurant. Pencher pour une opinion minoritaire, à l’inverse, met mal à l’aise. C’est pourquoi, en stratégie de manipulation, il convient de donner toujours une apparence d’unanimité à la thèse que l’on veut promouvoir.

 

Face à ces stratégies de fabrique du consentement, il convient pour raison garder de se demander d’abord si ce qui est présenté comme unanime l’est vraiment. Autour de la « crise sanitaire », nous avons pour soutenir la politique du Gouvernement un magnifique consensus des experts qui ont fait leur niche des plateaux de télévision. S’il leur arrive d’être critiques, c’est pour en réclamer davantage: mettre le masque chez soi, ne pas manger à la même table ou en même temps, confiner plus sévèrement, plus longtemps, etc. Ce consensus des plateaux peut faire illusion dans la mesure où, mal aimées des médias, les voix discordantes semblent ne pas exister. La vérité est que l’accès aux ondes ou aux colonnes - et de plus en plus souvent aux grands « réseaux sociaux » - leur est fermé. C’est une première forme de censure. Si vous voulez avoir le vrai paysage des questions et des débats, c’est à vous de multiplier vos sources d’information.

 

La première voix qu’on a essayé de faire taire, en l’affublant systématiquement du titre de « professeur controversé de Marseille », est celle de Didier Raoult. Le mot « controversé » est cette invisible goutte de poison que les organisateurs du consensus savent distiller. Vous remarquerez son apparition dès que quelqu’un ne partage pas les thèses autorisées. A la vue de ce mot, évidemment, les âmes pures changent de trottoir de peur d’être contaminées. Patron d’un IHU qui a un rayonnement mondial, Didier Raoult fait un point hebdomadaire de la situation sanitaire sur YouTube. Or, une ou deux éditions en ont été supprimées par YouTube. Jusque là, je n’avais pas imaginé que cette plate-forme disposât de savants d’un niveau tel qu’il lui permette de censurer des professionnels aussi considérables que Raoult et son équipe qui, contrairement à certains membres d’un certain Conseil scientifique, n’ont pas un sou à gagner dans l’affaire. Dans le doute, je conclus que la censure a d’autres motivations que celles de la vérité. Pour ceux qui l’ignoreraient encore, j’ajoute que Sanofi refuse depuis plusieurs jours de livrer l’IHU de Marseille en hydroxychloroquine, ce qui ne manque pas de surprendre attendu qu’il y a des malades à soigner, que le refus de vente en France est un délit et qu’il ne semble pas qu’à Marseille on gaspille cette substance ou que l’on s’en soit servi comme poison comme d’autres pourraient l’avoir fait avec le Rivotril.

 

Mais, si l’on a focalisé le tir sur Raoult, c’est possiblement pour faire taire et oublier tous les autres, moins connus, qui ruent dans les brancards et sont de plus en plus nombreux. Ceux-là ne vous seront pas servis sur un plateau de télévision. Il faut aller sur le Net. Et encore, la censure faisant son œuvre comme je viens de le mentionner, il est parfois nécessaire de pousser au delà de YouTube, Viméo et Facebook. Parmi les grands médias, il faut le dire, seuls France Soir et, grâce à André Bercoff, Sud Radio sauvent l’honneur de la profession. Vous y retrouverez assez facilement les Tontons flingueurs que sont les professeurs Toussaint, Toubiana et Péronne, dont on ne peut prendre les opinions à la légère. Le dernier cité, sanctionné pour crime de liberté d’expression, vient de se faire destituer de la vice-présidence et de la présidence du conseil scientifique d’une association professionnelle dont il était le cofondateur. Devant cette exécution arbitraire, une trentaine de membres du collège des professionnels médecins et chercheurs ont démissionné dans la foulée. La liberté d’expression et le débat scientifique, aujourd’hui, dans notre pays, c’est « Règlement de comptes à OK Corral ».


L’origine du virus: circulez, il n’y a vraiment rien à voir ?
Ce que dit le Journal du CNRS

 

