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12/02/2008

3èmes rencontres de la motivation

Invitation transmise par Armen Tarpinian et Transversales Science & Culture
Jeudi 14 février 2008 à 19 H, ASIEM 6, rue Albert de Lapparent, 75015 PARIS (Métro : Ségur)
L’école doit repenser la réussite...
Quel sens l’école donne-t­elle à « la réussite » ? Les valeurs et les comporte­ments qu’elle induit ne vont-ils pas à contresens de ses aspira­tions démocratiques ? L’égalité des chances ne masque-t-elle pas l’essentiel : l’obligation d’assurer la réus­site de tous ?
http://grit-transversales.org/article.php3?id_article=255

07/02/2008

La motivation essentielle

Hier soir, Porte Maillot, sous le parrainage de l'association Ashoka*, dix "entrepreneurs sociaux" présentaient leurs activités et leurs projets. C'est merveille de voir la créativité humaine. Je veux parler de cette capacité imaginative et créatrice stimulée par le coeur et aussi, j'en suis sûr, par ce que j'appellerais une esthétique de la vie. Pour ces hommes et ces femmes, qu'il s'agisse du désarroi des enfants hospitalités, de villages sans eau, de populations privées des matériaux de constructions les plus rudimentaires, de marins perdus ou de handicaps de toute sorte, il est impossible de ne pas agir pour corriger ce qui doit l'être. Ils sont comme ces cellules qui s'activent sur les blessures afin que le tissu vivant se régénère et que le corps retrouve l'intégrité qu'il n'aurait pas dû perdre. Il en résulte des réalisations qui manifestent une telle conscience de l'autre, une telle ingéniosité, tout en conférant à leurs auteurs un tel accomplissement personnel, que la vie paraît soudain simple et lumineuse. Encore une fois, ce qui me frappe, c'est combien l'oeuvre fait l'ouvrier.

Contraste monumental avec l'univers qu'un gros dérapage de trader étale sous nos yeux depuis une dizaine de jours. D'évidence, ce qui différencie le plus les êtres humains les uns des autres, c'est la représentation que chacun d'entre eux se fait de la réussite. Et ce qui constitue la différence fondamentale entre les organisations et les sociétés, ce ne sont pas les objets ou les services qu'elles produisent, c'est le type d'êtres humains qu'elles engendrent. Le psychologue Paul Diel (que j'ai découvert grâce à Ivan Maltcheff et à Armen Tarpinian) affirmait que lorsqu'un humain se trouve dans le droit fil de sa motivation essentielle, ses actions sont en phase avec le bien commun. Or, chacun d'entre nous vient dans ce monde avec une blessure intime qu'il peut être tenté de guérir par la jouissance matérielle, charnelle ou narcissique. Ne sont-ce point justement ces faux remèdes que notre "civilisation" s'acharne à nous faire cultiver ? Ainsi, notre économie démentielle ne détruirait pas seulement la biosphère, elle minerait aussi notre âme. Logique, me diront certains...

Heureusement, les pionniers d'Ashoka - et bien d'autres - nous rappellent qu'un autre rapport à soi, aux autres et au monde est possible.

* http://www.ashoka.fr/

04/02/2008

Eloge de la conversation

Le thème de la « conversation » est en train d’émerger, comme on dit, et je ne serais pas surpris qu’il soit bientôt repris en France par des consultants à la mode. Théodore Zeldin, il y a déjà quelques années, a écrit un joli petit livre, et profond, sur le sujet. Plus récemment, Margaret Wheatley, consultante américaine renommée, a publié Turning to one another qui est une invitation à «remettre en conversation» les choses qui nous importent. Ces derniers mois est paru, sous la signature de Juanita Brown et David Isaacs, Shaping our futures through conversations that matter. Et voilà que mon ami Manfred Mack me signale qu’Humberto Maturana, biologiste, cybernéticien et philosophe, décrit les organisations comme des «réseaux de conversations». Un courant, manifestement, se dessine, que confirme sur le blog de Christian Mayeur, toujours à la pointe de la sensibilité contemporaine, un joli texte:

Au XXIème siècle, l'investissement le plus rentable et le moins polluant, c'est la conversation. Conversation pour apprendre, conversation pour s'amuser, conversation pour s'aimer, conversation pour résoudre des problèmes, conversation pour inventer des solutions aux défis inédits, conversations pour hybrider les imaginaires, conversations à l'échelle de la planète, conversations pour envelopper notre monde de signes et produire moins d'objets et de trajets inutiles. Un univers de relation créative qui sera l'empreinte culturelle de la société de l'immmatériel. Une économie légère, créatrice de richesse, écologique au sens premier.*

Je trouve pleine de pertinence la représentation que nous propose Maturana. Qu’il s’agisse du dialogue de Socrate avec Phèdre qui permet à ce dernier de progresser vers la vérité ; d’une confidence devant la machine à café qui viendra grossir le ruisseau d’une rumeur ; d’une information glissée entre deux portes ou d’une prise de parole plus formelle – tous ces registres, au surplus, s’enchevêtrant à chaque seconde - la parole est le continuum de l’humain. A tout moment, l’entrecroisement invisible des discours et des silences ouvre et ferme le cheminement des pensées et des actions. Ce «réseau de conversations», pour reprendre l’image de Maturana, est comme l’activité cérébrale du corps social. Ce n’est pas pour rien que les régimes qui se sentent menacés interdisent les réunions et censurent aujourd’hui l’Internet : ce n’est pas le fait que les gens se retrouvent qui les inquiète, c’est le fait qu’ils se parlent et que, par la parole et l’écoute, se tissent entre des humains de nouvelles façons de voir le monde et la vie. Dans sa banalité, la conversation est le foyer des révolutions. Comme le dit Peter Senge, « le changement commence dans les salles à manger ».

Cela dit, si converser c’est d’une certaine manière bavarder, bavarder pour autant n’est pas toujours converser. Dans nos sociétés, il y a aujourd’hui, pour les pouvoirs, des façons plus subtiles qu’une descente de police de s’assurer l’innocuité des «discussions de salle à manger». En fournissant, par exemple, le sujet des conversations. Pendant qu’on parle d’une chose, serait-ce pour la brocarder, les autres ne risquent pas de prendre vigueur dans les esprits. Décidément, la vigilance est à l’ordre du jour.

* http://www.entrepart.com/blog/index.php