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19/11/2007

L'encastrement

933fe93cc2cee3ac8206e1cd9e806881.jpgInterview de Gilles van Wijk
Professeur à l'Essec*

Gilles van Wijk, vous travaillez actuellement sur le sujet de "l'encastrement". Le mot est évocateur, mais que désigne-t-il plus particulièrement pour vous ?

L'encastrement est un phénomène associé aux moyens de gestion - tels le système de financement ou le système de planification - que l'homme a mis en place. Avec la mesure du temps et le calendrier, nous sommes capables de planifier l'activité collective. Nous avons acquis une certaine maîtrise du futur. Or ce moyen, nous l'appliquons de façon répétée, notre planification du temps se fait de plus en plus précise dans un souci de performance. C'est là que l'encastrement s'opère. Nous perdons la liberté de mouvement car nous nous enfermons dans des systèmes qui entravent totalement notre capacité d'initiative.

Quels sont les problèmes qui en résultent selon vous pour les organisations et la société ?


Les conséquences sur notre société sont profondes. Tout d'abord, l'encastrement a permis de maîtriser notre environnement en profondeur et développer une efficacité colossale: dans l'industrie tout comme dans les services, nous sommes maintenant capables de produire à l'échelle mondiale, nourrir, équiper, assurer les soins de santé, etc. Toutefois, nous sommes dans la situation de l'apprenti sorcier: nous ne pouvons interrompre ces systèmes, ni d'ailleurs vraiment en prendre conscience, puisque nous leurs sommes subordonnés. Un autre monde sans calendrier contraignant, sans organisation régulatrice, sans système économique qui régit les marchés n'est pas concevable. Or c'est notre capacité d'innovation qui se trouve bloquée sans que personne n'en ait jamais décidé ainsi, c'est notre faculté de nous adapter et d'interrompre la dégradation de l'environnement qui nous échappe, alors que nous en sommes parfaitement conscients.

* Département Management. Centres d'intérêt: le rôle de la confiance dans l'entreprise, l'éthique et le cynisme dans la vie des affaires, les stratégies managériales et entrepreneuriales, le temps comme instrument de gestion, la formation en Méditerranée.

16/11/2007

L'âne au fond du puits

Un bon collègue me passe cette histoire que je m'empresse de partager avec vous.

Un âne, un jour, tomba dans un puits.

Fatalité, maladresse, distraction ? Peu importe: toujours est-il que l'animal gémissait pitoyablement et le pauvre fermier se demandait comment s'y prendre pour le tirer de ce trou si profond et si étroit.

Il arriva à la conclusion qu'il ne pouvait malheureusement rien faire, que de toute façon, ce vieux puits était déjà condamné à disparaitre et que le pauvre âne, de même, avait fait son temps. Ce n'était donc pas rentable de tenter de le récupérer.

Il va alors demander de l'aide à ses voisins, chacun d'eux se saisit d'une pelle et ils commencent à combler le puits avec l'âne dedans.

Au début, l'âne qui a tout de suite compris ce qui l'attendait, se met à crier terriblement. Puis à l'étonnement de chacun, il finit par se taire.

Quelques pelletées plus tard, le fermier se décide à regarder au fond du puits. Ce qu'il y voit alors le surprend.

A chaque pelletée qui tombait sur lui, l'âne s'est secoué pour enlever la terre de son dos et monter dessus. Pendant que les voisins du fermier continuaient à pelleter, l'âne continuait ainsi de se secouer et il montait sur le tas de terre qui devenait de plus en plus haut.

Bientôt, il put sortir du puits...


J'imagine plusieurs morales à cette histoire... Et vous ?

14/11/2007

Quelle histoire nous racontons-nous ?

 

 

 

Cette note figure désormais dans le recueil

Les ombres de la caverne

Editions Hermann, juillet 2011