Avant d’aller plus loin, j’ai envie de faire un détour par la genèse de l’histoire, car la façon dont on a, d’un tour de main, étranglé le canard est tout-à-fait intéressante. L’étude indienne qui, la première à ma connaissance, a soulevé la question d’une chimère échappée d’un laboratoire a été promptement mise sous le boisseau. Ses auteurs ont dû se rétracter. Notre prix Nobel, le professeur Luc Montagnier, co-découvreur du virus du SIDA, qui, aidé du mathématicien Jean-Claude Perrez, trouvait lui aussi l’hypothèse valable, a été jugé gâteux. Il faut voir la campagne de dénigrement qui a été orchestrée contre lui: si l’on avait pu le boucler dans un EHPAD avec une bonne dose de Rivotril, on l’aurait fait. Voyons ! Tout le monde sait que Wuhan est d’abord célèbre pour son marché alimentaire où l’on peut acheter du pangolin et de la chauve-souris: pourquoi suivre les billevesées des complotistes! Après ce tir de barrage, évidemment, tout le monde a plongé aux abris et s’est tu: qui a envie de servir de cible aux snipers ? Cependant, si l’on suit la littérature anglophone, on peut voir que l’hypothèse de la chimère n’a pas été écartée aussi brutalement qu’au pays des Droits de l’Homme. En juin, par exemple, une publication du chercheur norvégien Birger Sørensen et du cancérologue britannique Angus Dalgleish, dans la Quarterly Review of Biophysics, qualifiait bien le COVID-19 de chimère. Mais, même en France, en définitive, l’hypothèse n’est pas vraiment enterrée. Dans le Journal du CNRS du 20 octobre 2020, le virologue Étienne Decroly admet que la question de l’origine du virus se pose sérieusement et, après avoir énuméré les raisons pour lesquelles il était normal de le penser naturel, finit par dire: « On ne peut donc pas exclure que cette insertion résulte d’expériences visant à permettre à un virus animal de passer la barrière d’espèce vers l’humain (…) ».

 

Et s’agissant de la sécurité des laboratoires, peut-il nous rassurer ? « Même s’il s’avère que la pandémie de Covid-19 est finalement le résultat d’une zoonose « classique », plusieurs incidents ayant conduit à des sorties accidentelles de virus depuis des laboratoires ont été documentés ces dernières années. Un des cas les plus connus concerne le virus Marburg, issu d’une contamination par des singes sauvages. La pandémie grippale de 1977 en est un autre exemple. Des études génétiques récentes suggèrent qu’elle aurait résulté de la sortie de laboratoire d’une souche virale collectée dans les années 1950. Et plus récemment, plusieurs sorties accidentelles de SARS-CoV étudiés dans des laboratoires ont été rapportées dans la littérature, même si elles n’ont heureusement donné lieu à aucune épidémie importante. » (1)


L’étude frauduleuse de The Lancet
Scandale mondial qui, étrangement, reste sans suites


La fausse étude de Surgisphère, une société aux adresses changeantes, composée d’une poignée de pieds nickelés, a été publiée le 22 mai 2020 par The Lancet qui l’a retirée précipitamment le 4 juin (2) lorsqu’il devint évident que les 95000 données qu’elle prétendait analyser avaient été fabriquées de toute pièce. C’est l’Australie qui a tiré la sonnette d’alarme en constatant que les statistiques la concernant étaient complètement fausses. J’imagine l’anathème de complotisme que les grands serviteurs de la vérité auraient jeté sur les imprudents qui l’auraient prématurément dénoncée ! Pensez donc: suspecter la bientôt bicentenaire et prestigieuse revue The Lancet, référence mondiale du sérieux scientifique, de laisser passer un bobard ! Cela reste un mystère, mais c’est bien ce qui est arrivé. Mais, malgré sa brève existence, le bobard a permis à l’OMS et à certains gouvernements de prendre des décisions radicales contre le traitement à l’hydroxychloroquine. Ce qui interroge, c’est qu’on ne soit pas ou pas entièrement revenu sur ces décisions une fois dévoilé le caractère frauduleux de l’étude. A croire qu’on n’attendait pas autre chose de cette publication qu’une fenêtre de tir de quelques jours. Mais, ce bobard, qui l’a donc mandaté et financé ? La chaire William-Harvey du Brigham and Women’s Hospital (Boston), qu’occupe le Dr Mandeep Mehra, auteur correspondant de l’étude de Surgisphère, a reçu de donateurs privés la somme de deux millions de dollars sans affectation particulière. C’est une somme nettement insuffisante pour produire une étude de l’ampleur revendiquée mais elle pourrait constituer une rémunération convenable pour écrire une fiction. Une enquête a-t-elle été diligentée et des poursuites engagées contre les faussaires ? Il ne semble pas, et - à l’heure ou j’écris - le Dr Mandeep Mehra est toujours inscrit à l’organigramme de l’établissement.

