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04/02/2009

Al Capone


Un expert de la question:

"Le capitalisme est le racket légitime organisé par la classe dominante".

Cité par Hervé Kempf dans Pour sauver la planète, sortez du capitalisme (Le Seuil, 2009).

02/02/2009

Naissance de "Transitions"

Transitions_vignette.jpgMon ami Manfred Mack et moi venons de nous lancer dans une folle aventure: la création et la diffusion d'une nouvelle publication. Le premier numéro vient d'en être livré par l'imprimeur. Le nouveau-né s'appelle Transitions et, comme tous les parents, nous en sommes très fiers!

Transitions exprime, en premier lieu, une conviction : celle que notre monde est à une période cruciale de sa vie. Nous sommes sur cette frange de l’histoire où le désordre commence à sourdre de l’ordre que l’on croyait bien établi. Le réflexe peut être celui du déni et de la crispation. Nous pensons au contraire que ce désordre naissant rouvre des espaces qui peuvent libérer le cours de notre histoire. Nous y voyons – et nous aimerions y voir avec vous - une opportunité pour devenir – tous - des co-créateurs d’un monde meilleur et plus beau.

Transitions veut aussi démontrer par l'exemple cette autre de nos convictions - bien ancrée grâce aux travaux de Basarab Nicolescu - que, pour comprendre ce qui est en train de se produire, il nous faut sortir du cloisonnement des disciplines. Comprendre – com-prendre - c’est «prendre avec». C’est prendre plusieurs choses à la fois afin d’en élucider les relations. C’est prendre à plusieurs, parce que de différents esprits seulement peut émerger une représentation point trop appauvrie de ce qui nous interpelle. La physique quantique ne nous enseigne-t-elle pas que la matière peut se présenter comme onde ou comme particule selon l’outil que nous utilisons pour l’observer ?

Ceci nous amène à un point, pour nous, essentiel : penser ne nous place pas hors du monde. Tout au contraire, penser est s’engager. Dans son effort de maîtrise, le monde qui s’achève nous a en partie coupés de notre puissance de rupture et de création. Transitions se veut un lieu d’inspiration, une invitation à réintégrer l'audace dans nos façons de penser et d’agir. C’est pourquoi Transitions sera aussi très rapidement, pour ceux qui le souhaiteront, une occasion de se rencontrer.

Car Transitions résulte, pour ce qui nous concerne, d'un désir: celui de partager. L’aventure de la vie, un goût prononcé pour l’exploration et les rencontres improbables favorisé par les lieux d’observation et les réseaux que nos activités professionnelles nous procurent, tout cela a fait de nous des guetteurs éclectiques de ce qui émerge dans les interstices de ce qu’on appelle « la réalité ». Le produit de cette veille et nos envies d'expérimentations est ce nous avons envie de partager.

Ce premier numéro a pour thème "La conversation". Nous avons essayé d'aborder ce sujet depuis les conversations les plus intimes, celles qui naîssent au sein de nous-mêmes de nos conflits et de nos richesses intérieures, et jusqu'au registre collectif, où elles permettent de cristalliser une aventure commune. Nous avons invité à s'exprimer aussi bien la psychanalyse que la psychologie, les sciences cognitives que la biologie culturelle du Matritztic Institute, l'ethnologie que la pédagogie, la spiritualité, le développement.

Cela donne au sommaire - outre la prose des rédacteurs de la revue - des entretiens avec:

- Stanley Krippner, "Le dialogue intérieur",
- Djohar Si Ahmed, "La conversation, domaine de l'être",
- Christine Hardy, "Constellations de sens",
- Humberto Maturana et Ximena Davila, "Les mondes que nous créons naissent en réseaux de conversations",
- Alastair McIntosh, "La parole et la recherche de l'unité",
- Jean-Godefroy Bidima, "La palabre, éthique du lien social",
- Nick Wilding, "Conversations pour un monde nouveau",
- Béatrice Barras, "Conversations de chantier au Viel Audon",
- André Conraets, "Conversations pour apprendre",
- Lonny Gold, "L'attention".

