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22/03/2021

Eloge de l'exercice complotiste (7/7): La plus belle ruse du diable

 

7. La plus belle ruse du diable

 

Il y a quelques jours, YouTube a clôturé unilatéralement la chaîne de France Soir qui comptait 270 000 abonnés. Auparavant, depuis l’irruption du covid, nombre de scientifiques ou de lanceurs d’alerte en désaccord avec les thèses et mesures sanitaires retenues par le Gouvernement ont déjà vu, sur cette plateforme ou sur d’autres, leurs publications censurées. Serait-ce que YouTube, Facebook et Twitter ont une équipe de savants d’un niveau tel qu’elle soit à même de se mêler d’un débat scientifique ? Je ne parlerai même pas des gardiens autoproclamés de la vérité qui répandent impunément des mensonges sur les uns ou les autres du moment qu'ils critiquent la gestion de la prétendue crise sanitaire, comme cette minuscule officine que je préfère ne pas citer qui dénigre bassement Alessandra Henrion-Caude. Or Mme Henrion-Caude est une généticienne qui a au moins d’aussi bonnes garanties de compétence que le vedettariat médical des plateaux de télévision. Mais il y a pire en matière de désinformation. Comment a-t-on pu porter aussi loin le mensonge que l'étude, bidonnée à grands frais, que The Lancet a publiée, à laquelle fut donné le plus d’écho possible et sur laquelle l'OMS et notre Gouvernement s'appuieront pour interdire le traitement précoce du Covid à l'hydroxychloroquine ? Cette même étude qui sera dénoncée non par les médias de masse, qui semblent ne plus avoir de journalistes d'investigation, mais par des lanceurs d'alerte - de France Soir par exemple - et que The Lancet, piteusement, retirera quelques jours plus tard ?  


Depuis que le coronavirus squatte les plateaux de télévision, force est de constater que la censure et les fatwas pseudo-scientifiques sont devenues banales. Je rappelle, par exemple, que pour un différend scientifique Didier Raoult a été menacé de mort par un de ses "confrères" de Nantes. Par comparaison, le procès de Galilée sera bientôt du pipi d’opérette. Or, le fait même que la pratique du mensonge, des insultes et de la censure soit devenue banale devrait induire tout citoyen quelque peu éveillé, s’il ne l’a déjà fait, à remettre en question sa représentation du monde. Nous ne sommes plus dans le monde que nous croyions. Il faut le dire et le redire: que le droit d’expression et a fortiori le débat scientifique soient entravés constitue un changement radical de société dont les conséquences potentielles sont considérables. Bien sûr, tout le monde n’est pas censuré et on a de ce fait un paysage en trompe-l’oeil. Il faut atteindre un certain nombre de followers, donc une notoriété menaçante, pour se retrouver sous surveillance. J’imagine que les censeurs adoptent la règle des 20/80: s’en prendre aux 20% des divergents qui font 80% de l'audience. Les 80% à faible audience qu’on laisse à peu près tranquilles - comme moi - servent ainsi à entretenir l’illusion du maintien de la liberté d’expression.


La science n’avance pas grâce aux conformistes. Elle avance grâce à une remise en question permanente, c’est-à-dire grâce aux voix discordantes qui, à leurs risques et périls, s’en prennent aux dogmes et à leur clergé. Les citoyens, quant à eux, que l'on juge suffisamment intelligents pour avoir encore le droit de vote, se forgent leurs idées dans la confrontation et l’échange. Il leur appartient de décider de la société dans laquelle ils veulent vivre et notamment des risques qu’ils sont prêts à prendre et de ceux qu’ils préfèrent écarter. Selon la métaphore de Platon, en démocratie le peuple est l'armateur du navire et décide de sa destination, le capitaine est responsable de la route à prendre pour y parvenir. Les citoyens peuvent se tromper ? Etre libre, c’est avoir ce droit et, oserai-je ajouter, il vaut mieux être victime de ses propres erreurs que de celles des autres. Sans une libre-circulation des opinions dans leur diversité, les mensonges ont un boulevard devant eux, et il n’y a pas de démocratie possible.