 

Revenons-en à notre quotidien de misère tel que nos pouvoirs publics l’ont organisé pour notre bien

 

La vie s’enfonce dans la morosité du reconfinage. Nos Pères Fouettards, le sourcil culpabilisateur éternellement crispé, nous menacent de fêtes sans famille, sans ami, sans messe, sans réjouissances, avec peut-être, à la place du Père Noël, des descentes de police dans l’espace privé afin de vérifier que vous portez bien le masque chez vous. L’économie de notre pays va à la ruine. La pauvreté gagne et gagnera encore davantage. Demain, la France sera la nouvelle Grèce de l’Europe. Mais, c’est clair, pour nos dirigeants qui nous aiment tant, notre protection n’a pas de prix.

 

En parlant de prix, savez-vous que les 500 000 doses de Remdesivir achetées pour 70 millions d’euros par la Communauté européenne dans des conditions opaques (3), viennent d’être gratuitement distribuées dans nos hôpitaux avec un encouragement à les utiliser ? Je rappelle qu’au terme des tests, la substance a été jugée inefficace contre le coronavirus et dangereuse pour les reins (4). Mais l’annonce de l’arrivée de ce faux remède miracle avait donné un coup de fouet à l’action de Gilead, preuve qu’il avait quand même des vertus.

 

Avec le vaccin, va-t-on vers un nouveau scénario à la Remdesivir ? Si tout va mal dans ce monde - principalement l’humanité et l’écosystème - il suffit d’annoncer qu’un vaccin va sortir, « efficace à 90% », pour que les bourses retrouvent une nouvelle jeunesse. Comment peut-on affirmer qu’en quelques mois un vaccin efficace et sans danger a pu être mis au point ? Comment peut-on l’affirmer alors que le virus ne cesse de muter ? Comment peut-on l’affirmer alors qu’une équipe internationale de chercheurs vient de découvrir un gène caché au sein de ce virus, qui en expliquerait sa résistance ? (5). En attendant, par un curieux concours de circonstances, le patron du laboratoire concerné a revendu après cette annonce, pour 5,6 millions de dollars, 62% des actions qu’il détenait sur sa propre compagnie. Un bon « tiens » vaut mieux que de « tu l’auras ». Et la Communauté européenne réédite le coup du Remdesivir en achetant pour notre cadeau de Noël 300 millions de doses (6). 

 

C’en est trop pour vous ? Votre image du monde ne vous permet pas de me suivre jusque là ? Tout est cependant « sourcé ».


Voix discordantes, information et discrimination

 

Les voix discordantes, dès le début de l’épidémie, il y en eut d’autres que celle du professeur Raoult. Mais l’Ordre des Médecins qui est peut-être dans une relation trop fusionnelle avec certains pouvoirs ou certains intérêts, les a presque toutes réduites au silence. Convocation, remontrance, mise au pas et, la prochaine fois, si l’on ne s’est pas rangé, radiation et interdiction d’exercer. C’est au point que certains médecins ont préféré se radier eux-mêmes et changer de métier (7). A-t-on le droit de s’étonner que cette noble institution vichyste, prompte à jouer les gendarmes, n’ait pas davantage protesté quand la liberté de prescriptions des généralistes a été châtrée par le Gouvernement ? Une telle négation de la compétence et une telle atteinte à l’honneur de nos médecins, sans parler des répercussions sur la prise en charge des patients qui se sont retrouvés à encombrer les hôpitaux, ont-elle été sanctionnées ? Que nenni.

 

Avez-vous entendu parler de la tribune des 300 personnalités, dont un bon nombre issues du milieu médical, que le JDD devait publier et à laquelle il a préféré substituer les vaticinations d’une poignée de conformistes ? Je l’ai reprise sur mon blog: http://indisciplineintellectuelle.blogspirit.com/archive/...


Sur la gestion de la « crise sanitaire », j’ai trouvé personnellement pertinentes les observations de Jean-Dominique Michel, copieusement dénigré par les hyènes qui gardent le temple de la vérité officielle: https://jdmichel.blog.tdg.ch/. Jean-Dominique Michel est l’auteur d’un appel dont il y a fort à parier qu’il n’est pas davantage tombé sous vos yeux que la tribune des 300. Le voici, relayé sur le blog d’un médecin que je connais personnellement, le Dr Alain Joseph: https://jesuismalade.org/2020/10/02/message-a-m-olivier-v...