Transitions est disponible auprès des auteurs. Si vous êtes intéressés, merci de m'écrire à: thygr@wanadoo.fr

01/02/2009

La politique du figuier

Le philosophe Alain avait relevé dans l’Evangile un passage apparemment incohérent. Jésus a faim. Il va pour cueillir des figues, mais l’arbre n’en porte pas. Or, est-il alors précisé dans l’une des versions du récit, « ce n’était pas la saison des figues ». Le Juste, malgré cette raison des plus légitimes, flétrit l’innocent prunier.

Alain y voyait la condamnation de cet abri que procurent à l’irresponsabilité, à l’injustice et à la veulerie les lois, les règlements, les jugements et autres procédures. « Ah ! vous crevez de faim ? Désolé, je ne suis pas payé pour cela, ce n'est pas la saison, allez voir ailleurs ou repassez plus tard ! » Lors de l’hiver 53, où s’est levé celui qu’on appellerait l’Abbé Pierre, des êtres humains mouraient de froid faute de logements, mais s’il y avait eu quelqu’un à condamner c’eût été justement celui qui avait l’indécence d’agoniser sur le pavé. Ces temps-là, d’ailleurs, sont peut-être en train de revenir.

Je pensais à cela après avoir lu la menace d’anéantissement qui pèse sur la ferme de Sainte-Marthe, à Millançay en Sologne, pionnière dans le domaine du bio depuis une trentaine d’années, et aujourd’hui saisie et mise en vente par un géant de l’agro-industrie. Bien sûr, ce n’est pas parce qu’on fait du bio qu’on échappe aux obligations communes et qu’on ne doit pas payer ses dettes ou remplir ses engagements. Mais c’est justement là qu’on retrouve peut-être, au casting de cette sinistre affaire, cet innocent figuier qui ne donne pas de fruit en dehors de la saison et qui bénéficie d'un non-lieu permanent.

Si j’ai bien compris l’affaire, la Ferme de Sainte-Marthe avait initialement passé des accords, dans le cadre d’un programme européen, avec un partenaire qui, au terme d'une succession d’absorptions dignes de l’ultra-capitalisme américain, a finalement laissé la ferme sans interlocuteur, empêchant l’accomplissement du programme. Du coup, les subventions versées doivent être remboursée et, pour ce faire, le dernier avatar du partenaire initial, qui s'appelle aujourd'hui Ligea-Agralys, fait porter le chapeau à la ferme Sainte-Marthe et en ordonne la mise en vente. Les tribunaux lui emboitent le pas. Rassurez-vous, tout est légal. Les magistrats ont régulièrement étudié le dossier et statué en fonction des contrats et du droit et ne voyez dans ce commentaire aucune ironie.

Mais, bref, les figuiers ont donné ce qu’ils pouvaient donner en fonction de la saison.

Ce ne sont pas les figuiers - les règlements et les contrôles, les uns et les autres pourtant drastiques - qui nous ont épargné la gigantesque évaporation monétaire de ces derniers mois. C’est, pour la plupart, en toute légalité que quelques personnages déjà bourrés de fric jusqu’à la gueule, ont rempli leurs chaloupes avant de quitter le navire, tandis que, du fait de leurs manœuvres, l’économie réelle est au bord de l’effondrement et que la pauvreté s’étend dans les pays qu’on dit encore développés (jetez un coup d’œil au sommaire de Courrier International si vous en doutez).

Pour l’heure, le propriétaire de la Ferme Sainte-Marthe, Philippe Desbrosses - docteur en environnement, co-créateur du logo AB, expert auprès du Ministère de l’Agriculture, de la CEE et du Parlement européen – invite ses amis à un piquenique de soutien le 2 février à midi, à la ferme. Le chant du cygne - d'un cygne assassiné ? Espérons que non.

Mais vous êtes libres d’être un figuier. La loi ne s’y oppose pas.

http://www.fermedesaintemarthe.com/

PS : la France manque de culture bio. Pour faire face à la demande, nous sommes contraints d’importer, ce qui contribue à la production de CO2…