 

Quels sont les critères, les compétences et les ressorts des dirigeants des « réseaux sociaux » et de certains groupuscules fanatiques pour décider de ce que nous avons le droit de savoir ? Les plateformes qui censurent invoquent les « règles de la communauté ». C'est une terminologie mensongère. Elles ne constituent en rien une communauté. Elles ne sont pas des organismes coopératifs dont les usagers seraient en même temps les membres. Sinon, ceux-ci devraient être consultés et débattre entre eux avant que l’on décide que telle opinion ou telle autre doit être censurée. En vérité, ces plateformes ne sont rien d'autre que des terrains privés sur lesquels on nous concède la possibilité de planter notre tente en échange de tout ce que l’on pourra apprendre sur nous. Alors, quels sont les critères d’éviction ? Comme dans tous les romans policiers, il faut chercher à qui le crime profite. 

 

En ce qui concerne ce qui a trait au covid, j’observe d’abord une forme de complicité avec les marchands de vaccin, car les règles de la prétendue « communauté » vont systématiquement à l’encontre des propositions de traitement précoce et menacent toute critique de la vaccination - en l’occurrence, avec celui de Pfizer notamment, d'une thérapie génique qui ne dit pas son nom. Je n’exclue pas une connivence politique car les genres peuvent être mêlés, mais quel peut être l’intérêt de YouTube ou de Facebook à complaire au gouvernement français ? J’y reviendrai, mais, pour le moment restons sur le terrain d’une forme de solidarité entre des géants de l’économie mondialisée. Quelle peut être la nature de cette complicité ? Plusieurs hypothèses sont envisageables. Je vous laisse soupeser dans quelles proportions elles peuvent justifier une telle pratique de la censure. 

 

La première qui vient à l’esprit est celle des liens d’intérêt. Mais en quoi les GAFAM auraient-ils besoin de l’argent ou des influences de BigPharma ? Une autre hypothèse serait celle d’une solidarité de classe: entre membres de la ploutocratie mondiale, on ne se refuse pas quelques services, un jour ou l’autre un retour d’ascenseur peut être le bienvenu. Personnellement, ces deux premières hypothèses - qui peuvent se combiner - n’emportent pas vraiment mon adhésion. Elles ne me semblent pas se suffire à elles-mêmes. Pourquoi les GAFAM soutiendraient-ils une politique médicale davantage qu’une autre ? Parce que le modèle économique qui consiste à évacuer les vieux produits sans rendement financier au profit de nouveaux produits à grosse marge relève d’une même école de gestion devenue une école de pensée, une idéologie ?

 

Et la dimension politique ? Le soutien apporté aux gouvernements est-il seulement justifié par les mesures sanitaires qu’ils promeuvent, ou cela va-t-il plus loin ? A-t-on l’explication de la clôture du compte de France Soir sur YouTube après l’interview d’un humoriste ? 270 000 abonnés floués en appuyant sur un bouton ! Invoquera-t-on, s’agissant de Bigard, la protection des populations contre des propos scientifiques dangereux ? Ou bien s’agit-il de protéger des politiciens ? Mais pourquoi, à moins qu'il s'agisse d'hommes-liges que les grandes compagnies ont infiltrés au sein de la puissance publique ?

 

Il reste une hypothèse - et si vous en avez d’autres à partager, elles seront les bienvenues - c’est celle non plus d'une complicité mais d’une solidarité fondée sur une idéologie commune, sur la représentation partagée d’une « Terre promise » à atteindre et de la « gouvernance » (que j’ai évoquée précédemment) à mettre en place pour y parvenir.


Peut-être avez-vous du monde une représentation plus simple que la mienne. J’avoue que, pour moi, les évènements que nous avons sous les yeux depuis un an n’ont pas un sens évident et que les discours officiels ne parviennent pas à emporter ma conviction. Trop de contradictions, trop de flou, trop de mensonges aussi effrontés qu'avérés au fil des mois. Expliquer ce qui se passe au moyen de nos catégories habituelles laisse mon besoin de comprendre sur sa faim. Mais, bien sûr, si j’essaye de partager mes doutes et de trouver une interprétation plus cohérente et qui embrasse en même temps toutes les pièces du puzzle, on me jettera l’anathème du complotisme. Ce dont, autant vous le dire, je me tamponne le coquillart sur toutes les longueurs d’onde. On peut craindre les balles, je le comprends, mais se laisser arrêter par des invectives est battre trop facilement en retraite. 