S’agissant des médecins, s’ils ne se sont pas fait encore remarquer par une action collective spectaculaire, en revanche ils sont maintenant une kyrielle à contester la façon dont le Gouvernement présente les données de l’épidémie et le choix des moyens qu'il met en oeuvre contre le péril. Avez-vous entendu parler du Dr Alain Houpert, médecin et sénateur de la côte d’Or, qui s’est élevé contre la fraude dont The Lancet s’est rendu coupable, indûment exploitée par les pouvoirs publics ? Avez-vous entendu parler du collectif « Laissez-les prescrire », créé par le Dr Martine Wonner, médecin, députée, exclue du groupe LaREM et insultée par le Ministre de la Maladie pour avoir elle aussi commis le crime de liberté d’expression ? Et du Dr Violaine Guérin, co-fondatrice de ce collectif ? Son interview vaut la peine d’être lu: http://www.francesoir.fr/opinions-entretiens-societe-sant... Et du Dr Olivier de Soyres, médecin réanimateur à Toulouse, qui « désespère d’entendre la voix de la raison et de la liberté » ? (8). Et du Dr Alexandra Henrion-Claude, ancienne directrice de recherche à l'INSERM, qui juge la gestion de la crise "complètement disproportionnée" (et qui soutient la thèse d'un virus fabriqué) ? (9)

 

Parmi beaucoup d’autres, je remarquerai particulièrement le jeune Dr Louis Fouché, médecin anesthésiste-réanimateur, que les autorités ont tenté de faire taire et que certains perroquets traitent évidemment de complotiste. Mais vous avez maintenant compris: est complotiste toute personne qui n’accorde pas sa confiance aveugle à la politique gouvernementale, qui a des doutes sur ses intentions véritables et qui veut en exprimer les raisons. Les gardiens de la vérité officielle ont même établi une liste de termes et d’expressions qui permettent de reconnaître les complotistes de loin ! Par exemple, caractériserait cette engeance diabolique l’utilisation de mots comme « narration » et de verbes comme « ré-informer ». Mais, vous l’aurez aussi compris, jeter l’anathème sur certains termes est un moyen de brider l’expression des oppositions. Bientôt, s’agissant du personnel politique, utiliser le mot « mensonge » sera considéré comme la signature du conspirationnisme. Pour en revenir au Dr Fouché, je lui ai trouvé une liberté de ton, une finesse d’analyse et une culture bien au delà de sa spécialité, qui explique sans doute sa capacité à remettre les choses dans un contexte plus large. Il est lui aussi créateur d’un collectif: RéInfoCovid qui réunit 350 chercheurs, scientifiques et médecins. Vous pouvez faire sa connaissance ici: https://www.youtube.com/watch?v=-1YVIYXXmew .

 

Parmi les initiatives que nous devons à la « crise sanitaire » - ou plutôt à sa gestion par les pouvoirs publics - on ne peut passer à côté de l’Association Bon Sens (à ne pas confondre avec Le bon sens) qui, en quelques semaines, a réuni plus de 20 000 adhérents, acteurs de la société civile : https://bonsens.info/.

 

Je ne peux pas non plus vous laisser ignorer cette éminente source d’informations - complotistes évidemment - qu’est la chaîne de Silvano Trotta: https://odysee.com/@SilvanoTrotta:f?order=new. Constamment censuré sur YouTube où le nombre de ses « followers » devenait gênant, Silvano a dû migrer vers d’autres plates-formes. On peut ne pas être d’accord avec tous ses points de vue, mais les informations qu’il rassemble sur la crise sanitaire en France et dans le monde sont aussi précieuses que vérifiables.

 

Pour conclure cette chronique sans doute roborative, je ne peux que vous inviter à voir le film - évidemment controversé - Hold up : https://vimeo.com/ondemand/holdupledocumentaire .

 

Comme le dit l’excellent Franck Lepage: voir des complots partout ne vaut pas mieux que de n’en voir nulle part. A vous de vous faire votre opinion!

 

(1) https://lejournal.cnrs.fr/articles/la-question-de-lorigin...

(2) https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/ces-sept-pe...

(3) Mme Rivasi: https://www.europarl.europa.eu/doceo/document/E-9-2020-00...

(4) https://www.sciencemag.org/news/2020/10/very-very-bad-look-remdesivir-first-fda-approved-covid-19-drug et https://www.europe-israel.org/2020/11/science-mag-devoile-le-scandale-du-remdesivir-lue-dont-la-france-a-achete-le-8-octobre-pour-12-milliards-deuros-de-remdesivir-alors-que-le-9-octobre-lessai-de-loms-revelait-quil-etait-i/

(5) https://up-magazine.info/le-vivant/sciences/72915-covid-1...

(6) https://www.ladepeche.fr/2020/11/11/vaccin-de-pfizer-leur...

(7) https://actu.fr/occitanie/cahors_46042/covid-19-coup-tonn...

(8) https://www.lesalonbeige.fr/docteur-olivier-de-soyres-le-...

(9) https://lilianeheldkhawam.com/2020/10/27/et-si-le-sars-co...