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22/10/2007

Un bon produit

En commentaire à ma note "Marketing is dead", un honorable correspondant a évoqué "le bon produit".

Mais qu'est-ce qu'on "bon produit", en tout cas selon moi, aujourd'hui ?

Le définir par son rapport qualité / prix, sa capacité à me faire rêver ou à me mettre en scène, ne me suffit plus.

Ce qui est devenu pour moi important, c'est de tirer le meilleur parti de ressources assurément limitées. J'entends à la fois par ressources le temps et l'énergie dont je dispose et, bien évidemment, mes revenus. Conscient des limites de ceux-ci et de ceux-là, je suis à l'affut de tout ce qui peut me permettre d'en optimiser l'influence sur ce que je juge essentiel.

Dans l'essentiel, il n'y a pas que ma satisfaction de consommateur. J'y mets de plus en plus prioritairement certains enjeux: écologiques, sociaux, humains. Or, que je le veuille ou non, de par ma façon de vivre je nourris le système que par ailleurs je critique. En recherchant la satisfaction de mes besoins plus ou moins fondamentaux, j'apporte de l'eau à des moulins qui ne tournent pas dans le bon sens. En permettant à ceux qui les perpétuent de s'enrichir, j'encourage certaines pratiques qui me heurtent.

Quand on a pris conscience d'une telle contradiction, le risque est de capituler par sentiment d'impuissance. De se dire qu'après tout on n'est qu'un maillon de la chaîne. Que les gens les plus renommés démontrent l'infaillibilité pontificale du marché. Qu'il n'y a, au pire, de dégâts que collatéraux. Et que c 'est en vue d'un bien futur dont il ne faut pas retarder l'avènement. Bref, circulez, il n'y a rien à voir, contentez-vous du rapport qualité / prix, sacrifiez à la rationalité de l'égoïsme et remerciez-nous d'être à vos petits soins. Cela ne vous fait pas penser à une certaine "expérience de Milgram" ?

L'économie est une chaîne d'interactions. Chacun d'entre nous peut se contenter de voir midi à sa porte, et basta! Je revendique la liberté de n'être pas qu'un rouage docile. La promesse de la satisfaction personnelle, serait-elle enveloppée d'insignes satisfactions narcissiques, ne me suffit plus. Je refuse par exemple qu'on accroisse mon pouvoir d'achat au détriment des pauvres gens et de la biosphère. Je refuse qu'on m'encourage dans des comportements irresponsables juste pour que je puisse "me la jouer". Je veux que les flux financiers dont je suis un des points de passage soient source de mieux-être pour tous ceux qui contribuent à la qualité de ma vie.

Un bon produit c'est une pierre qui me propose, d'un seul coup, de faire le plus grand nombre de coups possible.

17/10/2007

Le paradoxe d'Abilene

Ou comment se retrouver tous ensemble là où aucun d’entre nous n’avait nulle envie d’aller !

Imaginez le porche d’une maison texane, un dimanche matin. Il y a là, assises sur les marches, sirotant mollement une citronnade, les trois générations : les parents, les enfants, le père et la mère de Madame. C’est l’été et il fait déjà très chaud. Tout le monde semble s’ennuyer à mourir. Le beau-père lance alors une idée : et si on allait déjeuner à Abilene ? Abilene, c’est la « grande ville » qui se trouve à près de 100 km. Les membres de la famille se regardent et bientôt la décision est prise de suivre la suggestion de bon papa.

La voiture familiale est vieille, elle n’est pas climatisée et le voyage, à la rage du soleil, est pénible. Arrivé à Abilène, le petit groupe erre longuement dans les rues à la recherche d’un restaurant. Il finit par jeter son dévolu sur un établissement où la nourriture se révèle aussi chère que mauvaise. On rentre, toujours à la rage du soleil et, de retour à la maison, une dispute éclate. C’était vraiment une idée stupide d’aller déjeuner à Abilene !