Ceux que l’on accuse bêtement de complotisme peuvent produire des scénarios biaisés, excessifs. Dans un monde comme le nôtre, ils ont au moins le mérite de nous rappeler que la réalité est une construction de notre esprit et de proposer plusieurs façons d’interpréter les ombres qui défilent sur les parois de notre caverne. Ils nous invitent à renoncer à la passivité de l’esprit et à user des différents processus de notre intelligence pour construire et non recevoir notre représentation de la réalité. Je ne nie pas qu’il y ait des individus voire des groupes qui soient la proie d’un délire d’interprétation. Mais, comme l’a dit Clément Rosset: « il n’y a pas de délire d’interprétation puisque toute interprétation est un délire ». Entendez par là que, dès lors que l’on extrapole de ce que l’on voit, dès lors qu’à partir de cela on commence à élaborer un récit, on se retrouve, si rationnelles qu’elles puissent paraître, dans les constructions de notre imagination, dont chacun d'entre nous place les bornes en fonction de ce qu'il estime très subjectivement vraisemblable. Je rappelle que, pour une majorité de gens, il fallut attendre le retour des survivants pour que soit reconnue l’existence des camps de la mort dans toute leur horreur. Jusque là, celui qui affirmait cette existence passait au moins pour déraisonnable. Le plus difficile à penser pour la plupart des êtres humains est la capacité de malfaisance de certains de leurs congénères. Pour autant, face à l'opacité de certaines situations, vouloir savoir et vouloir comprendre, quels que soient les risques d'errement, est un besoin légitime de l’humain.

 

Nous ne sommes pas des enfants qu’il faut protéger de la pornographie. Penser par soi-même est essentiel. Avoir accès à l’information n’est pas négociable. Dans la mesure où elle n’appelle pas à la violence et respecte l’autre, je soutiens farouchement la liberté d’expression. La censure ne sert qu’à protéger le mensonge et les menteurs. Pourquoi ? Parce qu’avoir le pouvoir de l’exercer n’est pas corrélé avec la garantie de la sincérité. J’entends être maître de ce que je lis et des interprétations que je peux en tirer. J’entends rester libre de commettre des erreurs, et je préfère trébucher sur mon propre chemin que passer à toute allure dans un train que je n’ai pas choisi. 

 

La plus belle ruse du diable est de faire croire qu’il n’existe pas. 

 

20/12/2020

Les gardiens de la raison (2) De l’apprivoisement à la corruption

 

 

 

Je persiste à croire que la plupart des êtres humains sont honnêtes et ne souhaitent que le rester. C’est pourquoi les représentations simplistes de la corruption ne sont pas pertinentes si l’on veut comprendre le processus. Le travail du lobbyiste n’est pas de corrompre, il est de tisser un réseau aux mailles solides, capable au fil de l’eau d’influencer l’opinion publique, d’orienter des décisions administratives et, dans certains cas, de se mobiliser vigoureusement sur un gros enjeu ou lorsqu’une fenêtre de tir s’entrouvre. Le volume de l’argent que les firmes dépensent dans le lobbying montre qu’il s’agit d’un investissement dont, comme de tout investissement, un retour conséquent est attendu (1). En fonction du métier de l’entreprise qui l’emploie, des obstacles qu’elle doit réduire ou neutraliser et des soutiens qu’il lui faut réunir, le lobbyiste détermine des cibles. Les critères les plus courants sont la position sociale, la crédibilité professionnelle, la présence dans des réseaux, le pouvoir détenu, etc. Ensuite s’amorce le processus d’apprivoisement de l’individu repéré. Il s’agit d’abord de susciter chez lui la sympathie, le désir d’être plus proche. Ensuite, comme Bernays l’a fait pour les foules, on pourra sonder ses besoins - psychologiques ou matériels - et évaluer son potentiel de « coopération ». Avant d’en arriver au nerf de la guerre - et c’est d’ailleurs tout aussi bien si l’on peut l’économiser le plus longtemps possible - on passera par des choses innocentes qui, plutôt qu’exploiter ses défauts, flatteront ses qualités - par exemple son goût pour apprendre ou sa curiosité scientifique. Ces choses pourront aussi répondre aux frustrations nobles qu’il est susceptible de ressentir dans son quotidien, comme l’envie de se sentir utile au delà des quinze mètres carrés de son bureau, de soutenir des cercles ou des associations qui n’ont pas d’objet lucratif. L’étape suivante s’adressera à l’égo qui, chez presque tout le monde, a toujours quelque part quelque faille à combler. Il s’agira, par exemple en donnant l’accès à des milieux relativement élitaires, de procurer d’éventuelles revanches d’amour-propre, de conforter l’aspiration à être quelqu’un de plus important, de donner les moyens d’accroître rayonnement et influence. Une sorte d’addiction se développe alors : comment, une fois que l’on en a pris l’habitude, renoncer à des relations qui enrichissent à ce point un quotidien insatisfaisant ?

