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03/02/2010

Scène de métro

Hier soir vers vingt heures. Dans le métro, corps emmitouflés, visages pâles et fatigués. Le poids de la journée, du manque de lumière, du froid, de l'anonymat. Ma voisine, une jolie jeune femme blonde, s'est assise en abrégeant sur son portable une conversation apparemment un peu tendue. La rame démarre, chacun retombe en soi.

Sa guitare sous le bras, l'homme est monté à la station Place d'Italie. En pinçant doucement les cordes, il se met à chanter paisiblement en anglais un petit air au rythme brésilien. Je laisse mon livre pour lever les yeux vers lui. Il a un visage large, presque rond. Et, surtout, un merveilleux sourire, un de ces sourires solaires qui sont l'apanage de nos amis africains. Le regarder fait du bien, quand même on serait sourd et quand bien même je ne comprends rien aux paroles de sa chanson. Celle-ci achevée, il ouvre posément une petite bourse de cuir et passe parmi nous, ce même sourire offert à tous sans condition. Lorsqu'il revient, ma voisine lui tend un paquet de cigarettes. "Tenez, dit-elle, ce n'est pas de l'argent, c'est un cadeau." Toujours souriant, l'homme lève un sourcil interrogateur. "Prenez-le, il y a bien un moment où il faut se décider à arrêter."

Petite étincelle d'humanité, petite échange de chaleur, où des inconnus se regardent, se disent trois paroles, et on se sent bien... Faire société, ce serait aussi simple ?

 

02/02/2010

Penser, c'est résister (1)

 

Si vous avez vu le film Les Choristes, vous vous souvenez sûrement de la devise de Rachin, le principal d'une pension pour gamins "à problèmes": « Action - réaction ! ». On a là un parfait exemple de ce que j'appelle la pensée mécanique - qui est tout sauf une pensée. On ne se pose pas de question. On ne réfléchit pas. C'est parfois efficace - surtout si l'on veut laisser l'enfer s'installer sur terre. Le film de Christophe Barratier montre les conséquences du "système Rachin" sur les élèves et les enseignants de ce pensionnat si bien nommé « Le fond de l'étang ». Nous nous sommes tous surpris à détester l'ignoble directeur avec délectation. Mais la pensée mécanique menace en fait de l'intérieur chacun d'entre nous, et moi le premier. Nous avons tous en nous un Rachin prêt à prendre les commandes. Souvent, vous le remarquerez, au nom de l'efficacité, de la vertu et du temps qui nous manque.

 

La pensée mécanique se trahit lorsqu'une cause nous semble « entendue » au point qu'il n'est point besoin de réfléchir. Comme la culpabilité du gamin dans le film de Sidney Lumet que j'évoquais récemment. Comme les réponses que nous pourrions donner à la volée à une enquête dans la rue. Comme les ordres reçus d'un chef et exécutés sans états d'âme. Comme les lois qu'on colle automatiquement derrière chaque problème rencontré, sans aucun souci des effets systémiques et sans jamais évaluer leurs réels effets. Comme les coups de gueule de Picrochole qui ne sont plus spectaculaires à force d'avoir voulu l'être.

Au vrai, nous avons tous besoin d'inviter chez nous un Davies - le personnage de Douze hommes en colère qui amène le jury à examiner réellement le cas du prévenu. Il pourra donner la réplique au petit Rachin que nous hébergeons. Il nous dira de nous méfier chaque fois que nous croyons pouvoir faire l'économie de la réflexion, et encore plus quand on voudra nous persuader de l'inutilité d'exercer notre pensée.

 Vous allez me dire qu'on n'a pas envie de se prendre la tête à tout propos et je vous comprends. Il y a d'ailleurs à cela des causes physiologiques. Notre cerveau est un gros consommateur d'énergie - 30 % de l'oxygène du corps pour n'évoquer que cela. En conséquence il privilégie les économies et, pour ce faire, il adopte des routines : ce qui lui a réussi sera systématiquement reconduit, pas besoin de refaire le monde! Si c'est, par exemple, l'audace qui a profité, il en remettra. Si c'est l'égoïsme ou la duplicité, il en usera jusqu'à l'abus. C'est ainsi qu'Achille persiste dans le bravado et Ulysse dans la ruse. Si cela a marché, cela marchera toujours ! Et nous resterons aveugles aux signaux de la réalité qui pourraient nous dire que, cette fois-ci, il se passe quelque chose de différent et que la vieille recette n'a plus prise.

La démocratie et la sagesse méritent bien qu'on consomme un peu plus d'oxygène.

Penser, c'est d'abord résister à soi-même.

(1) Hanna Arendt.

01/02/2010

En vrac et sans commentaires

Chômage mondial: record à 6,6% en 2009, 212 millions de sans-emploi:

http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5jKIs4S...

 

Selon un rapport du Programme des Nations-Unies pour le Développement (PNUD):

Les 3 personnes les plus riches du monde sont aussi riches que les 48 pays les plus pauvres.

Les 225 personnes les plus riches disposent d'une fortune équivalente au revenu annuel cumulé des 47% d'individus les plus pauvres de la planète, soit plus de 3 milliards de personnes.

Selon le même organe des Nations-Unies, il suffirait de moins de 4% de la richesse cumulée de ces 225 plus grosses fortunes mondiales (évaluées à plus de 1000 milliards de dollars) pour donner à toute la population du globe l'accès aux besoins de base et aux services élémentaires: santé, éducation, alimentation.

Rapport ONU - PNUD 1998 - disponible chez Economica, 49, rue Héricart, 75015 Paris.

 

Un autre rapport, de la Fondation Abbé Pierre et qui concerne notre pays:

"En 2010, la France compte 3,5 millions de personnes non ou mal logées, auxquelles s'ajoutent plus de 6,6 millions de personnes en situation de réelle fragilité de logement à court ou moyen terme. Alarmants, ces chiffres mettent en évidence l'ampleur de la crise du logement et les difficultés qu'elle génère pour des ménages toujours plus nombreux."

http://www.fondation-abbe-pierre.fr/

 

Les bonus distribués à Wall Street pour 2009: 140 milliards de dollars

http://finance.blog.lemonde.fr/2009/10/15/140000000000-le...et/