Le beau-père se défend : lui-même n’avait pas le moindre désir de déjeuner à Abilene ! Simplement il avait l’impression que tout le monde s’ennuyait et il a lancé cette idée-là, croyant faire plaisir, comme il en aurait lancé une autre. Une fois que tout le monde s’est exprimé, une évidence s’impose : personne n’avait envie d’aller déjeuner à Abilene !

Cette histoire a été vécue par le sociologue américain Jerry B. Harvey, qui l’a théorisée sous l’intitulé de «paradoxe d’Abilene»*.

La vie des entreprises, celle de notre société en général, ne mériterait-elle pas qu’on fasse résolument la chasse au paradoxe d’Abilene ?

Vous voulez faire un exercice ? Listez ce qu’en 2020 vous n’aimeriez pas être, vivre, ou avoir dans votre environnement. Et maintenant, avec une rigoureuse sincérité, relevez toutes les petites et grandes décisions, individuelles et collectives, qui vous emmènent vers cet avenir dont vous ne voulez pas. Enfin, demandez-vous pourquoi les personnes concernées prennent ces décisions…

Et si vous avez des exemples à partager, n'hésitez pas, enregistrez un commentaire sur ce blog !

*The Abilene Paradox and Other Meditations on Management (San Francisco: Jossey-Bass, 1988).

15/10/2007

Christian Mayeur

L'Art au service de l'intelligence stratégique...

Je reçois cette invitation de l'auteur de Le Manager à l'écoute de l'artiste et je me fais un plaisir de vous la faire partager :

"Bonjour / hello,

Je suis heureux de vous informer de l'ouverture de notre blog [A+M=I], le blog ouvert à l'énergie d'entreprendre et de transformer les organisations, leurs relations avec leur environnement et la société en croisant l'art et le leadership, le réel et le virtuel, le pragmatisme et la créativité. [A+M=I] est ouvert à vos idées, commentaires, remarques et fulgurances créatrices. La version anglaise de www.entrepart.com est également disponible.

English version of www.entrepart.com and our blog [A+M=I] are now available. [A+M=I] is dedicated to [Art+Leadership] transformative energy. Please feel free to visit us and to share your ideas, visions, suggestions, insights, enlightments. Let's create !

Bien sincèrement / Warm regards

Christian Mayeur."

J'ai des souvenirs mémorables d'un séminaire que j'ai organisé à l'automne 2006 avec Christian Mayeur autour de l'art contemporain.

Comme l'écrit Alain Berthoz dans La décision, notre cerveau est un émulateur d'univers probables. C'est grâce à cela que nous pouvons vivre, survivre et agir avec quelque efficacité. Grosso modo, nous nous construisons une représentation du monde à partir de notre expérience de ce qui marche. Ensuite, notre cerveau anticipe nos perceptions et, sur la base de quelques repères, identifie les objets et les êtres qui nous entourent, donne une interprétation aux situations que nous vivons. Quand nous croyons regarder la réalité, nous regardons en fait une image qui, à 85 %, est le produit de notre activité cérébrale.

Le problème, c'est que nous oublions à quel point cette représentation est relative et qu'elle nous voile le monde en même temps qu'elle nous le dévoile. D'où les décisions absurdes, les aveuglements, les stratégies que l'on répète parce qu'elles nous ont réussi, sans nous rendre compte que leur pertinence n'est plus fondée. Le mimétisme naturel de l'espèce, l'aspiration à la conformité achèvent de verrouiller le cercle vicieux d'une pensée automatisée.

Christian Mayeur nous propose un antidote que je trouve puissant. Il nous invite à voir le monde en empruntant un regard étrange, perturbant, celui des artistes contemporains. Ce faisant, il nous donne une chance de percevoir ce qui se situe en dehors de nos constructions mentales. Un exercice salutaire qui invite à l'indiscipline intellectuelle. Pour le plus grand bien de la lucidité.