 

 

 

L’argent finira par apparaître, mais comme un accompagnement naturel, banal, du processus relationnel. « Vous êtes un expert, vous pourriez peut-être nous rendre quelques services, donner une conférence, animer un groupe de travail, siéger au conseil d’une de nos filiales pour qu’elle profite de vos compétences… On vous défraiera naturellement. » On vous défraiera et, en ce qui concerne la logistique, les transports, l’hébergement et la restauration, vous serez traité comme un nabab. Lors des cocktails, vous aurez le privilège d’aborder les vedettes de votre domaine et, au retour, vous pourrez cultiver une image d’initié. Vous échangerez des cartes de visite, vous ferez du réseau - ce qui ira dans le sens de ce que l’on attend de vous. Si vous faites partie des meilleures recrues, on s’arrangera pour que vous soyez interviewé dans les médias, invité sur les plateaux de télévision et vous deviendrez la coqueluche des journalistes en mal de casting. Vous vivrez enfin la vie dont vous rêviez: pas celle d’un parasite qui se vend, telle que le vulgum pecus pourrait se représenter la situation, mais celle d’un homme ou d’une femme reconnu pour sa valeur, pour sa contribution à l’avancée de la science et au bien-être de l’humanité. Rien moins qu’acheté, vous avez été apprivoisé, et votre vertu a été ménagée puisque vous avez le sentiment d’être au service de quelque chose de noble et de plus grand que vous-même. Le jour où il s’agira d’influencer, de conseiller, de prescrire voire de décider, vous irez naturellement dans le sens souhaité par vos « amis » et vous saurez mobiliser votre réseau sans qu’ils aient à vous le demander. Vos qualités, votre expertise, d’ailleurs, sont réelles, sinon vous n’auriez pas été approché. Il n’y a pas tromperie sur votre valeur. En tout cas au début. Car, à force d’être en représentation, vous vous éloignerez du terrain et de ce qu’il peut enseigner, et ne vous nourrirez plus que de l’idéologie que vos amis vous distillent. 

 

 

 

Venons-en tout de même au nerf de la guerre. Que représentent en France les « liens d’intérêts », c’est-à-dire ces défraiements que l’on vous a versés ou les avantages en nature dont vous avez bénéficié au paragraphe précédent ? Créé en 2014, l’organisme public Transparence Santé (2) tient les comptes pour son secteur. Je vous laisse juger si les sommes sont ou non impressionnantes. Depuis 2014, soit sur six ans, les entreprises pharmaceutiques ont dépensé en France 6,7 milliards d’euros. Sur cette somme, les « sociétés savantes » ont touché 2,4 milliards d’euros, les professionnels de santé 1,6, milliard, les établissements de santé 1,1, les associations 710 millions et la presse et les médias 417 millions d’euros. A tout le moins, on peut se dire que la gratitude est sans doute la qualité de coeur que les lobbyistes détournent pour, d’une personne honnête, faire une personne corrompue. Evidemment, Transparence Santé ne connaît que les chiffres qui ont été officialisés. Il se pourrait qu’il y en ait d’autres ou qu’il y ait des services plus ou moins menus qui aient été traités avec discrétion. Ne sont pas non plus comptabilisés les émoluments et les frais professionnels des salariés et des conseils externes affectés au lobbying auprès des réseaux que nous avons esquissés. Selon le Corporate Europe Observatory (3), les dix groupes pharmaceutiques qui pratiquent le lobbying le plus intense auprès de l’Union Européenne y consacrent ensemble plus de 15 millions d’euros par an. En 2019, ils ont organisé rien de moins que 112 réunions avec des membres haut placés de la Commission. C’est dire que le secteur en question, s’il n’attendait pas un retour proportionné, n’investirait pas autant. 

 

Troisième et dernière partie à venir: Les récits de la désinformation. 

 

(1) J’y reviens plus bas. 

 

(2) https://solidarites-sante.gouv.fr/ministere/base-transpar... 

 

(3) https://www.lepoint.fr/editos-du-point/anne-jeanblanc/le-...